Vendredi soir, aura lieu la 43e cérémonie des César à la salle Pleyel de Paris. Pour patienter d’ici là nous nous sommes livrés au jeu des pronostics et en avons profité aussi pour imaginer notre palmarès idéal (mais aussi le pire).
Meilleur Film
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Notre pronostic :120 battements par minute de Robin Campillo
120 battements par minute est sans aucun doute le grand favori de cette 43e édition. Il est pour nous le plus beau film de l’année mais aussi le plus contemporain. En filmant ces jeunes résistants au cœur de l’asso militante de lutte contre le sida Act-Up, ce sont tous les élans d’une jeunesse bagarreuse et bavarde qu’a capturé Robin Campillo. 120 battements par minute a logiquement tout pour attirer ses faveurs. Il est à la fois un écho à l’actualité (les terribles persécutions d’homosexuels un peu partout dans le monde) et en même temps le geste cinématographique le plus fort de cette année. Gageons que les César réparent la demi-injustice du jury de Pedro Almodovar.
Bien évidemment, César oblige, les mauvaises surprises sont récurrentes et on soupçonne Au revoir là-haut, le mastodonte historico-burlesque d’Albert Dupontel d’être l’un des chouchous de cette 43e édition. Avec son adaptation du Goncourt de Pierre Lemaitre louée par une partie de la presse, Albert Dupontel et ses 13 nominations (ex aequo avec 120 bpm) a toutes ses chances. D’autant que son film précédent, Neuf mois ferme, avait conquis l’Académie en 2014, qui lui avait décerné deux prix : celui de la meilleure actrice pour Sandrine Kiberlain et celui du meilleur scénario original. Enfin dans un tout autre registre, Petit Paysan, le premier long métrage de Hubert Charuel pourrait lui aussi ravir l’assemblée. Plébiscité lors de son passage à la Semaine de la Critique, accueilli sous les louanges par la presse et le public (avec le très bon score de 524 733 entrées), ce thriller agricole aux huit nominations pourrait sortir son épingle du jeu. Ce ne serait pas la première fois que le César du meilleur film récompense une première œuvre (Les garçons et Guillaume à table!, La vie rêvée des anges, Les nuits fauves…).
La présence du Brio et du Sens de la fête dans la catégorie « meilleur film » apparait plus comme un désir, de la part de l’Académie, d’inclure dans la compétition la comédie populaire, que comme de véritables concurrents. On doute également que le Barbara de Mathieu Amalric, l’un de nos autres grands favoris de l’année, ne soit récompensé dans cette catégorie, même si sa double nomination « meilleur film » / « meilleur réalisateur » est le signe d’un véritable engouement.
Notre choix :120 battements par minute de Robin Campillo
Pire choix : Le Brio d’Yvan Attal
Meilleur réalisateur
Notre pronostic : Robin Campillo ou Albert Dupontel
Depuis fin 2016 et de manière assez confidentielle, l’Académie des César a modifié son règlement. Désormais, un cinéaste nommé dans la catégorie « meilleur film » et « meilleur réalisateur » ne peut plus cumuler les deux récompenses. Si le lauréat du « meilleur film » arrive en première position de la case « meilleur réalisateur », son sacre sera automatiquement annulé et sa récompense remise au cinéaste arrivé en seconde position. Un changement de règle pour le moins intriguant et fortement discutable puisqu’il acte une séparation distincte entre le cinéaste et son œuvre. Dans ce cas de figure, les pronostics restent assez flous.
Si 120 battements se voit dérober le prix du meilleur film par Au revoir là-haut ou Petit Paysan, Robin Campillo devrait logiquement être récompensé en tant que meilleur réalisateur. Cependant, on doute que les César manquent ce geste fort. Dans ce cas la mise en scène abracadabrantesque de Au revoir là-haut, pourrait être perçue comme le signe d’une qualité formelle. Jean-Pierre Jeunet, cinéaste avec lequel Dupontel partage visiblement des influences, l’avait bien reçu pour Amélie Poulain en 2002
Avec ses neuf nominations, il est le troisième film le plus éligible de la soirée. Trop méta ou marginal pour être récompensé du prix du meilleur film, Barbara de Mathieu Amalric constitue un potentiel concurrent dans la catégorie meilleur réalisateur. Plutôt qu’un classique biopic sur la dame en noir, Mathieu Amalric réalise une ode à cette double muse Balibar/Barbara composant son film comme une immense mosaïque poreuse, un tableau où les couleurs et les formes se seraient dissoutes dans un même bain. Il est incontestablement l’un des films les plus audacieux de cette année.
Notre choix : Mathieu Amalric et Robin Campillo ex æquo
Pire choix : Michel Hazanavicius pour Le Redoutable
Meilleur acteur
Nos pronostics : Jean-Pierre Bacri pour Le Sens de la fête ou Swann Arlaud pour Petit Paysan
Cette année, les César pourraient délaisser leur habituel penchant pour la performance et saluer l’ensemble d’une carrière. Exit donc Louis Garrel et Reda Kateb grimés en Jean-Luc Godard et Django Reinhardt, le favori de cette année est un grand habitué de la cérémonie. Multi-récompensé pour le duo de scénaristes qu’il forme avec Agnès Jaoui (en 1994 pour Smoking/no Smoking, en 1997 pour Un air de famille, en 1998 pour On connait la chanson et en 2001 pour Les goûts des autres), Jean-Pierre Bacri a seulement une fois (sur sept nominations) été distingué comme acteur dans un second rôle pour On connait la chanson. Avec son rôle d’éternel bougon reconverti en organisateur de mariages dans Le Sens de la fête, Bacri pourrait enfin se voir offrir la récompense.
A 37 ans Swann Arlaud trouve avec Petit Paysan son plus « grand rôle ». Pourtant cela fait près de vingt ans que son visage taillé à la serpe et son allure de petite frappe énervée parcourent le cinéma français. On a commencé à l’identifier réellement au début des années 2010 avec des films comme Les Anarchistes, Ni le ciel ni la terre et plus récemment La Prunelle de mes yeux ou encore Baden Baden. Les César aiment aussi jouer la carte de « précurseurs ». Récompenser Swann Arlaud serait une manière d’adouber les talents d’un jeune comédien.
Notre choix : Nahuel Pérez Biscayart pour 120 bpm
Oui, on sait le comédien argentin, n’est pas nommé dans cette catégorie, mais son interprétation hallucinante de Sean, un jeune séropo combatif dans 120 bpm, est l’une des plus belles images vues au cinéma cette année. Pour nous la récompense ne peut aller qu’à lui.
Pire choix : Guillaume Canet pour Rock’n Roll
Meilleure actrice
Notre pronostic : Jeanne Balibar pour Barbara
Pour le coup cette année, on ne voit vraiment pas comment Jeanne Balibar (5 fois nommée et jamais récompensée) pourrait ne pas être primée pour son rôle dans Barbara. Plus que de jouer aux transformistes accomplissant une troublante ressemblance avec la chanteuse, Balibar transcende le simple exercice d’imitation. La comédienne fait de la chanteuse une sorte de spectre vaporeux à tel point que l’on ne sait plus laquelle des deux longues silhouettes imprègne l’autre.
On peut supposer que Karin Viard, l’une des actrices les plus bankables du cinéma français, et son rôle de quinqua enragée dans Jalouse attire quelques votes.
A l’annonce de la sélection de cette 43e édition, on ne pouvait que constater, abasourdi, la quasi-absence d‘Un Beau Soleil intérieur de Claire Denis, également présent dans notre top de fin d’année. Notre seule consolation étant la présence de son actrice, Juliette Binoche dans la catégorie meilleure actrice. Probablement jamais Binoche n’aura usé avec autant de charme et d’autodérision de ses talents d’actrice. On peine cependant à croire qu’elle soit primée pour son interprétation d’une Bridget Jones à la française, tant le film de Claire Denis parait totalement rejeté de cette cuvée 2018.
Noter choix : Jeanne Balibar et Juliette Binoche ex aequo
Pire choix : Doria Tillier pour Monsieur et Madame Adelman
Meilleur premier film
http://www.youtube.com/watch?v=KbEqutLMkxY
Notre pronostic : Petit Paysan de Hubert Charuel
Petit Paysan est indéniablement l’un des films chéris de cette sélection 2018. Le film d’Hubert Charuel devrait recevoir les faveurs des votants, sauf si ce dernier se voit propulser directement dans la catégorie « meilleur film » laissant ainsi la place à ses adversaires.
Film cannibale et chronique charnelle du passage de l’enfance à l’âge adulte, Grave marquait avec brio la naissance d’une cinéaste (Julia Ducournau, également nommée en meilleure réalisatrice) et revigorait avec tout l’enthousiasme nécessaire le genre horrifique. Quelques hésitations persistent cependant quant à la capacité des César à récompenser un film de genre. Enfin Patients de Grand Corps Malade aura été le champion du box-office de l’année 2017 comptabilisant plus d’un million d’entrées. Chronique quotidienne (et autobiographique) d’un jeune homme brutalement devenu tétraplégique, Patients bénéficie d’un capital sympathie quasi-unanime, mais peut être trop évident.
Notre choix : Jeune Femme de Léonor Serraille
Aventureux et bordélique, le premier long métrage de Léonor Serraille est un double portrait celui de Paula en plein égarement sentimental, existentiel, professionnel, et de la ville de Paris.
Pire choix : Monsieur et Madame Adelman de Nicolas Bedos
Meilleur film étranger
Nos pronostics : The Square de Ruben Östlund ou Faute d’Amour d’Andreï Zviaguintsev
Son sacre semble assez inévitable. Récompensé de la Palme d’Or, la prétendue satire du Suédois Ruben Ostlund devrait logiquement l’emporter, comme ce fut le cas pour le palmé Moi, Daniel Blake de Ken Loach, l’an passé. Et comme le festival de Cannes, les César aiment égratigner (légèrement) leur image. Quoi de plus (faussement) subversif pour l’Académie que de récompenser un film qui se veut comme le miroir déformé de sa propre élite culturelle.
Également plébiscité au dernier festival de Cannes Faute d’Amour d’Andreï Zviaguintsev, sa vision acerbe de la société russe et ses imposantes prouesses formelles pourraient aussi convaincre l’Académie.
Notre choix : Le Caire Confidentiel de Tarik Saleh
Plongée dans les bas fond du Caire (qui sont en réalité ceux de Casablanca, lieu où l’intégralité du film a été tourné), le Caire Confidentiel s’offre à la fois comme un pur thriller mais aussi comme une radiographie minutieuse de la société égyptienne contemporaine.
Pire choix : The Square de Ruben Östlund
Meilleur espoir masculin
Nos pronostics : Nahuel Pérez Biscayart pour 120 bpm
On aurait aimé que l’Académie des César reproduise le doublon des Lumières qui, il y a quelques semaines, récompensaient simultanément les deux acteurs de 120 bpm, Nahuel Perez Biscayart en tant qu’acteur et Arnaud Valois en tant que révélation. La 43e cérémonie des César aura préféré, malgré la carrière déjà accomplie de l’acteur argentin, le compter parmi les espoirs.
Avec son interprétation assez fine de Ben dans Patients, ce jeune garçon qui doit apprendre à articuler sa vie autour de son handicap, Pablo Pauly a également ses chances.
Notre choix : Nahuel Pérez Biscayart et Arnaud Valois ex aequo
Impossible de départager les deux acteurs de 120 bpm. Fantasmons donc un happening récompensant ex aequo le couple de cinéma le plus sensuel et explosif de l’année.
Meilleur espoir féminin
https://www.youtube.com/watch?v=UdxXW__Obcs&t=3s
Notre pronostic : Lætitia Dosch pour Jeune Femme
La première fois qu’on l’a découverte, c’était en journaliste télé engloutie par la marée humaine agglutinée dans les rues de Solférino en mai 2012. Depuis cette évidente révélation dans le tout aussi subjuguant premier long métrage de Justine Triet, La Bataille de Solférino, Lætitia Dosch – qui ne se limite pas au cinéma puisqu’elle fait aussi du théâtre, de la danse et monte ses propres one woman show – est devenue l’une des coqueluches du jeune cinéma français. Après la Bataille, elle est apparue furtivement dans quelques films comme Les Malheurs de Sophie de Christophe Honoré. En 2017, avec Jeune femme, Lætitia Dosch retrouvait un rôle de premier plan et installait son visage davantage dans l’imaginaire collectif du cinéma français. Lætitia Dosch est assurément la favorite de cette année.
Découverte il y a près de dix ans en apprentie chanteuse sur le plateau de la Nouvelle Star, Camélia Jordana a depuis un moment débordé de son domaine de prédilection qu’est la musique. La jeune comédienne a déjà sept longs métrages à son actif. Seulement trois fois nommé, mais dans les prestigieuses catégories de « meilleur film », « meilleur acteur » et « espoir féminin » – à l’image de l’enthousiasme que semble susciter le film – Le Brio pourrait être primé via ce prix.
Notre choix : Laetitia Dosch pour Jeune Femme
Meilleur second rôle masculin
Favori : Vincent Macaigne pour Le Sens de la Fête
Omniprésent dans tout un pan du jeune cinéma français depuis le début des années 2010, Vincent Macaigne s’est depuis quelques temps exporté vers un cinéma plus mainstream, tout en conservant sa démarche pataude et son chic indé. Cette reconversion pourrait lui falloir les faveurs de l’Académie, d’autant plus que le comédien a déjà amorcé une entrée nouvelle dans le cinéma d’auteur français puisqu’il sera prochainement à l’affiche du nouveau film d’Olivier Assayas.
Notre choix : Antoine Reinartz pour 120 bpm
Meilleur second rôle féminin
Favori : Anaïs Demoustier pour La Villa et Sara Giraudeau pour Petit Paysan
Deux fois nommée, en 2009 puis en 2011 en espoir féminin, Anaïs Demoustier n’a jamais été récompensée par les César. Lui attribuer ce prix serait une belle manière de souligner son talent mais aussi et surtout de distinguer l’un des autres grands absents de cette 43e cérémonie : La Villa de Robert Guédigian. Une éviction peu compréhensible au vu de la carrière du cinéaste et surtout de la réception critique et public de son dernier film. Face à elle, Sara Giraudeau, déjà nommée en espoir en 2016 pour Les Bêtises, apparait comme une potentielle concurrente. Son rôle de vétérinaire dans Petit Paysan, lui a valu quelques compliments de la critique.
Notre choix : Laure Calamy pour Ava
{"type":"Banniere-Basse"}