Queenie est une jeune femme de son temps, de celles qui, d’un rictus mutin, parviennent instantanément à bouleverser l’emploi du nôtre. 24 ans et des velléités d’actrice, bien née et mal fiancée à un broker falot, Queenie aime à clamer qu’”il n’y a que le sexe dans la vie” pour mieux s’avouer que la poursuite […]
Queenie est une jeune femme de son temps, de celles qui, d’un rictus mutin, parviennent instantanément à bouleverser l’emploi du nôtre. 24 ans et des velléités d’actrice, bien née et mal fiancée à un broker falot, Queenie aime à clamer qu' »il n’y a que le sexe dans la vie » pour mieux s’avouer que la poursuite du bonheur passe par la case Amour. Mais Queenie croit-elle aux contes de fées ? Elle devrait, tant Amos Kollek semble désormais pleinement adhérer à ce genre. Un rien paresseux mais maître de ses atouts, Kollek ne varie pas son jeu d’un iota : même terrain (l’East Village), même comédiens (hormis Anna T. dont la défection tendrait à prouver que le système Kollek fonctionne indépendamment de la présence de sa Galatée) mais distribution des rôles sensiblement différente. Valerie Geffner et Victor Argo, figures de second plan dans Fast food, fast women font ici offices de pivots et de révélations. Elle, c’est Queenie, donc, et lui Horace, sexagénaire atrabilaire et cancéreux, finalement miraculé par la romance. Leur adjoignant une galerie de personnages satellites Kollek n’a plus qu’à se concentrer, avec un brio certain, sur la circulation de ses pions, misant davantage sur l’énergie déployée par ses acteurs et sur un art consommé du timing et de l’ordonnancement des séquences que sur les idées de mise en scène ? pas franchement son fort, reconnaissons-le. La tentation de la béatitude, dangereux écueil, n’est jamais loin mais Kollek, jusque dans le very happy ending, désamorce ce terrain miné de mièvrerie en grippant sa mécanique des grains de poivre hérités de ses films précédents : équivoque des situations, indétermination génétique, dynamitage des tabous et revendication dionysiaque d’une sexualité (à/en) crue et à tout âge. N’en déplaise aux alleniens et polinâtres, cette Queenie délurée, frayant pourtant dans les mêmes eaux, surclasse aisément une Amélie doucereuse ou un Woody de plus en plus souffreteux.
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