Cette réédition de The Reluctant debutante, considéré comme un “petit” Minnelli, est l’occasion de rendre justice à ce film brillamment léger et faussement désinvolte. Situé à Londres durant la saison où les “débutantes” vont de bal en bal, The Reluctant debutante est d’abord un bel exercice de style, où Minnelli déploie une mise en scène […]
Cette réédition de The Reluctant debutante, considéré comme un « petit » Minnelli, est l’occasion de rendre justice à ce film brillamment léger et faussement désinvolte. Situé à Londres durant la saison où les « débutantes » vont de bal en bal, The Reluctant debutante est d’abord un bel exercice de style, où Minnelli déploie une mise en scène d’une splendeur discrète mais ferme, qui tire vers le haut les situations et les dialogues parfois un peu faciles de la pièce d’origine. Mais le film n’aurait été qu’amusant et très professionnel si la qualité de l’interprétation, la beauté des décors et costumes et la précision du découpage ne contenaient une critique sociale assez féroce. Ce film appartient à la veine satirique de Minnelli, celle où le cinéaste adopte un ton de pure comédie pour mettre au jour le poids des convenances sociales et les comportements normés qui en découlent. Qu’il soit banquier de la City, belle-mère évaporée et terriblement british ou jeune Américaine gentiment délurée découvrant les moeurs étranges du Vieux Continent, chaque personnage est sommé de jouer son rôle et de s’y tenir. Mais papa tourne à l’alcoolique mondain à force de parties, belle-maman fait n’importe quoi pour sauver la face et fifille encore vierge s’amourache d’un séduisant batteur plutôt que d’un ennuyeux jeune lord. C’est l’idée de transgression liée à celle d’ennui mortel qui dérègle la machine de représentation sociale et pousse tout ce petit monde vers la mécanique comique. Dans une société fermée qui ne pense qu’à sa reproduction harmonieuse, donc autarcique, le sexe est un aiguillon d’autant plus puissant qu’il est régulé avec la vigueur que procure la crainte de la mésalliance fatale. Chacun ne pense finalement qu’à ça mais il ne s’agit pas de se consommer avec n’importe qui.
En assumant pleinement la théâtralité des quiproquos et le grotesque des dispositifs de surveillance parentaux, Minnelli parvient à montrer comment l’instinct vital parasite les bonnes moeurs en amenant un peu d’aléatoire social, même si celui-ci sera assimilable in fine, comédie oblige. Comme toujours chez Minnelli, l’extrême sophistication contient une bonne dose de vulgarité qui l’anime et la sauve de son néant. Quand les apparences sont enfin sauves, il est grand temps d’éteindre la lumière.
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