Carrie, une adolescente tourmentée par ses compagnes de lycée et surtout par sa mère, une bigote fanatique, se découvre des dons de télékinésie. Depuis la sortie de Carrie en 1976, cette histoire a été moult fois recyclée, la puberté diabolique étant devenue un poncif du frisson du samedi soir. A l’opposé de Halloween, l’autre titre […]
Carrie, une adolescente tourmentée par ses compagnes de lycée et surtout par sa mère, une bigote fanatique, se découvre des dons de télékinésie. Depuis la sortie de Carrie en 1976, cette histoire a été moult fois recyclée, la puberté diabolique étant devenue un poncif du frisson du samedi soir. A l’opposé de Halloween, l’autre titre séminal du fantastique contemporain, Carrie ne joue pas la carte de l’épure. Entre l’opéra italien et le rock, Jerry Lewis (la description du campus évoque le chef-d’ uvre de Lewis, Docteur Jerry et Mister Love) et Mario Bava, Godard et Peckinpah, De Palma ne choisit pas, son travail d’alors se résumant à une quête de l’impureté. Synchrone avec une brève période de permissivité de la censure, De Palma s’engouffre donc dans l’explicite, l’obscène, le maladif. Carrie est un film dédié au sang, et chaque goutte du fluide vital se transforme en note d’une partition visuelle tour à tour stridente et onctueuse, à l’image de celle composée par Pino Donnagio, l’alter ego musicien du cinéaste. Du début à la fin de son film, De Palma transcende le matériau le plus trivial par la virtuosité de sa mise en scène et de sa direction d’acteurs (Spacek et Laurie sont géniales), dans un mélange de romantisme morbide, de puritanisme anglo-saxon et de provocations latines héritées des outrances du cinéma d’horreur italien. A l’orée du déclin parodique du genre, De Palma signait quelques beaux mélodrames fantastiques peuplés de monstres humains et de fantômes amoureux, des films traumatisants et émouvants qui conciliaient l’exhibitionnisme technique et un déferlement tout aussi impudique de larmes et de sang.
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