Quels sont les films à aller voir, ou pas, ce week-end ? Pour en avoir un indice, voici l’avis de nos critiques.
Simone Barbès ou la Vertu de Marie-Claude Treilhou ; Les Belles Manières de Jean-Claude Guiguet ; Beau temps mais orageux en fin de journée de Gérard Frot-Coutaz
http://www.youtube.com/watch?v=OQ5ONcV3MTU
Au tournant des années 1970-80, la société de production Diagonale accoucha de films magnifiques. Trois ressortent en salle. C’est à un pan entier de « l’expérience Diagonale » que nous invite le distributeur des copies restaurées de Simone Barbès ou la Vertu de Marie-Claude Treilhou (1980), Les Belles Manières de Jean-Claude Guiguet (1979) et Beau temps orageux en fn de journée de Gérard Frot-Coutaz (1986). Cette petite société a fait école et engendré toute une généalogie : Serge Bozon, Axelle Ropert, Pierre Léon et récemment Un couteau dans le cœur de Yann Gonzalez, Sauvage de Camille Vidal-Naquet.
3 jours à Quiberon d’Emily Atef
Avec Marie Bäumer, Birgit Minichmayr, Charly Hübner
On est en 1981 et l’ancienne interprète angélique de Sissi a depuis longtemps quitté les rivages candides de son pays natal. L’actrice traîne deux décennies de deuils amoureux, d’alcool, de médicaments et d’excès en tout genre. C’est dans ces circonstances qu’elle va donner l’une de ses dernières interviews, à Quiberon, en Bretagne. Un étourdissant portrait de femme livrée aux tourments de la célébrité.
Sicilian Ghost Story de Fabio Grassadonia et Antonio Piazza
Avec Julia Jebikowska, Gaetano Fernandez
S’appuyant sur un fait divers réel – la longue séquestration et l’assassinat d’un adolescent fils de repenti dans les années 90 – les réalisateurs tirent le film vers le conte de fées, émaillant les recherches de la petite amie du disparu de notations oniriques et d’effets décoratifs. Malgré quelques moments sublimes, le film s’enferme dans une imagerie impalpable et évanescente évoquant un rêve de jeune sylphide gothique.
Ocean’s 8 de Gary Ross
Avec Sandra Bullock, Cate Blanchett, Rihanna
Par son renversement de genre, Ocean’s 8 s’est naturellement octroyé le titre de « film-événement », ce blockbuster post-Weinstein que l’époque, depuis des mois, appelait de ses vœux, comme la juste récompense des conquêtes paritaires à Hollywood. Mais l’événement fait-il le film ? Non, et à vrai dire la notion d’événement a même rarement autant fait l’effet d’une sorte de virus anti-cinéma.
Madame Fang de Wang Bing
Le grand documentariste Wang filme les derniers jours de la vie d’une femme, une travailleuse agricole de la région du Fujian âgée de 68 ans, madame Fang Xiuying. Incapable de d’exprimer, madame Fang agonise dans son lit, bouche ouverte, le regard fixe. Le passage de la vie à la mort saisi avec attention et subtilité.
Hérédité d’Ari Aster
Avec Toni Collette Gabriel Byrne, Alex Wolff
Au départ, ce n’est pas franchement par son pitch qu’Hérédité se distingue : après la mort de la matriarche, des événements étranges commencent à se produire dans la maison familiale des Graham. Et puis, on connaît la suite : c’est la descente aux enfers. De cette trame initiale surexploitée, Ari Aster tire un brillant exercice de style qui ne va jamais où on l’attendait et contourne avec malice les codes du film d’horreur.
Désobéissance de Sebastián Lelio
Avec Rachel Weisz, Rachel McAdams
Ronit (Rachel Weisz) photographe new-yorkaise reconnue, est de retour en Grande-Bretagne, dans sa communauté d’origine, celle des juifs orthodoxes de Londres. Elle revient pour assister aux obsèques de son père et découvre avec surprise que Dovid, fils spirituel de son père, a épousé sa meilleure amie Esti (Rachel McAdams). Désobéissance n’échappe jamais vraiment aux rets trop serrés de son récit, presque en contradiction avec l’appel à la liberté que veut exprimer le récit.
Retrouvez l’intégralité de la critique de Jean-Baptiste Morain.