Du 4 au 9 juillet aura lieu la 34ème édition du Festival International du Cinéma de Marseille, qui propose un programme riche d’une centaine de films, fictions et documentaires, courts et longs-métrages. Il portera de nouveau un regard attentif aux écritures singulières et aux formes émergentes. On fait le tour de ce programme pour vous proposer quelques séances en particulier.
Nouveau Monde ! ( Le Monde Nouveau) d’Elisabeth Perceval et Nicolas Klotz
Le tandem Elisabeth Perceval et Nicolas Klotz, qui œuvre depuis trente ans, est de nouveau de retour avec Nouveau Monde ! ( Le Monde Nouveau), qui sera présenté en compétition française. En une trentaine de films, de La Nuit bengali à Nous disons révolution, de Paria à La Question humaine, et des dizaines d’essais, journaux et voyages, le duo a su s’imposer comme une voix originale dans le cinéma, où réflexion politique et expérimentation visuelle constituent la matrice de leur œuvre. Avec ce nouveau long-métrage, le couple arpente Ouessant, ce lieux insulaire au large de la Bretagne où Jean Epstein, en pleine crise après La Chute de la maison Usher, s’était retiré pour reprendre à nouveaux frais son cinéma et réaliser Finis Terrae (1928) et s’interroge : “Un siècle après, où en sommes-nous ?”. Le geste inaugural d’Epstein à l’esprit, le paysage d’Ouessant est filmé en de longs plans, de lents travellings insistants, à travers lesquels l’économie de leur cinéma semble redéfinie.
De Facto de Selma Doborac
Sept ans après Those Shocking Shaking Days, Selma Doborac revient avec De Facto, qui concourt dans la compétition internationale et avec lequel elle poursuit ses interrogations autour de la représentation de la terreur et de la déshumanisation. Ici, c’est une question radicale qui s’impose en thématique : Comment le cinéma peut-il mettre en scène les crimes contre l’humanité, la violence extrême et la terreur d’État sans en être complice ? Le dispositif de la cinéaste s’appuie sur un principe de décontextualisation (on ne sait jamais de quel camp, ou massacre, il est question) et de dépersonnalisation (on ne sait jamais qui parle, le travail de l’acteur étant réduit à l’acte de parole, à la pure diction du texte de la violence et de sa méditation). Elle dote de fait le cinéma d’une nouvelle potentialité d’appréhension de la terreur de masse.
Man in Black de Wang Bing
En-dehors de la compétition figure un programme intitulé Autre Joyaux dans lequel on retrouve le dernier film de Wang Bing sélectionné au Festival de Cannes dans la sélection Séance Spéciale intitulé L’Homme en noir. Le film documente la vie de l’un des compositeurs classiques modernes les plus importants de Chine, Wang Xilin, qui a été la cible de persécutions sévères durant la Révolution culturelle. Le réalisateur chinois fait rejouer au compositeur de 86 ans les scènes de violence de sa vie dans la Chine maoïste : les travaux forcés, les humiliations en place publique et les passages à tabac.
Les Filles du feu de Pedro Costa
Autre Joyaux accueille le dernier court-métrage du réalisateur portugais présenté également en Séance Spéciale au dernier Festival de Cannes. Son neuvième court-métrage narre l’histoire de trois sœurs incarnées par les chanteuses Elizabeth Pinard, Alice Costa et Karyna Gomes, qui sont contraintes de se séparer à la suite de l’éruption du grand Fogo, le point culminant du cap Vert. Conçu comme un triptyque, le film retrace successivement le parcours de ces trois sœurs. Le cinéaste s’est appuyé sur des images captées lors du tournage en 1994 au cap Vert, de Casa da Lava présenté la même année à Cannes au Certain Regard.
Film annonce du film qui n’existera jamais : Drôles de Guerres de Jean-Luc Godard
Le festival projettera l’ultime geste cinématographique de Jean-Luc Godard, qui, avant de mourir, a réalisé un court-métrage présenté en avant-première mondiale au Festival de Cannes. D’une durée de dix-neuf minutes, le film se présente comme un synopsis transformé en programme esthétique, une esquisse d’un film rêvé et la quintessence de son art du montage. À l’image, il est essentiellement constitué de plans montrant les pages du cahier préparatoire pour le film annonce d’un film qu’il ne tourna pas (Drôles de guerres). Le réalisateur l’avait accompagné du texte suivant : “Ne plus faire confiance aux milliards de diktats de l’alphabet pour redonner leur liberté aux incessantes métamorphoses et métaphores d’un vrai langage en re-tournant sur les lieux de tournages passés, tout en tenant compte des temps actuels.”
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