Plusieurs films ont reporté leur date de sortie après les attentats qui ont ébranlé la France, vendredi 13 novembre. On fait le point.
Dès samedi, on apprenait que Made in France, le nouveau film de Nicolas Boukhrief, reportait sa sortie en salles, initialement prévue pour aujourd’hui, à une date encore indéterminée. Le film, qui raconte l’infiltration d’un journaliste dans une cellule jihadiste de la banlieue parisienne, présente un certain nombre de similitudes avec les événements tragiques survenus vendredi dernier. Sa sortie en salles, à seulement quelques jours des attentats, a logiquement été jugée inappropriée. Dans un entretien accordé au Monde, James Velaise, président de la société de distribution Pretty Pictures, a déclaré que la décision avait été prise en interne, et en aucun cas suite aux pressions d’exploitants. « L’idée est de faire profil bas, explique t-il. Les salles n’ont fait aucune pression pour retirer le film. C’est une décision que j’ai prise avec les producteurs pour éviter toute provocation »
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« Plus fort que les bombes » rebaptisé « Back Home »
L’affiche de Made in France a par ailleurs été retirée des nombreux emplacements où elle avait été affichée dans la capitale. Sinistrement prémonitoire, elle représentait une kalachnikov substituant le pilier gauche de la tour Eiffel. Aucune information n’a pour le moment été communiquée concernant une nouvelle date de sortie. L’exploitation du film en salles dans un avenir proche semble largement compromise.
Plus fort que les bombes, le nouveau film du cinéaste norvégien Joachim Trier (à qui l’on doit Oslo, 31 août) a pour sa part été rebaptisé Back Home, de peur que la référence aux « bombes » dans le titre original soit mal perçue. Sa date de sortie a toutefois été maintenue au 9 décembre. Ce n’est pas le cas pour Jane got a gun, le western de Gavin O’Connor emmené par Natalie Portman, qui a vu sa date de sortie (initialement prévu pour le 25 novembre) repoussée à janvier 2016. Si le film n’a a priori aucun rapport avec les attentats du 13 novembre, Stéphane Célérier, président de Mars Distribution, a déclaré au magazine Première que le contexte actuel n’était « simplement pas favorable à sa sortie. » :
« Là, c’est impossible d’exister médiatiquement, de faire connaître le film, car tous les médias sont focalisés – et évidemment à juste titre – sur ce qui s’est passé à Paris. Ça voudrait dire le mettre sur le marché avec une existence médiatique quasiment réduite à néant. »
Le cinéma contre l’obscurantisme
A l’inverse, des films traitant du terrorisme ou du jihadisme ont quant à eux maintenus leur date de sortie. C’est notamment le cas de Taj Mahal de Nicolas Saada, qui retrace l’histoire vraie d’une Française de 18 ans prise dans l’attaque de l’hôtel Taj Mahal pendant les attentats à Bombay en novembre 2008. Le film sortira bien le 2 décembre. Dans un communiqué, Bac Film, qui distribue le long-métrage, a évoqué les raisons de ce maintien :
« Nous pensons que face à l’obscurantisme, à la terreur, à l’indicible, le cinéma est là pour ouvrir au dialogue. Il nous permet dans ces moments difficiles de regarder le monde tel qu’il est. Et nous sommes certains que reculer aujourd’hui, c’est capituler demain ».
Même son de cloche chez Thomas Bidegain, le scénariste attitré de Jacques Audiard qui s’apprête à sortir Les Cowboys, drame familial dans lequel un père de famille part à la recherche de sa fille partie au bras d’un jihadiste. Invité ce matin sur France Inter, Thomas Bidegain a confirmé que le film sortirait bien le 25 novembre prochain. « On ne peut pas laisser Daesh décider du calendrier des sorties cinéma en France » a t-il déclaré au micro de Boomerang, l’émission culturelle d’Augustin Trapenard.
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