Trente ans jour pour jour après sa mort, Jean Renoir (1894-1979) demeure le plus grand cinéaste français ayant jamais existé. Pourquoi ? Réponse en 3 bonnes raisons et 6 films.
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1) Parce qu’il était changeant : il se décrivait lui-même comme inconstant, comme un « bouchon sur l’eau ». Ses plus beaux films ne disent pas grand-chose, ne signifient rien, ne vendent rien, sont des portraits réalistes et contemplatifs de la vie telle qu’elle va. Quel est son style ? Si l’on peut trouver quelques thèmes récurrents dans son cinéma (l’opposition joyeuse et désespérée entre l’appolinien et le dyonisiaque, la vie comme un théâtre de marionnettes, la sensualité), en dégager un style strict et unique est extrêmement difficile. Quels points communs entre Nana (photo ci-dessous) Toni, La Bête humaine, Le Carrosse d’or ou Le Caporal épinglé ? Pas évident. Il pouvait se contredire d’un film à l’autre. « Le problème, dans la vie, c’est que chacun à ses raisons », disait le personnage qu’il interprétait dans La Règle du jeu. Une phrase que l’on rappelle souvent quand on parle de Renoir. Mais même cela, le pensait-il vraiment ?
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2) Parce qu’il était de partout et d’ailleurs : il faillit tourner une version de La Norma à Rome sous Mussolini, mais l’éclatement de la Seconde guerre mondiale fit capoter le projet. Pour fuir le nazisme, il partit s’installer à Hollywood, devient américain, y tourna plusieurs films (L’Homme du sud, La Femme sur la plage…), sans grand succès. Le nabab Zanuck déclare un jour que Jean Renoir a beaucoup de talent mais « il n’est pas des nôtres »… Après guerre, il part en Inde tourner son plus beau film, et sans doute l’un des 5 plus beaux films de tous les temps : Le Fleuve. Il revient en France, y tourne ses derniers films. Il meurt en Californie et laisse une oeuvre considérable d’une quarantaine de films, dont on ne retient trop souvent que le titre le plus régulièrement cité dans les listes de plus beaux films du monde, pourtant pas son meilleur, La Grande Illusion (photo ci-dessous).
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3) Parce qu’il était le fils de son père et aimait la vie : Jean était le fils de Pierre-Auguste, le célèbre peintre impressionniste. Toute sa vie, il a fui ceux qui voyaient dans son cinéma des liens avec la peinture de son pater. Dans sa maison de Beverly Hills, à la fin de sa vie, Jean Renoir avait équipé son salon d’un projecteur et d’un écran amovibles pour pouvoir revoir ses propres films. Mais pour les installer, il devait écarter des tableaux de son père. Il reconnut lui-même qu’au final, il lui devait tout : l’amour des femmes et de la nature, de la lumière, de la sensualité, de la littérature (Marivaux, Zola, Maupassant…), l’amitié, Paris, le vin, les reflets sur l’eau et les herbes hautes. Chez Renoir, la culture la plus haute avoisine toujours le quotidien, le vulgaire, le Dasein.
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