Le documentaire d’Audrey Ginestet revient sur l’affaire Tarnac. La caméra suit Manon, accusée d’avoir participé à une entreprise terroriste, qui prépare sa défense à l’approche du procès.
Centré sur l’affaire Tarnac, le documentaire d’Audrey Ginestet vient se glisser à point nommé et éclairer admirablement une séquence politique entamée depuis plusieurs semaines avec le mouvement social contre le projet de réforme des retraites en France et qui trouve son acmé avec la répression guerrière de Sainte-Soline. Celle d’une logique d’État qui, pour légitimer un usage totalement disproportionné de la force, assimile tout·e opposant·e farouche au pouvoir étatique à des maillons guerriers d’ultra-gauche. C’est l’inépuisable rengaine des journaux télévisés, “Est-ce que vous condamnez les violences ?”, lancée à toute personne soutenant les mouvements sociaux actuels, comme pour mieux la piéger en le cueillant en plein aveu de terrorisme.
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L’affaire de Tarnac décrite dans Relaxe date quant à elle de 2008. Une dizaine de personnes sont arrêtées et accusées d’avoir participé à une entreprise terroriste pour des sabotages sur des lignes TGV. Parmi ce groupe, Manon se bat depuis dix ans pour prouver son innocence et qu’elle a été inculpée non pour des faits, mais pour des convictions et des revendications politiques. À l’aide de passionnantes scènes de faux procès, des répétitions qu’elle mène avec des amis pour se préparer à l’échéance qui arrive, le film montre à quel point la parole doit être conduite dans un véritable jeu d’équilibriste de la parole et dans laquelle toute mention d’un militantisme politique trop exacerbé pourrait fatalement incriminer l’accusée.
L’inestimable témoignage d’une victoire
La force du film est de raconter enfin à voix haute que toute cette histoire n’était qu’une fiction policière et que malgré toutes les forces étatiques employées pour écraser ses accusé·es, la justice leur donnera raison. Le film devient alors le précieux et inestimable témoignage d’une victoire. Une trace dont nous avons tant besoin en ces temps de répression d’une violence inouïe menée par un gouvernement emmuré dans sa surdité.
Relaxe d’Audrey Ginestet (1 h 32). En salle le 5 avril 2023.
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