Rencontre avec le réalisateur et les actrices de Roubaix, une lumière.
De toutes les ruptures que marque Roubaix, une lumière dans l’œuvre d’Arnaud Desplechin, la plus importante est le changement de langage. Car en reconstituant en fiction un docu d’immersion policière datant de 2002 (Roubaix, commissariat central de Mosco Levi Boucault, qui suivait l’enquête sur le meurtre d’une vieille dame par un couple de jeunes voisines), selon un principe d’ultra-fidélité aux archives, l’auteur des Fantômes d’Ismaël a dû laisser de côté le verbe littéraire et proliférant qui était jusqu’ici la marque de tous ses films.
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Encore que… on hésite quand, d’une seule voix, le casting nous soutient que ce verbatim de garde à vue, aux mots directs et châtiés, « c’est encore du Desplechin ». Le Desplechin des lieux (sa ville natale), des temps (Noël, qu’il aime toujours autant mettre en toile de fond de ses films, « parce que ça enchante ») et de la spiritualité, d’un jeune flic ambitieux correspondant avec un prêtre à un sublime héros commissaire que l’auteur a pensé comme un « saint laïc » arpentant la ville pour panser ses plaies.
C’est Roschdy Zem qui donne à cette partition ovationnée par l’auditorium Louis-Lumière tout son calme et son velours. Les actrices feront plus tranchant : Seydoux, belle et dure comme aux premiers temps, limite Belle épine, et Sara Forestier, grossière, torturée (« je ne sais pas pourquoi mais les réalisateurs veulent toujours m’enlaidir »), forment un couple de laissées-pour-compte ambigu et insituable.
Le moins desplechien des films de Desplechin ? Le premier concerné l’explique par une disparition : « La psychanalyse. C’est un film d’interrogatoire, mais sur le comment, pas sur le pourquoi. »
Sélection officielle, date de sortie inconnue
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