A part le nouveau film très attendu de Xavier Dolan, irez-vous voir un docu sur un enfant terrible de la mode, le nouveau film de la réalisatrice de « LOL » ou un film méta emprunt d’un navrante grossièreté mais porté par le duo Clavier/Depardieu ? Pour vous, on fait le point sur toutes les sorties de la semaine.
Go go go!
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Ma vie avec John F. Donovan de Xavier Dolan avec Kit Harington, Natalie Portman, Susan Sarandon et Jacob Tremblay
Plutôt que de faire étalage de ses aptitudes de conquérant hollywoodien, ce nouveau film de Xavier Dolan est le lieu d’un repli vers l’intime d’une complexité assez vertigineuse. Ma vie avec John F. Donovan s’ouvre sur la mort du personnage principal, l’acteur vedette John F. Donovan (Kit Harington), et se poursuit par une enquête sur le sens de cette mort, que détient Rupert Turner (Ben Schnetzer), un jeune acteur connu pour avoir dans son enfance entretenue avec John une relation épistolaire. Ce film est l’oeuvre la plus personnelle de Dolan depuis J’ai tué ma mère (2009). Le film dresse le portrait du Xavier taille S (c’est Rupert enfant), taille M (Rupert jeune adulte) et taille L (John). Au-delà de la sublime audace du geste, à savoir retourner un film à gros budget pour en faire un enchevêtrement de trois “qui suis-je ?”, Xavier Dolan semble ici quelque peu délaisser les aspects les plus charmeurs de son cinéma pour une mise en scène plus à l’os. Complexification du fond et épure de la forme, Ma vie avec John F. Donovan marque un fascinant tournant dans la carrière de Xavier Dolan.
Retrouver la critique complète de Bruno Deruisseau ici
On y va aussi, mais au ralenti
McQueen de Ian Bonhôte et Peter Ettedgui
Que reste-t-il d’Alexander McQueen, ce couturier prodige britannique qui s’est donné la mort en 2010 ? Témoignages de proches et de collaborateurs, captation de ses shows dantesques, plus performances que sages défilés, petite vidéo bricolée entre amis… Le film de Ian Bonhôte et Peter Ettedgui a une ambition très nette : glaner le plus d’indices possible pour enfin éclaircir les contours troubles de cet “enfant terrible de la mode”. Si sa forme classique le rapproche davantage de l’objet télévisuel que du cinéma, McQueen parvient à recomposer l’émouvant et sensible portrait d’un garçon au visage rond, ambitieux et débrouillard, visionnaire et abîmé.
Retrouver la critique complète de Marilou Duponchel ici
We the Animals de Jeremiah Zagar avec Raul Castillo, Sheila Vand et Evan Rosado
Le quotidien de trois jeunes frères habitant avec leurs parents dans une modeste maison à l’écart de la ville. John, le cadet, tente de trouver sa place au sein de la fratrie. Il dessine pour saisir la beauté de ce qui l’entoure et se découvre de manière progressive des intérêts différents de ceux de ses frères. Alors que la presse américaine l’a beaucoup comparé à Moonlight, on trouvera, pour notre part, le parallèle un peu paresseux. Car si l’âpreté et la violence de l’existence quotidienne sont tout de même énoncées, cette vie se retrouve enveloppée dans une suite d’images cotonneuses. Sans vraiment inventer quoi que ce soit, We the Animals reste un récit d’apprentissage à fleur de peau, un portrait délicat dont la belle réussite est de parvenir à englober dans un même geste l’expérience de l’intime et de l’universel, du sensible et de l’abstrait.
Retrouver la critique complète de Ludovic Béot ici
Meltem de Basile Doganis avec Daphne Patakia, Rabah Naït Oufella et Lamine Cissokho
La perspective d’un film sur une jeune Franco-Grecque retournant à Lesbos pour y croiser pêle-mêle les fantômes d’une famille divisée et la ligne de front de la crise migratoire n’augurait rien de bon : on voyait déjà venir les soliloques vaseux sur la condition exilée et la culture traversant les frontières, les regards perdus vers l’horizon et les cours improvisés de sirtaki aux réfugiés. Certes, on mentirait si l’on prétendait que Meltem est vierge de tout cliché et autres clins d’œil lourdauds. Mais ces excès de sérieux y sont sans cesse mis à mal par Nassim et Sekou, pieds nickelés banlieusards qu’Elena, l’héroïne, semble avoir embarqués par erreur dans ses bagages.
Retrouver la critique complète de Théo Ribeton ici
On y va, mais en trainant le pas
Mon bébé de Lisa Azuelos avec Sandrine Kiberlain, Thaïs Alessandrin et Victor Belmondo
Après Dalida, Azuelos revient à ses premiers amours et à des thématiques qui, par le passé, lui ont porté chance (LOL) : l’adolescence, les relations mère-fille, la crise de la cinquantaine… Ici, une mère de famille déboussolée par le départ prochain de sa cadette se demande comment elle va pouvoir gérer cette solitude nouvelle. Pour donner chair à cette crise existentielle, une idée : ponctuer le présent de flash-back allant de la petite enfance à l’adolescence dans un fondu enchaîné d’amour atemporel et viscéral d’une mère pour ses bambins. Beaucoup d’amour et de câlins mais trop peu de cinéma. Dans ce soap éclairé aux projecteurs d’une vieille pub Ricoré, seule Kiberlain parvient à s’en sortir dans le rôle de la mère-copine un peu barge qui parvient, malgré tout, à faire tenir ce Bébé debout.
Retrouver la critique complète d’Emily Barnett ici
Depuis Mediapart de Naruna Kaplan de Macedo
De la déclaration de candidature d’Emmanuel Macron à son élection à la présidence de la République, Naruna Kaplan de Macedo a promené sa caméra dans la rédaction de Mediapart, site d’information connu pour son travail d’investigation. Hormis quelques intéressantes séquences embrassant le travail d’enquête dans ce qu’il a de plus concret – éplucher des documents, analyser des photographies ou tenter d’obtenir des témoignages téléphoniques –, le geste demeure trop hésitant et dispersé pour sédimenter un véritable point de vue.
Retrouver la critique complète d’Alexandre Buyukodabas ici
Autant rester chez soi
Rosie Davis de Paddy Breathnach avec Sarah Greene et Moe Dunford
Certains films ont la fâcheuse tendance d’être irréprochables, et Rosie Davis est de ceux-là. On y suit les galères d’une famille irlandaise brusquement mise à la porte de sa maison, obligée de réaménager sa vie entre les parois en tôle de leur voiture.Si l’emballage est tendre et actuel, le film peine à transcender son allure de mélo social trop propre. Un peu de larmes par-ci, un peu de drôlerie par-là… Balançant constamment entre le mélodrame et la comédie, le film, trop frileux à l’idée de s’engager pleinement dans une direction, stagne et n’aboutit qu’à un objet innocent, plus consensuel que révolté.
Retrouver la critique complète de Marilou Duponchel ici
Triple frontière de J. C. Chandor Ben Affleck Oscar Isaac et Charlie Hunnam
Et si la complexité d’un braquage n’était pas de dérober l’argent mais de le faire disparaître, le faire dormir, comme on dit ? C’est le sujet de Triple frontière, film donc d’après-braquage. Après son remarquable premier long métrage, Margin Call, puis A Most Violent Year, portrait d’un hispanique voulant s’immiscer dans le business du pétrole, la caméra de Chandor est décidément fascinée par la contamination de l’argent et la destruction qu’elle entraîne sur ses possesseurs. Le problème est qu’en préférant la fable morale imposante, Chandor enduit ses images d’un discours beaucoup trop édifiant
Retrouver la critique complète de Ludovic Béot ici
Teret d’Ognjen Glavonic avec Leon Lucev, Pavle Cemerikic et Tamara Krcunovic
Teret nous emmène en Serbie lors des bombardements de l’Otan en 1999, et suit un chauffeur de poids lourds qui doit transporter un mystérieux colis. L’enjeu moral se trouve dans cette marchandise invisible, cadenassée à l’arrière du camion et placée en hors-champ. De là surgit l’étrange hiatus du film qui, bien qu’il ne montre finalement presque rien, dit cependant beaucoup trop. Parce que le minimalisme dramaturgique et l’épure plastique d’Ognjen Glavonic sont au service du filmage d’idées : le colis se transformant en un fourre-tout théorique, son chauffeur en une allégorie trop évidente des angoisses d’un pays. Un cinéma d’auteur appliqué – trouvant son inspiration quelque part entre les frères Dardenne ou Cristian Mungiu –, qui, sous le maquillage prestigieux d’une sélection à Cannes, n’est qu’un art du programme.
Retrouver la critique complète de Ludovic Béot ici
https://www.youtube.com/watch?v=B4mzbgMFyOI
Rebelles d’Allan Mauduit avecCécile de France, Yolande Moreau et Audrey Lamy
Sandra (Cécile de France), Nadine (Yolande Moreau) et Marilyn (Audrey Lamy), pour s’offrir enfin la vie dont elles rêvent, n’ont d’autre choix que de découper en rondelles leur violeur de patron. Sur le papier, ce revenge movie made in France prétendument féministe avait de quoi séduire. Mais englué dans une lumière verdâtre servi par un humour bête et pas si méchant et des personnages archétypaux dont les comédiennes, malgré leur talent, semblent ne savoir que faire, le film, aussi maquillé que le visage de Cécile de France, manque terriblement de souffle comique, de verve burlesque et d’impertinence.
Retrouver la critique complète de Marilou Duponchel ici
Dragon Ball Super : Broly de Tatsuya Nagamine
Dragon Ball Super : Broly revient sur l’origin story du personnage éponyme, Super Saiyan supposément légendaire apparu pour la première fois dans un film de 1993. Au terme d’un prologue revenant sur la destruction de la planète Vegeta, monde natal des Saiyan, on retrouve Son Goku et ses amis aux cheveux en pétard, forcés de reprendre du service pour contrer Broly, enrôlé par l’increvable Freezer, l’un des vilains cultes de la saga. Visuellement très laid, cet énième film d’animation se décline en une interminable baston, où la valeur se juge à la puissance, et à qui infligera la plus grosse mandale. Dragon Ball pas super du tout.
Retrouver la critique complète de Léo Moser ici
https://www.youtube.com/watch?v=hPyme0PzhbA
Convoi exceptionnel de Bertrand Blier avec Gérard Depardieu, et Christian Clavier
Voilà l’énoncé : deux personnages en quête d’une histoire, et qui doivent jouer un scénario dont on leur fait parvenir les nouvelles modifs tout au long du film. On se dit : « C’est rigolo ». Malheureusement, au bout de vingt minutes, une fois que l’idée a été bien exploitée, voire épuisée, le film commence à patiner dans la poussière et à traîner en longueur. Le théâtre de l’absurde de Bertrand Blier ressemble à du Samuel Beckett de boulevard, et nos Vladimir et Estragon ont beau jouer excellemment, ils paraissent prisonniers d’un rond point dont toutes les rues seraient en sens unique. Blier retombe très vite dans ses vieux travers : grossièreté allègre, provoc reloue, et machisme pépère et libidineux.
Retrouver la critique complète de Jean-Baptiste Morain ici
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