Quels sont les films à aller voir, ou pas, ce week-end ? Pour en avoir un indice, voici l’avis de nos critiques.
Mandy de Panos Cosmatos
Avec Nicolas Cage, Andrea Riseborough
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Sous ses dehors de série B crapoteuse, Mandy, un « revenge movie » délirant sur fond d’amour conjugal brisé, est d’abord un film de plasticien taillé sur mesure pour Nicolas Cage. Un film où les couleurs se déversent en de grands aplats expressionnistes et semi-abstraits, où le son compose une matière tantôt vaporeuse tantôt goudronneuse, où les nappes lysergiques composées par le regretté Jóhann Jóhannsson nous élèvent au-dessus des ténèbres. Un film où aucun plan n’est banal, où l’étirement horizontal du temps et du cadre se conjugue à l’intensité verticale des sentiments qui s’y jouent : à fond, mais lentement.
Retrouvez l’intégralité de la critique de Jacky Goldberg.
Nicky Larson et le Parfum de Cupidon de Philippe Lacheau
Avec lui-même, Elodie Fontan, Tarek Boudali, Audrey Lamy
Dans ce Nicky Larson version 2019, le détective et sa collègue Laura tentent de récupérer le Parfum de Cupidon, une fragrance censée rendre irrésistible quiconque s’en vaporise le corps et qui a été volée à leur client. L’enquête les mène jusqu’à Monaco et leur fait croiser une troupe de tueurs à gages partageant le même objectif. L’horizon comique du film, qui repose essentiellement sur le penchant irrépressible du personnage pour les femmes, se révèle toutefois plus gênant que sa fragilité formelle.Plus dérangeant encore est le rapport du film à l’homosexualité (supposée ou refoulée) de ses personnages, envisagée uniquement comme un élément répulsif dont il faudrait trouver (littéralement) l’antidote.
Retrouvez l’intégralité de la critique d’Alexandre Buyukodabas.
La dernière folie de Claire Darling de Julie Bertuccelli
Avec Catherine Deneuve, Chiara Mastroianni, Laure Calamy
https://www.youtube.com/watch?v=8hWV8JEy6uo
C’est dans un mouvement rétrospectif et forcément cathartique que se construit La Dernière Folie de Claire Darling. Alors que le mobilier s’entasse dans le jardin, les souvenirs comme de petits tableaux vivants renaissent sous les yeux de Claire, spectatrice de sa propre vie, abandonnant le surplus matériel pour mieux (r)éveiller les fragiles lambeaux de sa mémoire. Ce qui aimante ici n’est pas tant l’histoire d’antan que le compte à rebours funeste lancé par une héroïne, prête à quitter la vie comme on part en voyage.
Au milieu de cette douce tragédie, Catherine Deneuve, les cheveux blanchis, bientôt orpheline des pantins de bois qui ont tant regardé sa vie, rayonne.
Retrouvez l’intégralité de la critique de Marilou Duponchel.
Une intime conviction d’Antoine Raimbault
Avec Marina Foïs, Olivier Gourmet, Laurent Lucas
Pour son premier long métrage d’Antoine Raimbault, aménage un récit qui place le spectateur face à un abîme de doutes et de questionnements. Mais c’est peut-être tout d’abord un désir de sens qui l’a conduit à suivre le procès en assises de cet homme soupçonné du meurtre de sa femme à Toulouse en 2000. Le réalisateur met en place une chronique méticuleuse et ultra documentée basée sur une connaissance approfondie de la machine judiciaire. Raimbault tire la meilleure idée du film, en y insérant un pur personnage de fiction qui va prêter main forte à l’avocat : une mère célibataire (Marina Foïs, très juste en apprentie détective obstinée voire monomaniaque), ancienne jurée sur le premier procès et obsédée par l’innocence de Viguier.
Retrouvez l’intégralité de la critique d’Emily Barnett.
Nuestro tiempo de Carlos Reygadas
Avec lui-même, Natalia López
Nuestro tiempo est d’abord un film d’extérieur, comme un éloge calme qui célèbre la beauté des plaines infinies de la campagne mexicaine. Au milieu du paysage, des enfants jouent aux pirates sur un lac, sous un arbre des ados se draguent. Un peu plus loin, des taureaux bondissent autour d’un ranch tenu par Juan et sa femme, Esther. Puis l’étau se resserre, l’espace avec lui : Esther a un amant. Pas encore totalement guéri de son goût agaçant pour les gageures formelles, Reygadas s’éloigne pourtant de la lourdeur plastique et théorique de ses derniers films et préfère, dans Nuestro tiempo, l’étude patiente de son sujet plutôt qu’une démonstration de force vaniteuse.
Retrouvez l’intégralité de la critique de Ludovic Béot.
Tout ce qu’il me reste de la révolution de Judith Davis
Avec elle-même, Malik Zidi, Claire Dumas
La comédienne Judith Davis y incarne Angèle, une fille dont le candide désir de changer le monde se heurte à un marché du travail bouché, aux illusions perdues de ses pairs et à une société asservie à un management d’entreprise déshumanisant. Quelque part entre les comédies politiques de Michel Leclerc (Le Nom des gens, 2010) et l’absurdité sociale pointée par Apnée (2016), film d’un autre collectif du théâtre, celui des Chiens de Navarre, Tout ce qu’il me reste de la révolution échappe au cliché du film d’intermittents du spectacle en s’armant d’une drôlerie aussi féroce que touchante. Il dénonce avec une touchante naïveté le cynisme de notre société, son fonctionnement générateur de fracture sociale.
Retrouvez l’intégralité de la critique de Bruno Deruisseau.
Kabullywood de Louis Meunier
Avec Roya Heydari, Omid Rawendah
Une troupe d’étudiants afghans décident de rénover le plus grand cinéma du pays, laissé à l’abandon depuis les années 1990, afin d’en faire un centre culturel et de lutter ainsi contre l’obscurantisme religieux qui gagne chaque jour du terrain. Cette scène culturelle afghane, Louis Meunier la connaît bien. Le Français a passé dix ans en Afghanistan. Jusque-là auteur d’une demi-douzaine de documentaires, il réalise avec ce film sa première fiction. A grand renfort de coups de peinture, de sauvetages de bobines encore valides et de déblayages de celles qui jonchent le sol, c’est tout un symbole qu’ils ramènent à la vie, celui d’un pays riche de sa liberté d’expression.
Retrouvez l’intégralité de la critique de Bruno Deruisseau.
La Favorite de Yórgos Lánthimos
Avec Emma Stone, Rachel Weisz, Olivia Colman
S’il y a des films qui nous regardent, cela ne fait aucun doute, le cinéma de Lánthimos, ne fait que se regarder. Prostré derrière sa malice dont il se gargarise grassement, il semble condamné à rester éternellement englué dans l’admiration de son propre génie. Mais le sommet d’ironie, ici, c’est qu’à force de vouloir proclamer à tout prix sa différence jusqu’au non-sens (l’utilisation d’un objectif fisheye pour un film d’époque, parce que c’est nouveau, parce que c’est marrant) les films du cinéaste sont devenus des programmes d’écriture automatique, comme s’ils étaient le résultat d’un algorithme d’images sagement réglé.
Retrouvez l’intégralité de la critique de Ludovic Béot.
My beautiful boy de Felix Van Groeningen
Avec Steve Carell, Timothée Chalamet
David Sheff est inquiet : son fils, Nic, se drogue. Journaliste de profession, David est attentionné, patient, tolérant, il cherche à comprendre, à aider : c’est un bon père. Nic, de son côté, est un brave garçon : curieux, cultivé, gentil. Alors qu’est-ce qui ne va pas ? A cette question centrale, le film de Felix Van Groeningen, n’apportera pas véritablement de réponse. Du moins pas de réponse autre que superficielle. Ce qui ne va pas, tente de raconter le réalisateur d’Alabama Monroe (2012), c’est la vie comme elle va. Bien. Pourquoi pas ? Il y avait là un sujet. Mais qui requiert, précisément, d’être abordé frontalement, sans froufrous.
Retrouvez l’intégralité de la critique de Jacky Goldberg.
Arctic de Joe Penna
Avec Madds Mikkelsen, Maria Thelma Smáradóttir
Dans Arctic, premier film du YouTubeur et réalisateur de publicités brésilien Joe Penna, Madds Mikkelsen y incarne le seul survivant du crash d’un petit avion de ligne en plein pôle Nord. Le monde le pense mort mais il s’entête chaque jour à effectuer une série de rituels. Ce Mads versus Wild s’appuie autant sur la cinégénie des paysages polaires que sur le talent d’acteur muet de Mikkelsen. Si le film évite l’écueil de la sur-dramatisation de son intrigue et brille par une forme d’épure, il se révèle finalement un peu creux. Du partage d’un calvaire qu’il propose se dégage une vision du cinéma réduite à un tour de manège à sensations fortes.
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