La résistance en musique face au régime liberticide de Ceaușescu dont on retiendra ses éclats impressionnistes.
“Metronom”, c’est le nom d’un programme radiophonique qui diffusait de la musique et des transmissions interdites vers les États satellites de l’URSS et notamment en Roumanie sous le régime de Ceaușescu. Soutenue par la CIA, la station a été mise en place pendant la guerre froide dans le but de renverser l’idéologie communiste. Au cœur des années 1970, la jeune adolescente Ana se rend à une fête où les fêtard·es écoutent secrètement Jimi Hendrix ou encore les Blood, Sweat, and Tears sur la station Metronome. Alors qu’Ana passe ses derniers instants avec son petit ami Sorin (avant qu’il ne quitte le pays), ce dernier disparaît. Au même moment, la police secrète de l’État s’interroge sur ses intentions.
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Tourné en 35 mm pour un rendu très seventies, l’esthétique est renforcée par un appareillage formel particulièrement identifié dans le cinéma roumain. Avec des plans longs et une caméra portée extrêmement mobile qui se déplace au sein de séquences faisant souvent usage du temps réel, le réalisateur Alexandru Belc s’inscrit clairement dans le cadre de la Nouvelle Vague roumaine des années 2000.
Impressionnisme roumain
Comme chez Cristi Puiu, Cristian Mungiu ou Corneliu Porumboiu, le cadrage resserré sur les visages capture la révolte en train de naître à l’intérieur de ses personnages. Un héritage dont la mise en en scène peine quelque fois à s’affranchir. C’est pourtant dans la douceur du regard qu’il porte sur ces adolescent·es que le film parvient à tracer sa propre voie.
On retiendra notamment un lumineux moment de grâce, lorsque le film capture pendant près de dix minutes la trans musicale provoquée, lors de la soirée clandestine, par Light My Fire des Doors sur le corps de cette jeunesse. Une scène qui fixe autant les adolescent·es entrant en résistance face au régime, que celle de sa mise en scène qui soudain s’efface pour se mettre pleinement au service de l’extrême vitalité de ce qui se déroule. Une parenthèse impressionniste que le film aurait pu poursuivre tant il y avait là une saisissante matière de cinéma. Radio Metronom s’en écartera finalement pour investir une intrigue de trahison qui se conclut sur un cul-de-sac à l’austérité un peu trop convenue.
Radio metronom d’Alexandre Belc avec Mara Bugarin, Şerban Lazarovici, en salle le 4 janvier
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