Quels sont les films à aller voir, ou pas, ce week-end ? Pour en avoir un indice, voici l’avis de nos critiques.
Asako I & II de Ryusuke Hamaguchi
Avec Erika Karata, Masahiro Higashide
C’est au détour d’une exposition photographique qu’Asako aperçoit Baku, un très beau jeune homme qu’elle suit jusque dans la rue. Il ne semble pas la voir jusqu’à ce qu’une bande de gamins fassent exploser des pétards entre la stalkeuse et sa proie. Ils s’accostent, échangent leurs prénoms et s’embrassent instantanément. Avec son infinie attention accordée à chaque geste, chaque regard et chaque parole, Asako I&II cerne au plus près les variations amoureuses de son personnage. Hyperréaliste et sentimental, le film étanche sa soif d’idéal en sublimant le trivial.
Retrouvez l’intégralité de la critique de Bruno Deruisseau.
Premières vacances de Patrick Cassir
Avec Camille Chamoux, Jonathan Cohen
Tout part d’un coup de tête. Après un « date » Tinder, Marion et Ben couchent ensemble puis décident, alors qu’ils ne se connaissent que depuis quelques heures, de partir en vacances en Bulgarie. Sauf que les deux amants ont des personnalités et des modes de vie diamétralement opposés : elle est une dessinatrice intrépide, lui, un commercial rangé et hypocondriaque. Le voyage ne va bien sûr qu’amplifier leurs différences. Malgré les performances généreuses de son casting, Premières vacances préfère à la comédie romantique se complaire dans une satire qui déborde de clichés.
Retrouvez l’intégralité de la critique de Ludovic Béot.
A Bread Factory, part 2 – Un petit coin de paradis de Patrick Wang
Avec Nana Visitor, James Marsters, Jessica Pimentel
Suite et fin d’un combat à la David et Goliath au nom de l’art et de la culture pour tous. Si le projet de Wang ne varie pas foncièrement ici – défendre une vision “élitaire pour tous” de la culture, imaginer une utopie concrète par les moyens du cinéma – il laisse encore plus visiblement entrer les arts vivants : chœurs, chants, danses, représentations théâtrales s’insèrent régulièrement dans le récit, avec une insolente gratuité, un doigt levé au naturalisme, offrant au film ses meilleures scènes.
Retrouvez l’intégralité de la critique de Jacky Goldberg.
Un beau voyou de Lucas Bernard
Avec Swann Arlaud, Charles Berling, Jennifer Decker
Un beau voyou est le premier film en tant que réalisateur du chef opérateur Lucas Bernard et c’est une jolie réussite. Au travers d’une comédie policière, le metteur en scène brosse le portrait souvent mélancolique de personnages farfelus et attachants : un homme revenu de tout qui voit la mort se rapprocher, une jolie restauratrice de tableaux, Justine, au caractère bien trempé (l’étonnante Jennifer Decker – de la Comédie-Française), un cambrioleur qui passe par les toits et qui est aussi menteur et infiniment rusé (Swann Arlaud), etc.
Retrouvez l’intégralité de la critique de Jean-Baptiste Morain.
Bienvenue à Marwen de Robert Zemeckis
Avec Steve Carell, Leslie Mann, Eiza Gonzalez, Diane Kruger
Avec Bienvenue à Marwen, inspiré par l’histoire vraie d’un homme passé à tabac par cinq brutes néo-nazies, Robert Zemeckis brosse son autoportrait en vieux garçon gentiment régressif, queer et kinky, amoureux des femmes mais d’abord de leur plus fétichiste apparat. Bienvenue à Marwen est ainsi le film d’un homme jamais tout à fait sorti de l’enfance, sur un homme ramené de force à l’enfance. Et de cet écart, qui se nomme volonté, Zemeckis tire la toute la tristesse et l’amertume possibles, avant d’en distiller le suc, dans l’alambic de la fable, en le plus enivrant des alcools : la lucidité enfin retrouvée.
Retrouvez l’intégralité de la critique de Jacky Goldberg.
Invasion Los Angeles de John Carpenter (1988 – ressortie)
Avec Roddy Piper, Keith David
Dans une Amérique asphyxiée par la crise, John Nada, ouvrier au chômage parcourt les routes à la recherche d’un emploi. Embauché sur un chantier à Los Angeles, il intègre un groupe de sans-abri qu’il découvrira investi d’une mission secrète : celle de résister au règne totalitaire d’un oppresseur omniprésent, mais invisible. Muni de lunettes de soleil au pouvoir révélateur, John découvre le monde tel qu’il est réellement : contrôlé par des extra-terrestres pouvant prendre une apparence humaine, qui exercent sur les Terriens une propagande subliminale. John va mener l’insurrection pour mettre fin au règne occulte de ces sinistres extra-terrestres en col blanc. Prophétique à l’aune de notre époque trouble, à la merci des aléas du capitalisme tardif, They Live (titre original) l’est tout autant à l’échelle du cinéma, et nous invitait, plus de dix ans avant Matrix, à venir gratter la surface de la réalité, pour en démasquer le simulacre.
Retrouvez l’intégralité de la critique de Léo Moser.
Never-Ending Man de Kaku Arakawa
https://www.youtube.com/watch?v=w1XJC7wtxtE
Accepter d’être l’objet unique d’un film sans vouloir être filmé ; c’est l’un des nombreux paradoxes qui habitent l’esprit insaisissable de Miyazaki, et l’un des nombreux handicaps qui fragilisent ce beau documentaire malade, boiteux par sa forme, mais fascinant dans ce qu’il livre de plus intime de la personnalité nébuleuse d’un des cinéastes les plus importants de ces trente dernières années.