Quels sont les films à aller voir, les séries à regarder, ou pas, ce week-end ? Pour en avoir un indice, voici l’avis de nos critiques.
Films
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
The Irishman de Martin Scorsese
Avec Robert De Niro, Al Pacino, Joe Pesci, Harvey Keitel
The Irishman ou la vie, des sixties jusqu’aux années 1990, de Frank Sheeran (Robert De Niro), simple camionneur qui (par appât du gain, de l’amitié et de la fiction) rejoint le crime organisé et devient l’homme de main du charismatique Russell Bufalino (Joe Pesci) auquel il restera fidèle toute sa vie. Nul éloge viriliste et complaisant de la camaraderie ici, tant tout le film avance à l’énergie d’une lucidité douloureuse mais toujours canaille. A vouloir filmer la mort, The Irishman ne pouvait qu’être une splendide réflexion sur les acteurs et leurs deux corps, comme il en est des rois : l’un mortel (et nié sans cesse par la machine cinéma), et l’autre éternel.
Retrouvez l’intégralité de la critique de Murielle Joudet.
Proxima d’Alice Winocour
Avec Eva Green, Matt Dillon
Qu’est-ce que Proxima, troisième long métrage de la cinéaste Alice Winocour ? Un drame non pas perdu dans l’espace mais au contraire très terrestre et terrien, une aventure physique, plus que méta ; un film non pas d’aventure, mais sur le temps qui la précède, cet “avant” du départ, de l’arrachement à un lieu et du déchirement de la séparation. Cette épreuve, Sarah, astronaute, va la vivre, l’éprouver dans sa chair, elle qui est mère d’une fille de 7 ans. Choisie pour faire partie d’une mission sur Mars, elle devra s’acclimater à cette idée au cours des quelques mois de préparation que le film relate. Une fable, sobre et belle, sur l’art douloureux de tout quitter.
Retrouvez l’intégralité de la critique d’Emily Barnett.
Sympathie pour le diable de Guillaume de Fontenay
Avec Niels Schneider, Ella Rumpf, Vincent Rottiers
Nous sommes à Sarajevo durant le siège de la ville au début des années 1990. C’est ce sombre épisode de l’histoire moderne, particulièrement meurtrier, que Guillaume de Fontenay a choisi de restituer dans son premier film. Plus précisément la vie d’un grand reporter de guerre aussi provocateur qu’éclatant : Paul Marchand (Niels Schneider). Idée passionnante au demeurant, réinvestir une personnalité aussi charismatique dans un contexte politique aussi trouble présentait un risque. De fait, le film semble vouloir traiter ces deux sujets (Marchand et le siège de Sarajevo) à égalité mais ne parvient à cerner aucun des deux.
Retrouvez l’intégralité de la critique de Ludovic Béot.
Gloria Mundi de Robert Guédiguian
Avec Ariane Ascaride, Gérard Meylan, Jean-Pierre Darroussin, Anaïs Demoustier, Robinson Stévenin, Grégoire Leprince-Ringuet
Le film débute par une naissance, celle de Gloria, la fille de Mathilda (Anaïs Demoustier), elle-même fille de Sylvie (Ariane Ascaride, récompensée pour ce rôle à la Mostra de Venise) et belle-fille de Richard (Jean-Pierre Darroussin). Car le père biologique de Mathilda, Daniel (Gérard Meylan), est absent depuis longtemps : il est en prison pour avoir tué un flic pendant un casse. Sur le mode mélodramatique qui est le sien, Guédiguian décrit un monde qui va, ou même qui touche déjà, à sa perte. C’est sur ce constat terrifiant, et un regard caméra qui nous regarde, nous spectateurs, et nous interroge (« Vous avez vu ? Est-ce ainsi que les hommes vivent ? Ne pouvez-vous pas faire quelque chose, vous ?) que se clôt ce récit effrayant et bouleversant.
Retrouvez l’intégralité de la critique de Jean-Baptiste Morain.
Chanson douce de Lucie Borleteau
Avec Karin Viard, Leïla Bekhti, Antoine Reinartz
Le temps de l’adaptation cinéma est venu pour le Goncourt 2016 et c’est comme si, de nouveau, un cran de violence devait être franchi. Pas certain que cette approche satisfasse les fans hardcore du roman de Slimani, dont Borleteau sacrifie quelque peu la précision sociologique et psychologique, délaissant l’idée percutante du transfert de maternité au profit d’un traitement frôlant le thriller. Chanson douce a d’autres qualités : quelques bouts de contemporain bien croqués, l’intensification d’une actrice jusqu’ici discrète qui aime de plus en plus montrer les crocs (Leïla Bekhti).
Retrouvez l’intégralité de la critique de Théo Ribeton.
Indianara d’Aude Chevalier-Beaumel et Marcelo Barbosa
Des années 1990, où le sida tua en masse, à l’assassinat chaque année, par centaines, de personnes trans au Brésil, les cadavres s’empilent autour d’Indianara, dans l’indifférence quasi-générale de son pays. Si la révolutionnaire trans n’est pas à proprement parler l’incarnation du vainqueur politique, que son combat fait face à un mur d’inaction et de refus de soutien des dirigeants – constat amer sur lequel le film s’achève en 2017 et que l’on s’imagine encore pire depuis l’arrivée du président Bolsonaro à l’aube de 2019 –, le film restitue naturellement ce qui est propre à toutes les grandes figures politiques et qui caractérise son héroïne : une force d’attraction sans pareille.
Retrouvez l’intégralité de la critique de Ludovic Béot.
Tenzo de Katsuya Tomita
Avec Chiken Kawaguchi, Shinko Kondo, Ryugyo Kurashima
https://www.youtube.com/watch?v=7Txa8FrTrXA&feature=emb_title
La curiosité de Katsuya Tomita ne connaît décidément aucune limite. Après les yakuzas (Above the Clouds), les non-lieux urbains et leurs zonards (Off Highway 20), la communauté nippo-brésilienne et ses rappeurs (Saudade) et les bordels thaïlandais (Bangkok Nites), le voilà s’intéressant aux moines bouddhistes. Fruit d’une commande (de l’association des jeunes moines d’un temple, dont est issu le cousin du cinéaste, par ailleurs un des deux protagonistes), durant à peine plus d’une heure et filmé en équipe réduite, Tenzo est un film modeste sur, ça tombe bien, la modestie — ce qui ne l’empêche nullement d’être perçant.
Retrouvez l’intégralité de la critique de Jacky Goldberg.
A couteaux tirés de Rian Johnson
Avec Ana de Armas, Daniel Craig, Christopher Plummer
A couteaux tirés, débute sur la mort (suicidaire ou criminelle, that’s the question) d’un célèbre écrivain de romans à mystère (Christopher Plummer), le soir de ses 85 ans, dans son manoir qu’on croirait “dessiné pour une partie de Cluedo”, comme le souligne un personnage (le film regorge de ce genre de clins d’œil méta), en présence de sa pléthorique famille. En résulte un impeccable « divertissement pour tous » qui, sans atteindre le sommet de Looper (Rian Johnson, 2012), se distingue par son élégance et son intelligence, au sein d’une industrie de plus en plus rétive à ce type de proposition.
Retrouvez l’intégralité de Jacky Goldberg.
L’Orphelinat de Shahrbanoo Sadat
Avec Qodratollah Qadiri, Sediqa Rasuli, Anwar Hashimi
A la fin des années 1980, les rues de Kaboul regorgent de salles de cinéma. Profitant de cet âge d’or paisible, un garçon des rues troque des tickets avant d’être pris la main dans le sac et placé dans un orphelinat. Inspiré des journaux intimes du cousin de cette cinéaste afghane de même pas 30 ans, le film adopte le regard de cet alter ego miniature pour retracer les mutations d’un pays, à la veille de son embrasement. Le film, à la manière de son héros, bientôt noyé dans un récit choral, semble chercher un point d’ancrage sans jamais le trouver, nouant et dénouant des séquences de groupe et de rêve pour constituer un bloc qui, malheureusement, se désagrège trop vite.
Retrouvez l’intégralité de la critique de Marilou Duponchel.
Moonrise de Frank Borzage
Avec Dane Clark, Ethel Barrymore, Rex Ingram
Si esthétiquement le film réanime certains tableaux de l’expressionnisme allemand, de Lang à Murnau, Moonrise s’enroule petit à petit d’une quiétude inattendue qui abandonne petit à petit la noirceur du genre, suspend le déterminisme supposé de son héros pour lui substituer une douceur propre à son metteur en scène. Aucun fatalisme chez Borzage, mais un long chemin de son héros vers la rédemption tel Raskolnikov chez Dostoïevski, grâce à la parole et le perfectionnisme moral de ceux qui l’entourent et l’accompagnent vers la rémission et la liberté.
Retrouvez l’intégralité de la critique de Ludovic Béot.
Séries
The Mandalorian – Sur Disney + (seulement aux Etats-Unis)
Situé chronologiquement entre la chute de l’Empire et l’avènement du Premier Ordre (soit entre Le Retour du Jedi et Le Réveil de la Force), The Mandalorian suit les pérégrinations galactiques d’un mystérieux chasseur de prime, l’un des derniers Mandaloriens, cette caste de guerriers légendaires vêtus d’armures intégrales, dont le mythique Boba Fett fut l’un des fiers représentants dans la trilogie originale. Plus minimalistes qu’attendu, les deux premiers épisodes de The Mandalorian brillent par leur simplicité, autant formelle que narrative. Loin de nous asphyxier de références obscures à l’univers étendu, la série expose son récit avec une économie salutaire, qui renoue paradoxalement avec la dimension mythologique de la saga.
Retrouvez l’intégralité de la critique de Léo Moser.
La Maison des Bois de Maurice Pialat – Disponible sur Arte.tv jusqu’au 17 mai 2020
Il y a cinquante ans se jouait l’un des plus beaux étés de l’histoire des séries françaises. Dans l’Oise, Maurice Pialat tournait les sept épisodes de ce qu’on appelait alors un feuilleton, sept épisodes racontant le quotidien d’un village pendant la Première Guerre mondiale. Si l’esprit de la série est celle d’une dramatique historique, un genre alors prestigieux à la télévision française, rien ne sent les vieux meubles ou les récits grisonnants. Les histoires glissent fluidement et dérivent au gré des scènes. Aujourd’hui, La Maison des bois reste un monument cinéphile davantage qu’une stèle de la sériephilie. A tort. Il est peut-être temps de mettre derrière nous cette division des regards.
Retrouvez l’intégralité de la critique d’Olivier Joyard.
Mortel – Disponible sur Netflix
Discrètement ajoutée à son catalogue par Netflix, Mortel parviendra-t-elle à conjurer le maléfice attaché aux productions françaises du géant du streaming ? Si cette histoire d’adolescents pactisant avec une divinité pour élucider la disparition du frère de l’un d’entre eux manque de finesse, elle renvoie Marseille, Plan cœur ou Osmosis dans les cordes et confirme plutôt l’élan de Marianne, qui finissait par séduire par son humilité bricolo. La série déjoue ainsi le parallèle éculé entre acquisition de facultés surnaturelles et trouble de la puberté pour faire des premières le vecteur d’une connexion humaine.
Retrouvez l’intégralité de la critique d’Alexandre Büyükodabas.
{"type":"Banniere-Basse"}