Quels sont les films à aller voir, les séries à regarder, ou pas, ce week-end ? Pour en avoir un indice, voici l’avis de nos critiques.
On aime à 100%
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Films
Queen & Slim de Melina Matsoukas
Avec Daniel Kaluuya, Jodie Turner-Smith, Bokeem Woodbine
Queen & Slim a été comparé, assez paresseusement, à Bonnie and Clyde. Or le modèle de Melina Matsoukas est plutôt, à l’évidence, Thelma et Louise : son couple en cavale n’a rien des meurtriers immortalisés par Arthur Penn, mais tout, en revanche, des deux fugitives légendaires de Ridley Scott. On aurait tort de ne voir que de la joliesse dans ce goût des couleurs éclatantes parfaitement agencées, des paysages sublimes et des comédiens gracieux. Car tout cela procède chez Matsoukas d’une morale de cinéaste : elle fait le choix délibéré de l’espérance contre la fatalité ; des solidarités contre l’égoïsme ; de la fierté contre la culpabilité.
Retrouvez l’intégralité de la critique de Jacky Goldberg.
La Fille au bracelet de Stéphane Demoustier
Avec Melissa Guers, Roschdy Zem, Chiara Mastroianni, Anaïs Demoustier
Pour son troisième long métrage, Stéphane Demoustier réaffirme son obsession pour le monde de l’enfance, lieu des premiers désirs et des premières blessures, et pour l’amour filial. Il l’interroge, cette fois-ci, sur la scène d’un tribunal. Lise est-elle coupable du meurtre de son amie ? Si le film au classicisme épuré observe l’enracinement d’une misogynie implantée jusque dans les plus hautes sphères des institutions, il s’oriente, en réalité, vers un objet plus flou, presque insaisissable. Son énigme (et non celle du procès) se perçoit alors comme la confession d’un cinéaste fasciné et démuni face à sa propre héroïne.
Retrouvez l’intégralité de la critique de Marilou Duponchel.
Toutes les vies de Kojin de Diako Yazdani
Mèche blonde dissimulée par une visière de casquette, top moulant sous la fermeture Eclair du survêt, poils de barbe défiés par un trait net de rouge à lèvres : lui, c’est Kojin, le héros de ce documentaire, et vous allez l’aimer. Il est jeune, doux, mais persécuté dans son pays en raison de son homosexualité. Sous l’œil bienveillant de la caméra et du primo-réalisateur iranien Diako Yazdani, le voilà lancé dans une croisade, celle des mots et du dialogue qu’il veut à tout prix instaurer entre lui (l’homosexuel) et ceux qui le rejettent tel un pestiféré. Mais le film ne se complaît pas dans le constat navrant d’un obscurantisme et ouvre au contraire son spectre de nuances pour recueillir des voix magnifiquement dissonantes.
Retrouvez l’intégralité de la critique d’Emily Barnett.
à 70%
Tu mourras à 20 ans d’Amjad Abu Alala
Avec Mustafa Shehata, Islam Mubarak, Mahmoud Elsaraj
Le début du premier film de ce jeune réalisateur soudanais rappellera à nos imaginaires d’enfants occidentaux La Belle au bois dormant. Le rôle de la fée Carabosse est ici tenu par un puissant imam qui se penche sur un nourrisson, le baptise Muzamil et déclare que, le jour de ses 20 ans, il mourra. Le film se noie un peu dans la contemplation de ses idées formelles. Car, à force de vouloir trop en faire, le réalisateur en oublie l’essentiel, à savoir suivre le cheminement vers la liberté de Muzamil, émancipation qui semble de fait assez superficielle. Mais gageons qu’il ne s’agit que d’un péché de jeunesse et qu’un nouvel auteur est né.
Retrouvez l’intégralité de la critique de Bruno Deruisseau.
Deux de Filippo Meneghetti
Avec Barbara Sukowa, Martine Chevallier, Léa Drucker
Que font deux vieilles dames, voisines de palier, lorsqu’on ne les regarde pas ? Elles s’embrassent, elles s’aiment et elles se touchent, elles projettent d’abandonner leurs familles respectives, de se soustraire au poids du secret de leur homosexualité et de filer en douce toutes les deux, à Rome, pour enfin habiter ensemble dans le même appartement. Il fallait deux grandes actrices (le mythe vivant du cinéma allemand Barbara Sukowa et Martine Chevallier, éminente sociétaire de la Comédie-Française) pour faire sauter le verrou d’une mise en scène parfois maladroite et programmatique.
Retrouvez l’intégralité de la critique de Bruno Deruisseau.
Plogoff, des pierres contre des fusils de Nicole Le Garrec (1980, reprise)
En septembre 1978, la nouvelle est à la une du quotidien breton Le Télégramme : un projet de centrale nucléaire à Plogoff (Finistère), à quelques kilomètres du site de la Pointe du Raz. L’hostilité des habitants va monter en puissance jusqu’à culminer en janvier 1980 lors de l’enquête publique, où ils affronteront quotidiennement d’importants escadrons de gendarmerie mobile. Présents sur le terrain en 1980 pendant plusieurs semaines, Nicole et Félix Le Garrec documentèrent les événements avec des images aussi ardentes que les échauffourées, soulignant le rôle prépondérant des femmes, notamment Amélie Kerloc’h, militante communiste, première adjointe de la municipalité.
Retrouvez l’intégralité de la critique de Gérard Lefort.
Un divan à Tunis de Manele Labidi
Avec Golshifteh Farahani, Majd Mastoura, Hichem Yacoubi
En imaginant le joyeux calvaire d’une femme psychanalyste à Tunis, que fait Manele Labidi, Franco-Tunisienne dont c’est ici le premier long métrage, sinon sonder l’inconscient d’un pays ? Labidi dresse un portrait turbulent de ces habitants, défilé de folklore tendre. Sans pathos, la comédie de voisinage en dit souvent plus long que les discours sentencieux sur les névroses au sein des communautés humaines quand elles sont religieuses. Contre la loi du silence, Selma écoute – du bon côté du divan.
Retrouvez l’intégralité de la critique d’Emily Barnett.
>> A lire aussi : Golshifteh Farahani : “J’aborde la vie et le cinéma comme des Jeux paralympiques »
à 30%
Mickey and the Bear d’Annabelle Attanasio
Avec Camila Morrone, James Badge Dale, Calvin Demba
Tout ce que l’on peut imaginer d’un certain cinéma indé scrutant la face cachée de l’Amérique rurale se trouve dans Mickey and the Bear. Pour le meilleur et pour le pire. Pour le meilleur, d’abord, parce que l’on a beau avoir vu ce film une centaine de fois, la délicatesse du trait et le magnétisme de ses acteurs nous invitent à l’habiter. Pour le pire ensuite, lorsque, aux deux tiers du film, le moteur arrive complètement à saturation, comme si la cinéaste n’était plus capable de filmer autre chose que la répétition de la même scène en attendant la délivrance du climax.
Retrouvez l’intégralité de la critique de Ludovic Béot.
Le Prince oublié de Michel Hazanavicius
Avec Omar Sy, Bérénice Bejo, François Damiens
Un veuf, papa poule, filmé entre monde réel et univers métaphorique, le second permettant de mieux figurer la violence métaphysique du premier ; une adolescente qui remise aux oubliettes ses admirations d’enfance – ça ne vous dit rien ? Le Prince oublié est un pot-pourri de Vice-Versa, du Monde de Nemo et de Toy Story. Le film produit pourtant pas mal d’insatisfaction. Moins par cette roublardise propre à l’auteur à recycler uniquement à ses propres bénéfices (non dénuée parfois d’un affect de surplomb envers ses modèles) que par un certain défaut d’intensité dans sa relation aux images qu’il travaille.
Retrouvez l’intégralité de la critique de Ludovic Béot.
Séries
On est faaaaaaaan
BoJack Horseman saison 6 partie 2 disponible sur Netflix
Hantée par l’idée de solitude, le sentiment d’inadéquation et l’angoisse face à la disparition, cette fable chevillée au comportement destructeur d’un acteur sur le déclin aura finalement dessiné une absence, celle d’un personnage à sa propre existence. Au seuil de sa sixième et dernière saison, l’ampleur de BoJack Horseman est à la fois sociétale et émotionnelle. Entre l’usine à rêves sous acides et la machine à cauchemars hors de contrôle, son Hollywoo (les spectateurs assidus savent ce qu’il est advenu du “d” final) s’est peu à peu doté d’une porosité au réel pour lui offrir une chambre d’écho désaccordée.
Retrouvez l’intégralité de la critique d’Alexandre Büyükodabas.
High Maintenance saison 4 Sur OCS et OCS Go
On rappelle que le pitch de High Maintenance tient sur un Post-it. Un livreur de weed à domicile arpente les rues de Brooklyn en vélo. Quand il débarque quelque part, la fiction dérive et s’intéresse à celui ou celle chez qui il se trouve. Le résultat, assez miraculeux, propose une somme de trajets (physiques et émotionnels) qui rappellent que les belles histoires sont aussi des voyages sans destination fixe. Après des débuts en websérie, la série a trouvé un refuge luxueux sur HBO, qui lui a déjà offert plusieurs saisons – la quatrième arrive, toute fraîche. Pourtant, quelque chose d’une indifférence polie accompagne la création de Katja Blichfeld et Ben Sinclair. Trop vaporeuse, sans doute. Trop timide. C’est dommage : il s’agit de l’une des meilleures séries de l’époque.
Retrouvez l’intégralité de la critique d’Olivier Joyard.
Curb Your Enthusiasm saison 10 Sur OCS et OCS Go
Depuis l’an 2000, Larry David traîne sa carcasse d’escogriffe obsessionnel sur les écrans de HBO. Au début, le monde le voyait comme l’un des créateurs de Seinfeld, merveilleuse sitcom des années 1990 sublimant l’art du surplace. La dixième saison de Curb Your Enthusiasm, sa post-sitcom en forme d’autoportrait burlesque et misanthrope, montre toujours le désormais septuagénaire dans sa vie d’après. Il est assez fascinant de constater que ses blagues, à peu près toujours construites sur un effet retard fonctionnent exactement de la même manière, souvent brillamment, comme l’atteste ce début de saison en grande forme, meilleur que la neuvième levée ne l’avait jamais été.
Retrouvez l’intégralité de la critique d’Olivier Joyard.
Bof, bof…
Kidding saison 2 Sur Canal+ séries
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Kidding s’accorde avec justesse à son interprète principal (Carrey) pour prendre acte de la mélancolie qui l’enserre et raviver les braises de sa flamboyance passée. Après avoir renversé le compagnon de sa femme en voiture, Pickles accepte de lui faire don de son foie. Parachuté dans son monde imaginaire sous l’effet de l’anesthésie, il y prend la décision de s’émanciper du show qui l’emprisonne. Si le fil d’une mise en retrait de sa propre existence est tenu avec inspiration, la série s’affaisse hélas sous des excès de mièvrerie et de joliesse, travaillée par une envie de « faire Gondry » pas toujours très heureuse.
Retrouvez l’intégralité de la critique d’Alexandre Büyükodabas.
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