Satrapi sacrifie Curie à sa propre mégalomanie picturale pour nous en mettre plein les yeux, mais ne dit rien ni de la femme ni de la scientifique.
La présence du féminin dans un monde patriarchal est l’une des sources majeures du cinéma de Marjane Satrapi. Après quatre longs métrages, dont le plus grand succès reste à ce jour Persepolis, Radioactive se propose de revenir sur le destin hors norme de Marie Curie, savante légendaire dont les travaux avec son époux ont permis la découverte de la radioactivité.
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Marie Curie aurait mérité mieux
La cohérence du projet est néanmoins chahutée par une accumulation de bizarreries : la première étant de confier le rôle de Curie à l’actrice Rosamund Pike, ex-Gone Girl (Fincher) qui investit davantage le mythe que la personne, aux côtés du choix non moins curieux de Sam Riley, ex-Ian Curtis (Control d’Anton Corbijn), jouant l’ombre de Pierre.
Initié par la société de production britannique Working Title (reine de la rom com dans les nineties), le biopic peine à trouver un angle et tente de masquer cette lacune sous des tonnes d’effets visuels qu’on ne peut imputer au seul roman graphique ayant inspiré le projet (Radioactive: Marie & Pierre Curie – A Tale of Love and Fallout de Lauren Redniss).
Célébrée puis stigmatisée en raison de ses mœurs et enfin réhabilitée, Marie Curie aurait pourtant mérité mieux que ce gloubi boulga en proie à une mégalomanie plastique, qui ne prend jamais en considérantion son point de vue, ni son ressenti. Un film qui reste à faire.
Radioactive de Marjane Satrapi avec Rosamund Pike, Sam Riley (G.-B., Hon., 2019, 1 h 50)
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