Il va falloir patienter encore un peu avant de la voir interpréter l’une des plus grandes joueuses de foot à l’écran. À 24 ans, la jeune actrice, révélée par “Grave” de Julia Ducourneau a déjà marqué le cinéma français d’une empreinte inflammable.
C’est depuis les États-Unis que nous a répondu Garance Marillier, dans ce pays rêvé de cinéma où elle s’active actuellement à des projets laissant entrevoir sa nouvelle dimension internationale. Depuis son éclosion en 2016 en jeune étudiante cannibale dans Grave de Julia Ducournau, elle a fait son chemin. On l’a retrouvée aux côtés de Niels Schneider dans la série d’anticipation de Thomas Cailley, Ad Vitam (pour Arte).
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Puis elle campait de façon troublante et habitée Sidonie, une pensionnaire de la maison close de Madame Claude (sur Netflix). Enfin, elle retrouvait Julia Ducournau le temps de quelques scènes fortes de Titane. Elle est l’une des actrices les plus marquantes apparues dans la dernière décennie, et le visage d’une révolution du cinéma d’épouvante français. Nous avons fait le point sur ses projets imminents et ses désirs, au moment où sa carrière entame un tournant.
Six ans après ta révélation dans Grave, où en es-tu ?
Garance Marillier — Je me sens toujours en construction, j’ai 24 ans. J’ai toujours le même instinct qui me pousse à choisir des projets ; en même temps je me connais plus dans le travail, et j’aime de plus en plus sortir de ma zone de confort.
On te verra bientôt dans un biopic de la footballeuse Marinette Pichon, sport que tu pratiques toi-même depuis quelques années. On peut imaginer que ce rôle te tient à cœur. Comment le projet s’est-il monté, à quel moment y as-tu été impliquée ?
C’était un de mes rêves de jouer une grande sportive, de foot encore plus ! Virginie Verrier m’a contactée au tout début du processus de financement. J’ai eu du mal à croire que ça arrive jusqu’au premier jour de tournage. Je jouais déjà dans une équipe associative, le Gadji F.C., mais rien à voir avec le haut niveau. Je me suis entraînée pendant des mois avec deux coachs : la gestuelle de Marinette, la condition physique…
Que représente-t-elle pour toi ?
C’est une légende par son parcours personnel, mais aussi pour ses combats. Longtemps meilleure buteuse des Bleus, hommes et femmes confondus ; une des premières à faire son coming out, à se battre pour le statut professionnel des joueuses (qu’elles n’ont toujours pas). Elle est venue sur le tournage. C’est rare de faire un biopic sur quelqu’un d’encore vivant ; j’étais super-stressée, mais elle m’a tout de suite mise en confiance. On a beaucoup échangé, elle me faisait des entraînements personnels… C’est une personne exceptionnelle.
Quels sont tes grands chocs artistiques de l’année 2022 ?
J’écoute beaucoup 070 Shake, Fred Again, et Yoa en France. Je crois que mes films préférés de cette année ont été Licorice Pizza de Paul Thomas Anderson et Rodéo de Lola Quivoron.
Avec quel·les cinéastes rêverais-tu de tourner ?
Mon rêve ultime : David Lynch. Sinon, j’aimerais beaucoup travailler avec Lukas Dhont, Lola Quivoron, Alice Winocour, Mati Diop, Sean Baker, Valeria Bruni Tedeschi…
Quand tu étais petite, dans la peau de quelle héroïne de cinéma ou de série aurais-tu voulu te glisser ?
Mon rêve, c’était d’être princesse Mononoké, ou le personnage d’Aragorn dans Le Seigneur des Anneaux.
Et aujourd’hui, si tu fais ton chemin vers le cinéma américain, aimerais-tu travailler dans un genre populaire (super-héros, horrifique), ou un cinéma plus intimiste et non hollywoodien, ou les deux ?
Je suis fascinée par l’univers de la science-fiction aux États-Unis, je pense que ça doit être une expérience incroyable de jouer un super-héros par exemple. Il faut une certaine humilité pour pouvoir se mettre à un niveau d’imaginaire proche de l’enfance, sauter partout, s’imaginer des pouvoirs devant 200 personnes sur fond vert. Mais j’aime surtout le cinéma plus indépendant, je suis fan du travail de Sean Baker, Barry Jenkins, Andrea Arnold, Jeff Nichols, Greta Gerwig. J’ai envie d’explorer mon jeu en anglais et j’y travaille… malheureusement, c’est tout ce que je peux dire pour l’instant.
Qui sont les actrices et acteurs qui te font le plus rire aujourd’hui ? Aimerais-tu t’essayer à la comédie ?
C’est un genre vers lequel j’adorerais aller. C’est un exercice très difficile et en même temps jouissif. Valeria Bruni Tedeschi est un modèle pour moi : toujours sur le fil, beaucoup de recul sur elle-même, ce qui la rend extrêmement drôle.
Quel est le film dans lequel tu aimerais habiter ?
Chungking Express de Wong Kar-wai.
Quel est le film que tu as le plus revu de ta vie ?
Vertigo, sans hésiter. Je l’ai vu, je pense, une vingtaine de fois ; quand je l’ai découvert à 11 ans, ça a été une obsession. C’est le film qui m’a donné envie d’être actrice, j’étais fascinée par le fait que Kim Novak joue deux personnages. Depuis, je le regarde une fois par an.
Garance Marillier sera prochainement à l’affiche de Rue des dames d’Hamé Bourokba et Ekoué Labitey et de Marinette de Virginie Verrier (en juin 2023).
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