Un ciné british plein de promesses, les films automnaux de Cannes, la jeune garde française, “Star Wars” et “James Bond”, des frissons, une pluie de stars et des reprises…
Energy in the UK
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Après avoir poussé la franchise dans ses derniers retranchements dark et mélo, Sam Mendes revient aux commandes de la série James Bond pour un nouveau volet sobrement baptisé 007 Spectre (11/11). Le célèbre espion de sa majesté, toujours campé par Daniel Craig, y fera face à une “sinistre organisation secrète” menée par un Christoph Waltz sans doute en surchauffe, autour duquel graviteront Monica Bellucci et Léa Seydoux en James Bond girls. Les premières images dévoilées, assez classes, annoncent un 007 explosif, spectaculaire, tout en noirceur chromée et sensualité brute. Comme d’habitude, donc.
Par ailleurs : nouveau patron du cinéma britannique depuis le succès de ses Sherlock Holmes 2.0, Guy Ritchie se frottera lui aussi au film d’espionnage avec Agents très spéciaux – Code U.N.C.L.E (16/9), que l’on suivra surtout pour son casting hautement sexy (Henry Cavill, Armie Hammer…). On guettera aussi le dédoublement de Tom Hardy dans Legend (30/12), un polar où il incarne des jumeaux mafieux, et la relecture de Frankenstein avec Daniel Radcliffe (Docteur Frankenstein, 25/11), deux films au look de blockbuster pop et anobilisé aux effets numériques qui confirment l’emprise du style Guy Ritchie sur le cinéma UK. RB
Fais-moi peur
La perspective de voir M. Night Shyamalan revenir après une longue série de flops commerciaux et un microbudget produit par Jason Blum (le prince de la série B, façon Sinister), avait de quoi inquiéter. La surprise est d’autant plus réjouissante : dans l’écrin épuré du found-footage, le cinéaste retrouve son style et signe un conte schizo sous haute influence spielbergienne, un film d’horreur où la monstruosité revêt plusieurs visages. The Visit (7/10), effrayant, retors et parfois très drôle, est un Shyamalan revitalisé.
Par ailleurs, la rentrée pourrait voir le retour d’un autre cinéaste marquant du genre horrifique : l’Espagnol Alejandro Amenábar qui, près de quinze ans après Les Autres, fera grimper le flippomètre avec Régression (28/10), une histoire de secte satanique starring Emma Watson. Guillermo Del Toro lui aussi refait un détour par le genre avec le conte gothique Crimson Peak (14/10), tandis qu’Eli Roth, ancienne promesse de l’horreur (Hostel, 2005), poursuivra son déclin avec son nouveau film, le médiocre home invasion movie, Knock Knock (23/9). RB
Poussières de Cannes
La mort était au centre d’un paquet de films présentés cet été à Cannes… Le sujet n’est certes pas fun, mais le regard posé dessus est ce qui compte le plus. Dans le radical Le Fils de Saul (4/11), László Nemes, qui signe là son premier film, colle aux basques d’un membre de Sonderkommando à Auschwitz, au cœur de l’usine de mort nazie. Très impressionnant, ce film, focalisé sur le comment mais évacuant le pourquoi et reléguant l’essentiel de l’horreur à la bande-son, ne manquera pas de relancer le débat sur les possibilités de la représentation.
Vision de la mort plus métaphysique chez Kiyoshi Kurosawa avec Vers l’autre rive (30/9), où un couple évolue dans les limbes, alors qu’Hirokazu Kore-eda aborde plutôt le deuil et la vie sans l’être manquant avec le gracieux mais un peu lège Notre petite sœur (28/10). C’est aussi la béance laissée par une épouse et mère que sonde Joachim Trier dans son troisième film au titre smithsien Plus fort que les bombes (9/12), en dessinant l’écheveau d’effets que ce décès provoque.
Aucun point commun entre le déplaisant Chronic (21/10) de Michel Franco, qui ausculte la fin de vie au niveau des pots de chambre, et le tragi-comique Mia madre (2/12), où Nanni Moretti observe avec pudeur et humour l’agonie d’une mère et les perturbations qu’elle suscite sur le tournage de sa fille cinéaste. Enfin, personne ne meurt dans Mon roi (21/10) de Maïwenn, si ce n’est une histoire d’amour teintée de SM et une certaine idée un peu élevée du cinéma. SK
Retour vers le turfu
Voyages supraluminiques, mutations animales et dérives totalitaires… La rentrée ciné se conjuguera aux futurs. Futur proche pour Seul sur Mars (21/10), le nouveau Ridley Scott, qui propulsera Matt Damon sur la Planète Rouge. Après Interstellar, l’acteur renfile sa combinaison d’astronaute dans un survival extra-planétaire qui s’annonce crispant. Futur dystopique pour Hunger Games – La révolte : partie 2 (18/11), ultime opus de la saga de SF adaptée des romans de Suzanne Collins qui promet un affrontement décisif entre le gouvernement de Panem et le mouvement révolutionnaire mené par Jennifer Lawrence.
Futur antérieur, enfin, avec l’incontournable Star Wars : épisode VII – Le réveil de la Force (18/12), qui nous embarquera dans une galaxie lointaine, très lointaine. On en sait plus sur le grand méchant, dont le sabre laser aperçu dans la bande-annonce avait fait jaser la toile. Campé par Adam Driver, qui troque pour l’occasion sa casquette d’acteur indé contre celle de grand vilain dans la franchise la plus célèbre du monde, Kylo Ren est un initié aux arts obscurs de la Force, pourchassant les ennemis du Premier Ordre, sorte de reliquat de l’Empire galactique démantelé à l’issue de la première trilogie…
Mais le futur n’est pas l’apanage des blockbusters hollywoodiens. Trois films plus intimistes sonderont chacun l’avenir à leur manière. Portrait vibrant de la Chine d’aujourd’hui et de demain, Mountain May Depart (23/12) propose dans son troisième mouvement une échappée en 2025, Jia Zhang-ke s’intéressant plus au futur comme un motif du temps qui passe que comme la mesure de changements sociétaux. Avec The Lobster (28/10), prix du jury à Cannes, Yorgos Lanthimos nous plonge dans un futur indéterminé où les célibataires récalcitrants sont transformés en animaux avant d’être relâchés dans la nature. Colin Farrell échappe à son destin bestial et rejoint un groupe d’opposants. Si la première partie nous avait séduits, la seconde s’enlise dans une parabole politique un peu poussive.
Le futur se décline finalement dans la production française archi-indé. Gaz de France (30/12), de Benoît Forgeard, parachute le chanteur populaire Philippe Katerine à la présidence de la République dans une comédie d’anticipation ambiance rétrofuturiste, aussi savoureuse que déconcertante. LM
Cool de vous revoir
L’automne promet de belles randonnées cinéphiles. La Cinémathèque française a ouvert le feu le 2 septembre avec le cinéma pétaradant de Sam Peckinpah (lire p. 14). Et pour ne pas quitter si vite les gunfights et les mares de sang, elle enchaîne sur une rétrospective et une expo Martin Scorsese du 14 octobre au 14 février (le nouveau film de Marty, Silence, avec Liam Neeson, Andrew Garfield et Adam Driver, racontant les persécutions de jésuites portugais au Japon, ne sortira que courant 2016). Dans un registre moins trépidant, une œuvre néanmoins marquée par les armes à feu (en tout cas hantée par la guerre, ses massacres, ses corps mutilés), celle de Yervant Gianikian et Angela Ricci Lucchi, deux spéléologues de la mémoire du XXe siecle, dont le retravail poétique d’images d’archives fait l’objet d’une rétrospective au Centre Pompidou à partir du 25 septembre. Au Jeu de paume, dès le 3 novembre, ce sont les films-fleuves du cinéaste philippin Lav Diaz qu’on pourra découvrir, tandis que sort aussi en salle Norte, the End of History (4/11).
Enfin, l’événement le plus enthousiasmant de l’automne : l’édition pour la première fois en DVD (Carlotta), assortie d’une reprise en salle du total chef-d’œuvre de Jacques Rivette, Out 1, noli me tangere (18/11). Douze heures de jeu de l’oie psychédélique dans un Paris hanté à la fois par la détumescence post-68 et le souvenir des sociétés secrètes balzaciennes, le tout traversé par quelques-uns des plus gracieux acteurs français : Jean-Pierre Léaud, Juliet Bertho, Bulle Ogier, Bernadette Lafont, Michael Lonsdale, Françoise Fabian… JML
So funny
Comme à l’accoutumée, la rentrée est peu propice à la moisson de comédies, genre plutôt printanier et estival. Décimée par des déprogrammations en série (dont le magnifique Welcome Back de Cameron Crowe, qu’il faudra voir autrement…), la comédie US nous enverra tout de même son navire amiral : Crazy Amy (18/11) du commandant Apatow. Avec cette comédie new-yorkaise et féminine (une double première), le cinéaste signe un film euphorisant, et son plus grand succès aux Etats-Unis depuis En cloque, mode d’emploi. Espérons que, pour une fois, la France suivra. Vétérane de la rom com à maman, Nancy Meyers présentera son Nouveau stagiaire (7/10), Robert De Niro, tandis que le brillant Jared Hess (Napoleon Dynamite) alignera l’énorme casting de ses Cerveaux (25/11) : Owen Wilson, Zach Galifianakis, Kristen Wiig, Jason Sudeikis. Enfin, le très sundancien Dope (4/11), teen-movie vu et apprécié à Cannes, montrera le bout de son nez poudré. De ce côté-ci de l’Atlantique, c’est l’amiral Jean-Paul Rappeneau qui mènera la danse avec ses très attendues Belles familles (14/10) (avec notamment Mathieu Amalric), tandis que Julie Delpy offrira peut-être enfin, espérons-le, un beau rôle à Dany Boon dans Lolo (28/10) aux côtés de Vincent Lacoste et Karin Viard. JG
Le jeune cinéma français déclare la guerre
Au centre des préoccupations de plusieurs jeunes cinéastes français ? La guerre ! Maryland (30/9), le deuxième long d’Alice Winocour (auteur d’Augustine il y a trois ans), raconte l’histoire d’un garde du corps (Matthias Schoenaerts) victime de troubles posttraumatiques… Dans Ni le ciel, ni la terre de Clément Cogitore (30/9), un capitaine (Jérémie Renier) et sa section sont envoyés en mission à la frontière du Pakistan. Chez Laurent Larivière, dans Je suis un soldat (18/11) (avec Louise Bourgoin et Jean-Hugues Anglade), présenté à Un certain regard cette année, la guerre est intérieure chez Sandrine, contrainte par sa famille à diriger un réseau de trafic de chiens. Même déchirement chez Tahar Rahim dans Les Anarchistes (11/11) d’Elie Wajeman (Semaine de la critique), où un flic infiltré des années 1900 va finir par se laisser tenter par les idées de ses “amis” anarchistes.
Dans Fever de Raphaël Neal (7/10), une jeune femme assiste à un crime mais se laisse fasciner par lui au lieu de le dénoncer… Les manipulations, la politique et le doute seront aussi au cœur du Grand Jeu de Nicolas Pariser (16/12), avec Melvil Poupaud en écrivain rattrapé par un passé qu’il fuyait. Dans le coctalien La Fille et le Fleuve (11/11) d’Aurélia Georges (auteur du très bel Homme qui marche), la guerre est absente. Ce sont pourtant les enfers que nous allons visiter pour tenter de faire revenir l’amant mort de la belle Sabrina Seyvecou.
Sujets plus classiques du cinéma français : l’amitié et la famille. L’amitié avec le premier long de Louis Garrel, Les Deux Amis (23/9) avec lui-même, Vincent Macaigne et Golshifteh Farahani – film typically garrelo-honorien. La Vie en grand (16/9) de Mathieu Vadepied, présenté à la Semaine de la critique, nous contera l’histoire d’Adama, un adolescent de banlieue qui va inverser le cours de sa vie avec Mamadou. Et puis l’étrange, le singulier Filles du Moyen Age (2/12), dans lequel Hubert Viel (déjà auteur d’Artémis, cœur d’artichaut) nous livre un docu-fiction burlesque interprété par des enfants sur le développement du féminisme dans le christianisme du Moyen Age… JBM
Système de stars
Dans la nébuleuse, quelques étoiles devraient scintiller. Joaquin Phoenix campera L’Homme irrationnel (14/10) de Woody Allen, prof de philo dépressif tiré de sa torpeur par une liaison inopinée avec la belle Emma Stone. Après Happiness Therapy, Jennifer Lawrence et Bradley Cooper se retrouveront dans Joy (30/12), de David O. Russell – improbable biopic de Joy Mangano, l’inventrice du balai-serpillière Miracle Mop (pourquoi pas ?). Bradley Cooper incarnera par ailleurs un chef tyranique dans Adam Jones (4/11), dramedy culinaire de John Wells. Double affiche également pour Natalie Portman qui, en plus d’être la veuve vengeresse de Jane Got a Gun (25/11), western crépusculaire de Gavin O’Connor, apparaîtra dans le montage elliptique de Knight of Cups (25/11). Le film de Terrence Malick s’octroie un casting cinq étoiles puisqu’on y verra aussi Christian Bale, Cate Blanchett et Antonio Banderas. LM
Dans la catégorie acteurs méconnaissables, Johnny Depp, dents jaunies et crâne dégarni, sera à l’affiche de Strictly Criminal (25/11), biopic du gangster James J. Bulger signé Scott Cooper. Chris Hemsworth délaisse temporairement son marteau de Thor pour partir à la chasse au cachalot dans Au cœur de l’océan (9/12), film d’aventures maritimes de Ron Howard. Toujours du côté océanique, Angelina Jolie et Brad Pitt formeront un couple dans le creux de la vague dans Vue sur mer (9/12), nouvelle réalisation de l’actrice, deux ans après Invincible. La réalisatrice Sophie Barthes s’attaque elle au mythe avec Madame Bovary (4/11), porté par Mia Wasikowska, la Alice au pays des merveilles de Tim Burton. Du chef-d’œuvre de Flaubert, on se souvient de l’adaptation de Chabrol, emmenée par la merveilleuse Isabelle Huppert. Outre sa partition dans Plus fort que les bombes, l’actrice sera également à l’affiche d’Asphalte (7/10), le nouveau film de Samuel Benchetrit.
Et puisque l’Hexagone est après tout presque une étoile, on pourrait citer dans ce recensement les stars Jean Dujardin, Elsa Zylberstein et Christophe Lambert inopinément réunis dans Un + une (9/12) de Claude Lelouch. On pourrait, mais le fera-t-on ? LM
{"type":"Banniere-Basse"}