Entre Mean Girls (Lolita malgré moi de Mark Waters, 2004) et To the Wonder (À la merveille de Terrence Malick, 2012), une actrice idéalement hollywoodienne est née : Rachel McAdams, révélée (au sens de l’épiphanie cinématographique) par son rôle dans Passion de Brian De Palma. Sans De Palma, la trentenaire canadienne – teenage chipie dans […]
Entre Mean Girls (Lolita malgré moi de Mark Waters, 2004) et To the Wonder (À la merveille de Terrence Malick, 2012), une actrice idéalement hollywoodienne est née : Rachel McAdams, révélée (au sens de l’épiphanie cinématographique) par son rôle dans Passion de Brian De Palma. Sans De Palma, la trentenaire canadienne – teenage chipie dans Mean Girls, fiancée wasp qui ne comprend rien à l’érotisme de la pluie dans Minuit à Paris de Woody Allen, cow-girl bigote dans le clip publicitaire pour la Bible de Malick – ne serait pas sortie du troupeau de ses congénères.
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Dans un plan du dernier Malick, Rachel McAdams, de dos, affronte une meute de bisons. Un détail pervers, en rien raccord avec le torrent de bondieuseries/minauderies où le film se noie, accroche soudain l’oeil du spectateur : sa blondeur est érotiquement tordue en un chignon hitchcockien (les volutes hypnotiques et sadiques du chignon de Kim Novak dans Vertigo). Pendant quelques secondes, le spectateur redevient une spectatrice idéalement manipulée par De Palma. Rachel McAdams est le noyau blond de Passion, film qui met à mort la fiction selon laquelle le cinéma serait fait par les hommes pour regarder/posséder les femmes.
http://www.youtube.com/watch?v=-szQo98CUas
Trois actrices (une brune, une blonde, une rousse) y jouent quatre femmes (la blonde ne meurt jamais : elle a une soeur jumelle). De Palma, qui sait depuis toujours combien la mise en scène féminise le réel, ne se donne même plus la peine de faire semblant de filmer les hommes (les rares individus – et non personnages – masculins du film ne capturent jamais le regard.) Dans Passion, où l’écran est aussi un miroir, le spectateur est à son tour changé en femme.Et c’est enfin un regard de femme qui jouit d’observer la métamorphose de la femme Rachel McAdams en pure surface érectile de jeu/de projection/ de sublimation, autrement dit en actrice.
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