Du 30 juin au 9 juillet, le Festival international du film de La Rochelle célèbrera une nouvelle fois le cinéma d’hier et d’aujourd’hui, à travers de nombreuses rétrospectives, des leçons de cinéma et des projections inédites. On fait le tour de ce riche programme pour vous conseiller quelques séances en particulier.
Rétrospective Bette Davis
Cette année, le FEMA met en avant la figure de la “reine d’Hollywood” et qui a longtemps détenu le record du plus grand nombre de nominations aux Oscars en tant que meilleure actrice. Bette Davies, connue comme un symbole de ténacité féminine, est l’une de ces actrices qui a su traverser plusieurs décennies de cinéma à une époque mythique durant laquelle les studios accrochaient et décrochaient à leur guise les étoiles dans le ciel d’Hollywood.
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Si sa carrière a été jalonnée de périodes plus difficiles, l’actrice a été récompensée pour de nombreux films : son rôle dans All About Eve de Mankiewicz lui a valu le Prix d’interprétation à Cannes en 1951 et l’un de ses films les plus marquants, L’Intruse, l’a auréolée d’un Oscar en 1935.
Avant-première : Fermer les yeux de Victor Erice
Cela faisait plus de trente ans que le cinéaste de L’Esprit de la ruche n’avait pas réalisé de long métrage de fiction. Autant dire que l’annonce, lors du dernier Festival de Cannes, d’un nouveau film du cinéaste âgé de 83 ans a créé de nombreuses attentes. Et c’est peu dire que Fermer les yeux ne nous a pas déçu·es. Comme le soulignait Olivier Joyard lors du dernier festival : “D’un calme majestueux et d’une simplicité radicale, Fermer les yeux s’ancre dans la tradition de l’art testamentaire et dans celle des hommages au cinéma, sans pour autant dérouler un programme joué d’avance. Comme son héros lancé dans une quête qui s’impose à lui, le film divague, trouve sa forme à mesure qu’il se déploie.” Le résultat est un film de 2 h 50 qui a “le parfum d’un voyage suspendu” et qui touche au sublime.
Cycle : Forever Godard
Avec son cycle “Forever Godard”, le FEMA rendra hommage au “maître de Rolle” qui nous a quitté·es le 13 septembre 2022. En plus de la version condensée des Histoire(s) du cinéma, qui dresse le bilan crépusculaire de plus d’un siècle de cinéma, nous pourrons découvrir le film posthume de JLG, projeté à Cannes en mai 2023 et intitulé Film annonce du film qui n’existera jamais “Drôles de guerres”. À ces films s’ajoute enfin une lecture des célèbres dialogues entre Godard et Duras par Joana Preiss et Olivier Martinaud. Ces échanges à la fois vifs, drôles et émouvants traitent tout à la fois de leurs pratiques artistiques, de la politique ou de la philosophie.
Rétrospective Sacha Guitry
Pour cette édition, la projection quotidienne d’un film emblématique de Sacha Guitry sera commentée par un·e spécialiste du cinéaste. L’œuvre cinématographique de Sacha Guitry, grand auteur de théâtre, se subdivise en trois groupes : les adaptations de ses propres pièces, les fantaisies historiques ainsi que les comédies noires.
Hormis l’adaptation de ses pièces, les scénarios de Guitry, guidés par une liberté folle, sont sous-tendus par une anti-théâtralité. Préférant les dérouler sur une durée délirante, les narrations développent une succession d’anecdotes agencées librement avec une virtuosité toujours renouvelée. Il fait partie de ces cinéastes qui ont su réaliser des chefs-d’œuvre renouvelant de fond en comble sa propre œuvre jusqu’à sa mort. Il n’est d’ailleurs pas interdit de voir dans son cinéma une source esthétique majeure de la Nouvelle Vague.
Avant-première : Simple comme Sylvain de Monia Chokri
En mai dernier, la cinéaste québécoise Monia Chokri avait illuminé la Semaine de la Critique avec sa comédie romantique, à la fois drôle et profonde, Simple comme Sylvain. On y suit une prof de philo, en couple depuis dix ans, qui un jour rencontre Sylvain, le charpentier chargé de rénover sa maison de campagne. Bien évidemment, c’est le coup de foudre. Comme le notait Marilou Duponchel dans nos colonnes, le film nous pose alors une question : “Aime-t-on, désire-t-on ce qui nous ressemble ou ce qui nous est étranger ?” Pour y répondre, le film épousera à la fois les codes de la comédie romantique, “tout en ramenant sans cesse le genre à une contemporanéité (la conjugalité et ses impasses) et à une lecture politique et sociale fondée sur cette vieille dichotomie ville/campagne, intellos/prolos”.
Hommage à Lars Von Trier
Fondateur du Dogme95, mouvement d’avant-garde du cinéma danois lancé en réaction aux productions majoritaires de l’industrie, Lars Von Trier s’est imposé dans le cinéma contemporain comme un maître incontesté. Son œuvre, qui contient un vivier d’idées inépuisable, est fortement marquée par un romantisme noir et une signature esthétique très marquée qui l’inscrit dans le sillage des réalisateurs comme de Andreï Tarkovski ou de David Lynch. Guidé par une énergie névrotique, le cinéaste danois radiographie visuellement le monde tel qu’il est en traitant les sentiments de violence vécus par les personnages.
Ses quatorze longs métrages seront projetés en commençant par Element of crime (1984), son premier film poussé par une inspiration douloureuse qui donne assurément le ton de son cinéma claustrophobique, à la fois audacieux et provocateur.
La rituelle leçon de musique du FEMA
Cette année, le FEMA inaugure une nouvelle leçon de musique. Si le festival organise généralement un hommage à un compositeur, vivant ou disparu, c’est cette fois une interrogation essentielle qui s’impose en thématique : “Comment écrire pour le cinéma d’animation ?”
Une question à laquelle Florencia Di Concilio, découverte avec le récit d’apprentissage Calamity de Rémi Chayé (2020), et Clément Ducol, qui a signé la musique de l’ambitieux Linda veut du poulet ! de Chiara Malta et Sébastien Laudenbach (2023), auront à cœur de répondre lors d’un débat animé par Stéphane Lerouge le vendredi 7 juillet.
Si depuis trois décennies, l’animation française a réussi à s’imposer en traitant de sujets liés à la société, à l’histoire et aux différences culturelles, et à se réinventer grâce à de nouvelles techniques, les problématiques liées à la bande originale n’ont pas forcément changé. Les compositeur·rices débattront sur leur différentes approches d’écriture devant l’image animée.
Avant-première : Le Ravissement d’Iris Kaltenbäck
Ce premier film présenté à la Semaine de la Critique nous plonge dans la vie de Lydia, une sage-femme très investie dans son travail et qui vit en parallèle une rupture amoureuse. Alors que sa meilleure amie lui demande de suivre sa grossesse, Lydia va peu à peu s’enfoncer dans la spirale du mensonge… C’est la merveilleuse Hafsia Herzi qui donne ses traits à Lydia. L’actrice et réalisatrice revenait d’ailleurs pour nous sur ce tournage si singulier, en immersion dans le milieu hospitalier.
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