Quels sont les films à aller voir, ou pas, ce week-end ? Pour en avoir un indice, voici l’avis de nos critiques.
90’s de Jonah Hill
Avec Sunny Suljic, Olan Rrenatt, Na’kel Smith
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https://www.youtube.com/watch?v=Igfhy3Q5CeI
La façon dont Jonah Hill, dès le début de son premier long métrage, pose son décor, son intrigue (somme toute très simples), mais aussi son regard, un authentique regard de cinéaste, est remarquable. Chaque plan résulte là d’une nécessité vitale, chaque scène semble comme arrachée au sirop mémoriel qui irrigue fatalement un film nommé 90’s (Mid90s, en VO), pour être restituée dans toute l’amertume et la violence de son présent. Fortement autobiographique, 90’s raconte la découverte, par un kid de L.A. nommé Stevie, du skateboard et de sa culture. C’est un film qui entend se replonger dans une époque bénie –pour celui qui le réalise autant que pour l’auteur de ces lignes–, et célébrer la candeur des derniers feux d’un monde sans internet. Mais c’est surtout un film qui ne se contentera pas d’aligner, pour seul programme, les signes extérieurs de coolitude.
Retrouvez l’intégralité de la critique de Jacky Goldberg.
L’Adieu à la nuit d’André Téchiné
Avec Catherine Deneuve, Oulaya Amamra, Kacey Mottet-Klein
C’est un film qui marche vers l’inconnu. Le bel et terrifiant inconnu. Incarné par une énigme arborescente : comment Alex, jeune Français perdu mais sans plus, peut-il se convertir à l’islam radical et, à l’aune de cet extrémisme, préparer son départ vers la Syrie pour y combattre dans les rangs de Daech ? Rameaux de ce mystère : comment les familiers du jeune homme, notamment Muriel, sa grand-mère, vont-ils réagir à cet engagement et tenter de le contrarier ? Par tous les moyens du cinéma (cadre, lumières, son, montage) L’Adieu à la nuit métamorphose cette actualité précisément datée (l’année 2015) en un imaginaire collectif qui vaut pour aujourd’hui.
Retrouvez l’intégralité de la critique de Gérard Lefort.
Monrovia, Indiana de Frederick Wiseman
https://www.youtube.com/watch?v=NsCy5dCHUiM
A près de 90 ans et après plus d’une quarantaine de films, le documentariste américain propose cette fois-ci la description, sur un ton apparemment badin, faussement innocent, voire ironique, d’une petite ville de l’Indiana (1400 habitants), Monrovia. Wiseman scrute une ville qui ressemble à la caricature qu’on se fait d’une petite ville américaine telle qu’elle a été popularisée par le cinéma et les séries américains. Derrière tout cela, bien sûr, il y a une critique. Une métaphore, à échelle réduite, des tiraillements de tout un pays. Un grand film.
Retrouvez l’intégralité de la critique de Jean-Baptiste Morain.
Avengers : Endgame de Anthony Russo et Joe Russo
Avec Robert Downey Jr., Brie Larson, Chris Evans
C’est donc un pot de départ. Que faut-il pour réussir un pot de départ ? Un copieux buffet, une ambiance décontractée, mais surtout un discours. Celui d’Avengers est à plusieurs voix, forcément, mais celle du chef de chœur ne peut être que le bagou éculé de Robert Downey Junior. Final mollasse pour la saga superstar de la décennie : les Avengers premier cycle sortent par la petite porte, non sans une goutte de spleen.
Retrouvez l’intégralité de la critique de Théo Ribeton.
Mais vous êtes fous d’Audrey Diwan
Avec Pio Marmaï et Céline Salette
Romain et Camille ont tout du couple bobo parfait : un bel appartement, des métiers prenants, deux adorables petites filles. Mais un soir, l’une d’elles est victime d’un malaise cardiaque et sauvée in extremis à l’hôpital. Ce père a priori irréprochable mais cocaïnomane invétéré est alors accusé d’avoir empoisonné sciemment sa fille. Malgré une deuxième partie moins convaincante, le film esquisse une assez belle allégorie sur le couple, la responsabilité morale et épidermique d’être parent, de vivre à plusieurs, et ces gestes coupables, suivis, parfois, d’une impossible rédemption.
Retrouvez l’intégralité de la critique d’Emily Barnett.
Je vois rouge de Bojina Panayotova
https://www.youtube.com/watch?v=Apkaf1z9Vn8
Bojina retourne en Bulgarie, à Sofia, avec une idée en tête : comprendre l’implication de sa famille pendant le régime soviétique. Ont-ils été surveillés par ce dernier ou au contraire en ont-ils été les complices ? Caméra au poing, multipliant les sources d’images (iPhone, « écrans splittés » de Skype, caméra de sécurité), la jeune femme se lance dans une enquête familiale paranoïaque. Je vois rouge est surtout, et c’est son versant le plus poignant, la confrontation de deux générations. Les enfants du postcommunisme, affamés de vérité, d’images, de transparence et de justice face aux témoins du régime, tiraillés entre l’oubli et les réminiscences du passé.
Retrouvez l’intégralité de la critique de Ludovic Béot.
House by the river de Fritz Lang
Avec Louis Hayward, Jane Wyatt, Lee Bowman
Un jour, alors que sa femme est en déplacement, il essaie de l’embrasser : celle-ci se débat, Byrne la retient et tente de la faire taire car un visiteur sonne à la porte. Le regard sur l’entrée, l’homme ne se rend pas compte qu’il étrangle la jolie servante (Lang aurait voulu qu’elle soit noire mais les producteurs s’y opposent) qui tombe à ses pieds.
Retrouvez l’intégralité de la critique de Murielle Joudet.
Un tramway à jérusalem d’Amos Gitai
Avec Mathieu Amalric, Yaël Abecassis, Yuval Scharf
Film à sketches, Un tramway à Jérusalem est régi et rythmé par la saynète invitant tour à tour une mosaïque de personnages à monter dans son tramway, qui prend ici les airs d’une tour de Babel à l’horizontale. Si le résultat est imparfait, Gitaï a le mérite de tisser à partir de presque rien le portrait pluriel et utopique d’une société qu’on aurait compressée dans une maison ouverte sans frontière et dont l’unique adage serait l’acceptation de l’autre et l’échange plutôt que la stigmatisation, la haine ou le rejet. Parce qu’il a tué, parce qu’il a traversé un cauchemar, Byrne devient enfin un vrai écrivain. En termes langiens, pas de fiction sans culpabilité.
Retrouvez l’intégralité de la critique de Ludovic Béot.
Aujourd’hui, rien de Christophe Pellet
Avec Pierre Emö, Yuming Hey, Sergio Daniel Ramirez
https://www.youtube.com/watch?v=5WOfVODf6ds
Cesare Pavese et Jean-Luc Lagarce ont tenu un journal intime jusqu’à la fin de leurs vies. Le premier s’est donné la mort suite à une déception amoureuse, le second a été emporté par le sida. Dans son premier long métrage en forme de carnet filmé, l’auteur et dramaturge Christophe Pellet fait résonner leurs phrases avec un quotidien mélancolique marqué par la solitude et l’angoisse de la création. D’un effeuillage dansé comme un hommage à un cul aux couleurs saturées que la caméra semble vouloir pénétrer, ces fragments érotiques arrachés à la nuit sont autant d’éclats de vie.
Retrouvez l’intégralité de la critique d’Alexandre Buyukodabas.
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