Une bande de strip-teaseuses new-yorkaises se lance dans l’escroquerie. Une histoire de sororité face à la violence capitaliste, et une JLo en grande forme.
de Lorene Scafaria
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« This is a story about control », chantait Janet Jackson dans un fameux single (Control, 1986), ici repris opportunément en incipit. Une histoire de contrôle de soi, de son corps et – c’est là que ça se complique – du corps des autres. Ou comment une poignée de jeunes femmes, pour reprendre possession de leurs vies essoufflées et de leurs cartes bleues évaporées, s’arrogent le droit de siphonner celles d’hommes ayant commis l’imprudence de tomber sous leurs griffes manucurées.
Le troisième long métrage de Lorene Scafaria (dont n’est sorti en France que le premier, et pas terrible, Jusqu’à ce que la fin du monde nous sépare, en 2012) s’inspire de faits réels (comme aujourd’hui la plupart des fictions américaines qui ne sont pas adaptées de comic-books ou de littérature adolescente), en l’occurrence de la destinée d’une bande de strip-teaseuses new-yorkaises impliquées dans une affaire d’escroquerie à la carte de crédit.
Extorsion de fonds sous MDMA
Le film suit plus particulièrement le trajet de Destiny et Ramona (respectivement Constance Wu et Jennifer Lopez), deux collègues devenues amies en 2007 dans un strip-club peuplé de traders et de jet-setters (très belle scène avec Usher), qui se lancèrent, sitôt la crise des subprimes passée, dans l’extorsion de fonds sous MDMA.
La description du quotidien de ces travailleuses du sexe et des mécanismes de solidarité qu’elles inventent constitue la meilleure part du film. Plutôt que de s’aventurer sur les contrées de Showgirls, chef-d’œuvre de Paul Verhoeven où les prolos de la pole faisaient tournoyer la violence subie en cercle concentrique, Scafaria décrit au contraire, dans un geste qui rappelle davantage le stratège Soderbergh, la constitution d’une sororité extériorisant la violence capitaliste en direction des hommes qui en sont responsables en premier lieu (à Wall Street, donc).
Le film manque malheureusement de précision pour totalement convaincre. Le personnage de journaliste conduisant les interviews (et dont l’article est à l’origine du film) ne dépasse pas le simple gimmick (la caution « historie vraie »). Et le « rise and fall » de Destiny, Ramona et leur gang se contente de suivre le chemin le plus convenu qui soit. Reste le véritable atout : la Queen JLo dans un de ses meilleurs rôles, prodigieuse de bout en bout, meilleur effet spécial du monde, (Jenny from the) blockbuster à elle toute seule – définitivement hors d’atteinte.
Queens de Lorene Scafaria, avec Jennifer Lopez, Constance Wu, Julia Stiles (E.-U., 2019, 1 h 47)
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