Quels sont les films à aller voir, ou pas, ce week-end ? Pour en avoir un indice, voici l’avis de nos critiques.
Leave No Trace de Debra Granik
Avec Ben Foster, Thomasin McKenzie
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Portland vous évoque peut-être un pays de cocagne où le temps passe lentement, où l’on bouquine sous les porches en sirotant une bière microbrassée tandis que grésille un air grunge. Pour Will et sa fille Tom, pourtant, c’est déjà l’enfer citadin : en périphérie sauvage de la ville, dans une forêt secrètement investie par quelques bivouacs hobos, ils ont voulu une existence recluse, axée sur l’autosubsistance. Leave No Trace est un film sur la soustraction non pas à la ville, ni au village, mais à la société dans son principe. En progressant lentement vers l’extrémité de cette logique, le film de Granik trouve un vrai point de vertige, en profondeur sous la robinsonnade indé habituelle.
Retrouvez l’intégralité de la critique de Théo Ribeton.
Jour de paye ! de Christian Tod
https://www.youtube.com/watch?v=s5cA0t3VZwM
Jour de paye ! s’ouvre sur un vieil extrait de la série Star Trek. Il se présente ainsi en docu historique venu d’un futur qui regarderait vers son passé, et retraçant la genèse d’un nouveau type de société démocratique libérée de l’argent et des inégalités qu’il génère. Pour ces journalistes du futur, la première étape a été l’instauration du revenu universel au début du XXIe siècle. Si la démonstration convainc et passionne, cette tentative de repenser nos sociétés souffre de manichéisme. Reste le constat de la nécessité d’un indispensable changement pour qu’un jour on puisse se demander comment il est possible que nous ayons pu accepter de vivre aussi longtemps comme nous vivons aujourd’hui.
Retrouvez l’intégralité de la critique de Bruno Deruisseau.
Les Frères Sisters de Jacques Audiard
Avec Joaquin Phoenix, John C. Reilly, Jake Gyllenhaal
Misogyne, le cinéma d’Audiard ? Disons que de ce point de vue, son œuvre est un sacré grand huit, alternant les généreux portraits de femme (Sur mes lèvres, De rouille et d’os) et les égarements ultra burnés (De battre mon cœur s’est arrêté, Un prophète) où se manifeste une obsession pour les gars violents au cœur passionné, et l’idée que les gonzesses aiment bien ça. Dans ce spectre, Les Frères Sisters trouve une place assez intéressante : le film, adapté d’un roman canadien, suit la traque de prospecteurs d’or (Riz Ahmed et Jake Gyllenhaal) par deux frères tueurs à gages, et aurait bien pu s’appeler Un monde sans femmes, tant son sujet semble se situer là.
Retrouvez l’intégralité de la critique de Théo Ribeton.
L’amour est une fête de Cédric Anger
Avec Guillaume Canet, Gilles Lellouche, Michel Fau
L’amour est une fête suit deux policiers infiltrés au long cours dans le milieu du peep-show porno qui fleurit à Paris au début des années 1980. Criblés de dettes, ils ont l’intuition de remplacer le spectacle vivant par les premiers films pornographiques et se lancent dans la production. Cédric Anger filme l’émergence du cinéma X comme l’invention d’une forme qui serait située à la croisée du sexe et de l’humain, de l’exploitation financière et de la bienveillance familiale, de l’art et de l’artisanat, d’un âge d’or qui précède l’industrie autant que la morale. Si de fêtes il est bien question dans le film, l’amour n’y advient jamais. Il reste dans sa coquille, bien trop intimidé par l’humour poissard incarné par le trio Canet/Lellouche/Fau.
Retrouvez l’intégralité de la critique de Bruno Deruisseau.
Climax de Gaspar Noé
Avec Sofia Boutella, Romain Guillermic, Souheila Yacoub
Climax entraîne le spectateur dans une ébouriffante expérience visuelle et auditive, redéfinissant notre rapport au temps et à l’espace dans une salle de cinéma. Commence alors ce grand ballet halluciné. Les chorégraphies synchrones du début se délitent en grand foutoir. Pour le réalisateur franco-argentin, c’est une nouvelle occasion de donner libre cours à sa passion du chaos, le même que dans Enter the Void, c’est-à-dire un cocktail explosif de sexe, de violence et de drogue, fondu à une mise en scène vraiment fucked up, comme si la caméra elle-même avait pris de l’ecsta : monde à l’envers, projecteurs rouges, musique electro non-stop (Daft Punk), corps désarticulés…
Retrouvez l’intégralité de la critique d’Emily Barnett
Avant l’aurore de Nathan Nicholovitch
Avec David D’Ingéo, Panna Nat, Viri Seng Samnang
Le film raconte l’histoire d’un Français qui vit dans les faubourgs de Phnom Penh, au Cambodge. Travesti, il se prostitue sous le nom de Miranda, boit, se drogue. Il vit avec un jeune Cambodgien, Viri. Quand ce dernier est retrouvé mort Miranda s’écroule. Et puis une petite fille lui tombe dessus par hasard, Panna, qui ne parle pas français et se prostitue elle aussi, avec des Occidentaux qui ont sans doute cinq fois son âge. Sans que jamais son film ne tombe ni dans le pathos ni dans le romantisme exotique, Nathan Nicholovitch ne se perd jamais dans des explications psychologiques inutiles et compte sur le cinéma, le spectateur et la lenteur scandée de son filmage pour que chacun devine ce qui se joue, ce qui se passe.
Retrouvez l’intégralité de la critique de Jean-Baptiste Morain.
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