Après avoir orchestré une belle ovation féminine, Frances McDormand, qui recevait hier le deuxième oscar de sa carrière, a conclu son discours par un terme énigmatique : « Inclusion Rider ».
Après l’avoir obtenu une première fois en 1997 pour Fargo des Frères Coen, Frances McDormand recevait hier soir un nouvel oscar pour son rôle de mère révoltée dans Three Billboards : Les Panneaux de la vengeance. Fidèle à son franc-parler, la comédienne américaine a profité de son sacre pour souligner l’importance des femmes dans l’industrie Hollywoodienne, en orchestrant un belle ovation féminine. Mais ce sont les quelques mots qui ont conclu son speech qui ont véritablement retenu l’attention : « I’ve got two words for you tonight : inclusion rider » (« J’ai deux mots pour vous : inclusion rider« , en VF) Alors qu’est-ce que l’inclusion rider ou clause d’inclusion ?
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#Oscars Best Actress winner Frances McDormand has every female nominee stand up in recognition https://t.co/gGUxhynOtY pic.twitter.com/ktnbG3effh
— Variety (@Variety) 5 mars 2018
Créée par Stacy Smith, professeure à l’Université de Californie du Sud spécialisée dans l’étude de genre au cinéma et à la télévision, l’inclusion rider est une clause contractuelle qui permet aux acteurs d’avoir un pouvoir sur la représentation des minorités dans le film pour lequel ils sont engagés. Selon cette clause, chacun est en droit d’exiger une meilleure répartition des rôles et une représentation plus globale de la société contemporaine. Associée à chaque contrat, cette clause permettrait d’ajuster différents curseurs de représentation en induisant, par exemple, une distribution composée de 50% de femmes, de 40% de minorités ethniques, de 20% d’handicapés ou encore de 5% de personnes L.G.B.T.
Le fait que la clause soit peu répandue est assez révélateur des inégalités qui règnent au sein de l’industrie hollywoodienne. En 2016, une étude accablante sur la répartition des dialogues entre personnages masculins et féminins démontrait, une fois encore, l’inégalité persistante qui règne à Hollywood. Cette même année, Stacy Smith avait participé aux conférences TED et longuement développé le sujet en signalant par exemple que sur « 800 films et 35 205 personnages parlants, moins d’un tiers des rôles revenait aux femmes« . La chercheuse avait également démontré sur les 100 meilleurs films de l’année 2016 « 48 ne comportaient aucun personnage noir ou afro-américain« , « 70 films étaient dépourvus de personnages asiatiques féminins« , « 84 ne comportaient aucun personnage féminin ayant un handicap » et qu’enfin 93 d’entre eux « étaient dépourvus de lesbiennes, bisexuels ou transgenres. »
Comme relayé par le New-York Times, l’initiatrice de l’inclusion rider s’est réjouie de la promotion faite par Frances McDormand, qui a avoué avoir découvert l’existence de cette modalité il y a quelques jours. Pour elle, cette clause est une manière de soutenir une plus grande diversité mais aussi de faire en sorte que « le monde à l’écran ressemble au monde dans lequel nous vivons ». Enfin d’après Stacy Smith, les véritables changements ne pourront advenir que si « certaines personnes les plus puissantes d’Hollywood » considèrent enfin cette idée, non pas comme une éventuelle option mais comme une donnée essentielle à chaque contrat.
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