La sœur de Nicolas se lance derrière la caméra pour un teen movie lourd et gauche, à la morale assez vaseuse.
Dans la famille Bedos, je demande la sœur. Victoria, cadette de Nicolas, signe son premier film en tant que réalisatrice après une carrière assez versatile passée par le journalisme, la littérature, la chanson et le scénario, dont notamment celui de La Famille Bélier. C’est, comme on pouvait a minima l’espérer, moins misogyne, vulgaire et clinquant que les films de son frère. Pourtant ce n’est pas bien meilleur.
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La plus belle pour aller danser se pose dans les standards du teen movie, en suivant l’arrivée dans un nouveau lycée de Marie-Luce, adolescente solitaire, bibliophile fan de Cioran, timide à l’école, mieux à son aise dans la compagnie farfelue et distrayante des vieux zinzins (interprétés par une jolie collection de vétérans : Pierre Richard, Olivier Saladin, Guy Marchand, Firmine Richard…) qui peuplent la pension familiale tenue par son veuf de père (Philippe Katerine). Marie-Luce va tomber amoureuse de l’autre nouveau de sa classe, Émile, mais une soirée va l’amener à se présenter à lui sous une fausse identité masculine : un alter ego baptisé Léo, dans la peau duquel l’adolescente va à la fois surmonter sa timidité, gagner les faveurs de ses camarades et s’enfermer dans un dangereux mensonge.
Un film dysfonctionnel
Le film se rêve, lui aussi, dans beaucoup de peaux qui ne sont pas les siennes, et qu’il enfile avec une ostentation pachydermique. Celle, d’abord, du conte désuet, qui inspire à Victoria Bedos une mise en scène parsemée d’enfantillages, un abus du quiproquo et du déguisement, où les personnages passent leur temps à gesticuler dans des stratagèmes de théâtre de guignol, en surjouant avec une connivence lourdingue. Celle ensuite du néo-teen movie queer, avec l’évidente parenté de Tomboy de Céline Sciamma que Bedos souligne dans des scènes clippesques totalement gratuites (Marie-Luce courant dans les rues sur des nappes d’électro-pop à la Para One).
Bedos a surtout l’air de ne pas du tout savoir où elle va, dans ce film presque intégralement dysfonctionnel, au rendu à la limite de l’amateurisme (on agonise d’ennui face à l’inertie de toutes ses scènes, les rebondissements visibles vingt minutes à l’avance et exécutés avec une gaucherie sidérante) et dont on n’est pas totalement certain qu’il fasse exprès de dire ce qu’il dit de son sujet. C’est en tout cas l’excuse qu’on aimerait lui offrir, sans quoi il semblerait bien que le film justifie dans son dernier acte la reconversion hétéro d’un jeune gay. Même le frère n’aurait pas osé.
La plus belle pour aller danser de Victoria Bedos avec Brune Moulin, Philippe Katerine, Pierre Richard – en salle le 19 avril
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