Tout ce que l’argent permet R-Xmas débute comme un classique film de Noël, avec calèche rutilante, figurants en costumes d’époque et sapin fastueux. La petite famille est unie, le père filme la joie de sa fillette. La richesse déborde, l’argent coule à flots. D’où vient-il ? quel est son prix ? R-Xmas est bien un […]
Tout ce que l’argent permet R-Xmas débute comme un classique film de Noël, avec calèche rutilante, figurants en costumes d’époque et sapin fastueux. La petite famille est unie, le père filme la joie de sa fillette. La richesse déborde, l’argent coule à flots. D’où vient-il ? quel est son prix ? R-Xmas est bien un conte de Noël, mais d’un genre particulièrement retors. Ferrara enregistre d’abord une routine, professionnelle, familiale et affective, puis le surgissement d’un soubresaut, avant que cet incident ne soit avalé par la puissance d’inertie du système et que tout redevienne comme avant, dans un mouvement attendu de retour au calme, au quotidien le plus ordinaire.
Trop souvent réduit aux provocations du personnage qu’il s’est soigneusement composé avec le temps, Ferrara est d’abord un grand cinéaste de l’intimité, qui filme avec une rare délicatesse comment deux personnes occupent un espace commun, et comment ils sont toujours à la fois présents et absents l’un à l’autre, ensemble et seuls.
Cinéaste de la conjugalité, donc, qui multiplie ici les fondus-enchaînés et les reflets pour conférer à son film un aspect outrageusement ouaté, seulement dérangé par un choc, vite amorti et étouffé. Ce qui le passionne, c’est le mouvement imperceptible qui sépare l’immobilité de la plus légère mise en branle. L’usage intensif et d’une folle élégance du fondu-enchaîné lui permet d’observer ce mouvement sans dire un seul mot de trop, avec ses seules armes de grand cinéaste.
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