Un épais mélodrame romanesque dans le sempiternel décor du Paris d’antan, décourageante machine à box-office et à prestige clinquant.
Situé chronologiquement après Au revoir là-haut, le Goncourt de Pierre Lemaitre sur les mésaventures de deux poilus dans le Paris de l’après-guerre, adapté par Albert Dupontel avec le succès que l’on sait (deux millions d’entrées, deux César), Couleurs de l’incendie en reprend une poignée de personnages secondaires, pour raconter une histoire tout à fait différente. Son décor n’est plus celui d’une France d’après-guerre bricolant sa survie, mais d’un pays aux plaies pansées, en reconquête industrielle, où la riche héritière Madeleine Péricourt (Léa Drucker, succédant dans le rôle à Émilie Dequenne) va voir se retourner contre elle un conseiller qu’elle se croyait allié (Benoît Poelvoorde), avide d’usurper la fortune de son défunt père.
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Romanesque enfariné
L’arrière-fond change, les enjeux aussi, mais ce qui ne bouge pas, ce qui ne bougera manifestement jamais, c’est cette satanée qualité française qui continue de nous infliger une fois l’an, et généralement à la même époque, ce même spectacle de romanesque enfariné, boosté aux hormones de la superproduction Gaumont, éternellement embaumé dans son immuable passéisme décoratif. Certaines années, ça s’incarne un petit peu (Illusions perdues), d’autres, pas du tout (ici, donc), mais, dans tous les cas, cela reste un morne et infernal continuum : les mêmes costumes, les mêmes dorures, les mêmes tacots de location, les mêmes surcouches de maquillage, les mêmes mouvements de grue… Le récit défile, les acteurs jouent, les violons violonnent, les accessoiristes accessoirisent, et tout ce que l’on voit, c’est un cinéma mort, une espèce de grand barnum clinquant et inerte que l’on a vu mille fois, que l’on reverra mille autres, et dont l’éventuel succès et les probables César techniques nous endorment aussi sûrement qu’une dégustation de Beaujolais. Et donc il est comment, cette année, le cinéma-de-papa-nouveau ? On répondrait bien, mais on préfère rétorquer une autre question : est-il envisageable que le cinéma de studio français s’essaye à d’autres formats que le bal musette de luxe ?
Couleurs de l’incendie de Clovis Cornillac, sortie le 9 novembre.
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