Le cinéma fait sa rentrée après un été agité par les blockbusters (« Lucy », « Les Gardiens de la galaxie »), rythmé par les festivals et célébré lors de projections en plein air. Une rentrée dense, éclectique et passionnante résumée en quinze films.
Sils Maria d’Olivier Assayas (sortie le 20 août) avec Juliette Binoche, Kristen Stewart et Chloë Moretz
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Une actrice célèbre (Juliette Binoche) en pleine tourmente alors qu’elle répète une pièce dans laquelle elle a débuté et triomphé vingt ans auparavant : elle jouait alors la jeune héroïne ambitieuse et au charme trouble, maintenant elle incarne l’aînée. La comédienne à l’épreuve du temps. Olivier Assayas nous plonge dans un système de miroir, une double mise en abyme. Juliette Binoche a d’ailleurs débuté il y a vingt-cinq ans dans Rendez-Vous, écrit par Assayas et réalisé par Téchiné. Il signe une œuvre bouleversante, entre classicisme et modernité, poids de la tradition et légèreté insouciante du présent, incarnée ici par le jeune et talentueux duo Kristen Stewart-Chloë Moretz.
Les Combattants de Thomas Cailley (sortie le 20 août) avec Adèle Haenel et Kevin Azaïs
Le film débute par une rencontre : Madeleine (Adèle Haenel), jeune fille un peu garçonne et solitaire, croise la route d’Arnaud (Kevin Azaïs), garçon timide, mal dans ses pompes. Dans son premier long, qui fait suite à son court métrage Paris-Shanghai, Thomas Cailley prend à contrepied les vieilles notions de genre et les stéréotypes. Dans son inversion des genres sexuels, le réalisateur français mène en fait un combat pour malmener les conventions sociales et cinématographiques. Adèle Haenel en tomboy sensuel s’affirme comme l’actrice française de sa génération, Kevin Azaïs, inconnu au bataillon, est quant à lui une jolie découverte.
Party Girl de Marie Amachoukeli, Claire Burger, Samuel Theis (sortie le 27 août) avec Angélique Litzenburger, Samuel Theis et Joseph Bour
Notamment Caméra d’Or à Cannes, le film français Party Girl arrive en salles alors qu’il est déjà multi-récompensé dans les festivals estivaux. Le long-métrage, réalisé de manière collégiale par trois anciens élèves de la Fémis (Marie Amachoukeli, Claire Burger, Samuel Theis), raconte l’histoire d’Angélique, soixante ans, entraîneuse dans un cabaret. Elle aime la fête, les hommes. Un jour Michel, un habitué, lui propose de l’épouser. Fait original : l’actrice Angélique Litzenburger, héroïne du film, joue sa propre vie devant la caméra, accompagnée de ses trois (vrais) enfants. Bouleversant.
Métamorphoses de Christophe Honoré (sortie le 3 septembre) avec Amira Akili, Sébastien Hirel et Mélodie Richard
Le thème de la transformation est à la mode cette année. Christophe Honoré est allé le chercher à sa source même, à savoir Ovide. Dans ses Métamorphoses, le réalisateur raconte l’histoire d’une adolescente se laissant enlever devant son lycée par un homme lui racontant des histoires de jeunes gens métamorphosés en animaux. Un cadre contemporain pour un récit qui mêle antique et fantastique. Côté casting, le réalisateur des Chansons d’amour a fait appel à de jeunes comédiens issus du théâtre.
Sin City : j’ai tué pour elle de Frank Miller et Robert Rodriguez (sortie le 17 septembre) avec Bruce Willis, Mickey Rourke et Eva Green
Le polar le plus attendu de la rentrée. Le nouveau bébé du duo Frank Miller-Robert Rodriguez compte surfer sur le succès artistique et commercial du premier volet. Presque 10 ans après, on retrouvera donc le style si particulier du comics Sin City : du rouge, du noir, du blanc, de la violence et de l’amour. Le casting dantesque de l’original voit l’arrivée excitante d’Eva Green et Joseph Gordon-Levitt, plus que prometteurs dans les bande-annonces.
Trois Coeurs de Benoît Jacquot (sortie le 17 septembre) avec Benoît Poelvoorde, Charlotte Gainsbourg et Chiara Mastroianni
Après Les Adieux à la reine, Benoît Jacquot s’amuse du hasard des rencontres dans sa nouvelle réalisation, avec un casting aux petits oignons. Benoît Poelvoorde rencontre par hasard Charlotte Gainsbourg dans une ville de province. Ils se donnent alors rendez-vous à Paris. Poelvoorde le manque et tombe sir Chiara Mastroianni, qui s’avère être la sœur de Charlotte. Trois cœurs sera notamment en sélection officielle de la Mostra de Venise cette année.
http://www.youtube.com/watch?v=kpw6_s0I0cM
Saint Laurent de Bertrand Bonello (sortie le 24 septembre) avec Gaspard Ulliel, Jérémie Renier et Léa Seydoux
Le coup de cœur des Inrocks à Cannes. Bonello livre un film très conceptuel sur le couturier Yves Saint Laurent. L’exploration du mythe, de ses amours éperdues et conflictuelles (Pierre Bergé, Jacques de Bascher), sa dépression chronique, son rapport à la réalité. Bonello signe un modèle de biopic, en en respectant les codes très stricts, tout en se permettant de bousculer la chronologie biographique. Une liberté qui lui permet de sublimer l’imaginaire de l’artiste. Gaspard Ulliel incarne à merveille le jeune Yves Saint Laurent. Helmut Berger est quant à lui saisissant quand il prend la relève du personnage à la fin.
Still the Water de Naomi Kawase (sortie le 1er octobre) avec Nijirô Murakami, Jun Yoshinaga et Miyuki Matsuda
Présenté également à Cannes, le nouveau long métrage de Naomi Kawase (Suzaku, Shara) met en scène deux ados, amoureux l’un de l’autre, au bord de la mer. La jeune fille va bientôt perdre sa mère, une chamane. Un film sur l’adieu : les traditions qui l’entourent, les derniers petits gestes avant le grand départ, la vie qui continue. Et enfin le passage entre générations. Still The Water régale par ses moments de grâce et de délicatesse. On en tire une leçon : vivre dans l’instant présent.
http://www.youtube.com/watch?v=MPIQ80wMkdM
Gone Girl de David Fincher (sortie le 8 octobre) avec Ben Affleck, Rosamund Pike et Tyler Perry
David Fincher (Seven, The Social Network) est de retour avec l’adaptation attendue du best-seller Les Apparences de Gillian Flynn. Après la disparition de sa femme, Nick est mis sous pression par la police et les médias qui le soupçonnent d’en être responsable. L’image du couple modèle s’effrite sérieusement. Un film sombre, chimérique, porté par un Ben Affleck métamorphosé (en attendant son incarnation de Batman), tout comme Neil Patrick Harris (Barney dans How I Met Your Mother) qui apparaît ici glauque et effrayant.
http://www.youtube.com/watch?v=esGn-xKFZdU
White Bird de Gregg Araki (sortie le 15 octobre) avec Shailene Woodley, Eva Green et Shiloh Fernandez
La tendance de cette rentrée est aussi à la contestation adolescente. Dans le nouveau thriller franco-américain de Gregg Araki (Kaboom, Mysterious Skin), celle-ci est incarnée par Shailene Woodley, nouvelle star du box office depuis sa révélation dans la dystopie Divergente. L’histoire : Kat Connors a 17 ans lorsque sa mère (Eva Green) disparaît sans laisser de trace. Elle découvre au même moment sa sexualité : l’ado, très érotisée ici, devient alors femme.
http://www.youtube.com/watch?v=u1xhjbHxw-Q
Bande de filles de Céline Sciamma (sortie le 22 octobre) avec Karidja Touré, Assa Sylla et Lindsay Karamoh
Un des moments fort de Cannes 2014, à la Quinzaine des réalisateurs. La jeune Céline Sciamma (Naissance des pieuvres, Tomboy) nous livre un vibrant portrait de jeunes filles de banlieue en lutte contre la loi des garçons. On y suit la métamorphose de Marieme, une jeune fille de 16 ans, qui passe du flou de l’enfance à la netteté d’une vie d’adulte naissante. Un récit fluide et une mise en scène stylisée pour un film superbe.
http://www.youtube.com/watch?v=wgXYsdoAP5M
Interstellar de Christopher Nolan (sortie le 5 novembre) avec Matthew McConaughey, Anne Hathaway et Jessica Chastain
Nolan, maître du suspense (Inception, The Dark Knight), revient avec le très attendu et mystérieux Interstellar. La planète geek frissonne d’avance en visionnant les quelques vidéos distillées par le réalisateur américain. Il faut avouer que le film est prometteur, avec en rôle principal Matthew McConaughey. Dans Interstellar, il prend part à une conquête spatiale. Un blockbuster résolument moderne.
Love is Strange d’Ira Sachs (sortie le 5 novembre) avec Alfred Molina, John Lithgow et Marisa Tomei
Le nouveau Ira Sachs (Keep the Lights on) se penche sur l’histoire de Ben et Georges, deux vieux amoureux qui viennent de se marier (John Lithgow et Alfred Molina). Après le licenciement de Georges, le couple est contraint de vivre séparément. Une New York story bouleversante. Le film est déjà acclamé aux États-Unis, où les critiques sont unanimes.
Eden de Mia Hansen-Løve (sortie le 19 novembre) avec Félix de Givry, Hugo Conzelmann et Roman Kolinka
La réalisatrice française Mia Hansen-Løve poursuit son exploration de la jeunesse (Tout est pardonné, Un amour de Jeunesse) avec son quatrième long métrage, sous un angle plus historique. Elle retrace sur une vingtaine d’années le parcours sentimental d’un jeune DJ des années 90, avec en toile de fond l’émergence de la French Touch. Le film est inspiré par la vie du frère de la réalisatrice, le DJ Sven Hansen-Løve. La musique y tient donc un rôle très particulier: on y entendra celle des Daft Punk, de Cassius ou encore de Frankie Knuckles.
Dumb & Dumber De de Bobby et Peter Farrelly (sortie le 17 décembre) avec Jim Carrey, Jeff Daniels et Kathleen Turner
Les frères Farrelly, anciens rois de la comédie américaine (Mary à tout prix, Fous d’Irène), reviennent avec la suite attendue de Dumb & Dumber (1995). On retrouvera donc le duo crétin formé à l’époque par Jim Carrey et Jeff Daniel (intellectualisé depuis dans la série journalistique Newsroom), alias Lloyd et Harry. Le tandem se reforme autour d’une histoire mystérieuse d’enfant caché. Le film donnera une réponse importante pour la comédie américaine : l’humour Farrelly est il encore d’actu ?
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