Quels sont les films à aller voir, les séries à regarder, ou pas, ce week-end ? Pour en avoir un indice, voici l’avis de nos critiques.
1917 de Sam Mendes
Avec George MacKay, Dean-Charles Chapman
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Nous sommes sur le front de la Somme, derrière les lignes britanniques, et deux soldats émergent d’une sieste qui leur fait encore de petits yeux lorsque leur état-major les envoie quelques instants plus tard en mission à haut risque : traverser le no man’s land et s’en aller prévenir un général allié pour annuler coûte que coûte son attaque prévue le lendemain, qu’ils savent promise à un échec meurtrier. Nul besoin de s’attarder sur la véracité, à tout le moins la plausibilité historique de cette intrigue, tant Sam Mendes ne s’intéresse pas ici au réalisme. 1917, comme le Soldat Ryan, c’est de la guerre théorique : une traversée du décor, du “théâtre des événements” comme on dit, qui relève du paysage mental.
Retrouvez l’intégralité de la critique de Théo Ribeton.
Dans la tête de Paul Schrader jusqu’au 2 février, Forum des Images, Paris
La quête, perdue d’avance, d’une pureté impossible (New York sous les poubelles dans Light Sleeper, 1992), des héros furieux qui cherchent à sauver des êtres qui n’ont rien demandé (Hardcore, 1979), une droiture morale qui confine bientôt à la folie (Affliction, 1998). Le personnage schraderien, et avec lui le scénario, court toujours à sa perte : le récit est une dépense progressive d’énergie qui bascule dans un carnage cathartique, même quand on s’y attend le moins (Auto Focus, 2005). Un cinéaste obsessionnel jusque dans ses références et qui cite encore et toujours la poignée de films qui l’ont marqué (tous programmés lors de la rétrospective) : Journal d’un curé de campagne et Pickpocket de Bresson, La Prisonnière du désert de Ford, Ordet de Dreyer.
Retrouvez l’intégralité de la critique de Murielle Joudet.
Selfie de Tristan Aurouet, Thomas Bidegain, Marc Fitoussi, Cyril Gelblat et Vianney Lebasque
Avec Blanche Gardin, Manu Payet, Elsa Zylberstein
Malgré la désastreuse réputation de son objet, associé au narcissisme contemporain le plus décomplexé (je like, je poste, je photographie… donc je suis ?), Selfie, film à sketchs plutôt bien entouré puisque s’y croisent Blanche Gardin, Sébastien Chassagne (savoureux papa paumé d’Irresponsable) ou encore, à la réalisation, Marc Fitoussi, est assez aimable. C’est comme un Black Mirror à la française, moins futuriste et plus gentil, que se présentent ces saynètes. Leur emboîtement pourtant finit par produire une certaine lassitude, probablement parce que l’étroitesse de l’angle adopté et l’évidence qui s’y niche (les travers de l’hyperconnexion) peinent à générer un regard à chaque fois renouvelé sur le contemporain.
Retrouvez l’intégralité de la critique de Marilou Duponchel.
L’Apollon de Gaza de Nicolas Wadimoff
Avec la voix de Bruno Todeschini
En 2014, un pêcheur de Gaza trouve dans la mer une statue en bronze du dieu Apollon. Elle se trouve dans un état de conservation remarquable. Le pêcheur rêve d’abord qu’elle est en or, qu’il va pouvoir devenir riche, lui qui est pauvre. La nouvelle fait le tour du monde. Puis la rumeur galope et le ministère des Antiquités de Gaza vient saisir la statue, qui lui revient de droit. Des photos circulent. Nicolas Wadimoff, qui a déjà réalisé plusieurs films sur le conflit en Palestine, prend manifestement du plaisir à rencontrer des archéologues, des “trafiquants”, des sculpteurs de fausses antiquités, des collectionneurs, des rêveurs, de faux ou vrais escrocs (mais qui est qui ?), un archevêque orthodoxe, au milieu de leurs livres poussiéreux, de vieilles amphores, des plaques photographiques, des cactus rares, leurs trésors. On se croirait parfois dans Tintin.
Retrouvez l’intégralité de la critique de Jean-Baptiste Morain.
3 Aventures de Brooke de Yuan Qing
Avec Xu Fangyi, Pascal Greggory, Kam Kia Kee
Le premier film de la jeune cinéaste chinoise Yuan Qing (32 ans) s’apparente à un croisement entre le cinéma de Rohmer et celui de Hong Sang-soo. De Rohmer, Yuan Qing a le sens du paysage et de la nature, et la première partie du film, qui en compte trois, est un conte moral sur la confiance, se terminant par un pied de nez tout à fait succulent. Il rappelle énormément les Quatre Aventures de Reinette et Mirabelle, sa légèreté, sa cruauté aussi, ne serait-ce que parce qu’il met en scène deux jeunes femmes qui ne se connaissent pas. De Hong Sang-soo, il a le formalisme. Entre respect de la tradition d’un certain cinéma et renouvellement, un film chinois vraiment très étrange, charmant et singulier.
Retrouvez l’intégralité de la critique de Jean-Baptiste Morain.
Douze Mille de Nadège Trebal
Avec elle-même, Arieh Worthalter, Liv Henneguier, Juliette Augier, Françoise Lebrun
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Douze Mille est d’abord étonnant, assez éloigné de ce que l’on peut attendre, et parfois redouter, d’un premier film de fiction. Son sujet est plutôt ingrat puisqu’il s’agit, pour l’essentiel, d’argent (mais pas que). Le film s’en empare d’une main ferme et sensuelle, tendre et revêche. Malgré l’audace du propos, le résultat a un goût d’inachevé. Comme les ondes d’un galet jeté dans l’eau, le film finit par se dissoudre, un peu empêché par un scénario riche mais resserré, sans doute plus travaillé par sa recherche d’originalité que par le souffle d’incarnation de sa propre fiction. Dommage.
Retrouvez l’intégralité de la critique de Marilou Duponchel.
Swallow de Carlo Mirabella-Davis,
Avec Haley Bennett
Sur le papier, Swallow coche toutes les cases et tous les tics des films indépendants éclos dans le giron de Sundance. Son premier long métrage n’en demeure pas moins une surprise et son pitch est, lui, tout sauf déjà vu : Swallow décrit la déchéance domestique d’une femme au foyer souffrant de la maladie de Pica, une névrose consistant à ingérer des objets aussi divers et incomestibles que des billes, piles et pinces à épiler. Réussir à tenir cette audace avec humour est le pari réussi de cet ovni au climat rétro, dont la tension cotonneuse s’effiloche malgré tout un peu dans sa dernière partie.
Retrouvez l’intégralité de la critique d’Emily Barnett.
Séries
Sex Education saison 2 A partir du 17 janvier sur Netflix
Coller ensemble l’éducation et la fiction, tel est l’un des principes de base de Sex Education, comédie teen et hit surprise de Netflix l’année dernière, déjà de retour pour une nouvelle fournée d’épisodes sautillants. Il arrive que, dans son désir d’embrasser le plus largement possible la vie des teens, Sex Education s’égare. Il faut un certain temps pour retrouver le charme des débuts, pour comprendre que l’on ne regarde pas cette série pour plonger corps et âme dans une odyssée enveloppante. Au contraire, tout est fait pour sortir spectateurs et spectatrices d’un état contemplatif et remettre en permanence du quotidien derrière les couleurs vives et le ton enjoué des dialogues. Au bout du compte, Sex Education se donne pour mission de mettre des mots et des images sur des concepts mal compris ou ignorés.
Retrouvez l’intégralité de la critique d’Olivier Joyard.
The Outsider sur OCS City
Lorsque le corps affreusement mutilé d’un garçon de 11 ans est retrouvé aux abords d’une petite ville d’Oklahoma, le détective Ralph Anderson (Ben Mendelsohn) arrête immédiatement Terry Maitland (Jason Bateman), entraîneur respecté de l’équipe de baseball locale dont les empreintes digitales et l’ADN inondent la scène de crime. Dépliée sur un tempo retenu à la lisière du contemplatif, The Outsider met plusieurs épisodes à dévoiler pleinement son jeu et plus précisément son genre. Abordé du point de vue désorienté du faux coupable, le drame judiciaire est rapidement escamoté au profit d’un thriller policier à la facture classique.
Retrouvez l’intégralité de la critique d’Alexandre Büyükodabas.
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