Après quelques dures années marquées par les fours et le plagiat, l’humoriste star achève sa déroute par un naufrage dans un bénitier. Consternant.
L’adage veut que tout ce qui arrive aux États-Unis débarque chez nous dix ans après, et le tour semble venu pour l’autofiction d’humoriste, qui, entre Blanche Gardin (La Meilleure version de moi-même), Florence Foresti (Désordres), et désormais Gad Elmaleh, se fait un nid douillet dans l’offre comique hexagonale. Loin, pourtant, des recettes consacrées de Larry David ou Louis C.K., dont ces stars un peu trop confites dans leur statut de légendes nationales (exceptée Gardin) ont, pour la plupart, omis l’ingrédient essentiel : la haine de soi, qui n’étouffe manifestement pas un Gad Elmaleh.
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L’humoriste ne manquerait pourtant pas de raisons de s’écorner, vu la série d’humiliations dont il ressort ces dernières années : une tentative loupée de carrière américaine, déjà auto-brocardée dans une série Netflix elle-même loupée (Huge in France), de graves accusations de plagiat qui l’ont ostracisé d’une partie de la profession, un énième “SNL français” annulé après une seule émission, un divorce médiatique…
Questionnements spirituels
Or, tout ce dont il veut nous parler, c’est de ses atermoiements spirituels, qui produiront difficilement un autre effet sur les spectateur·rices que celui d’un caprice narcissique : j’ai toujours senti que la Vierge Marie veillait sur moi, comment le faire accepter à ma famille juive ? Sans jamais parvenir à nous transmettre la nécessité impérieuse de cette crise de foi, ou d’appartenance, ou d’ego, Gad se lance sur le chemin d’une conversion, et y déroule un infernal défilé de culs bénis plus ou moins modernes (ambiance rock chrétien ou curé influenceur), de célébrités (Roschdy Zem, Delphine Horvilleur) et de membres de sa famille dans leur propre rôle. Comme des petits personnages secondaires (des santons ?) qui lui résistent gentiment mais n’existent in fine que pour l’écouter, et donner corps à son interminable hésitation, qu’on rêverait souvent d’écourter (vas-y, ou n’y vas pas, on s’en fout mais accouche !).
Reste un peu de Gad Elmaleh, sortie le 16 novembre.
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