Le festival Cinéma du réel célèbre ses quarante ans, avec une riche programmation dont un film inédit de Raoul Ruiz. Une rétrospective allant de Jean Rouch à Chantal Akerman retrace les temps les plus marquants de l’écriture documentaire. Tandis qu’un livre marqué par la contribution d’une quarantaine de cinéastes et critiques interroge la représentation du réel
Comme chaque année depuis 1978, le Festival International du Documentaire Cinéma du réel s’invite une nouvelle fois au Centre Pompidou, ainsi qu’au Forum des images et au Luminor, pour une riche édition marquée par deux anniversaires. Celui d’abord des cinquante ans de 1968, auquel le festival consacre une programmation nommée « Pour un autre 68 », composée de nombreux films venu du monde entier et témoignant de l’embrasement mondial lors de cette année.
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Qu’est ce que le réel ?
Cette édition marque aussi les quarante ans du festival Cinéma du réel, qui s’est d’abord appelé « L’Homme regarde l’Homme », puis « Rencontres internationales du cinéma direct ». Pour son anniversaire, le festival propose une série de projections retraçant une histoire du cinéma du réel. Parmi ces films: D’Est de Chantal Akerman, une séance consacrée à Jean Rouch, ou encore The Messiah de William Klein.
Cette rétrospective s’accompagne par ailleurs d’un beau livre qui interroge, à nouveau, autant le réel, que l’évolution du « cinéma du réel », entre fiction et documentaire. A l’invitation de Andréa Picard, directrice artistique du festival, une quarantaine de réalisateurs, artistes, critiques et philosophes, comme Bruno Dumont, Claire Simon, Luc Moullet ou encore Nicole Brenez, livrent, avec des textes libres, des images, des montages, une tentative de réponse.
Du football, des rêves et des pécheurs japonais
Le festival Cinéma du réel sera composé, une nouvelle fois, de quatre compétitions. Dans celle consacrée aux cinéma international, on y verra le nouveau long-métrage du Roumain Corneliu Porumboiu, qui, cinq ans après Match retour consacré à son père ancien joueur et arbitre de football, retourne dans sa ville natale de Vaslui, pour un film, Footbal infinit, où il est question de modifier les règle du foot, mais aussi d’une chronique personnelle. La cinéaste Sophie Bruneau propose, elle, une chronique du capitalisme et des rêve des travailleurs dans Rêver sous le capitalisme.
Le Bresilien Karim Aïnouz revient, lui, dans Zentralflughafen – THF, sur la transformation de l’aéroport berlinois de Tempelhof en centre d’hébergement d’urgence pour les demandeurs d’asile. Un groupe d’étudiants de Mexico montant une représentation du Antigone de Sophocle sont, eux, au centre du film de Pedro González Rubio, Antigona, le premier qu’il tourne dans sa ville natale. Enfin, avec Minatomachi, le Japonais Kazuhiro Soda fait le portrait des habitants d’un village de pécheur sur les rives de la mer intérieure du Japon.
Le Gâtinais, Periscope et John McEnroe
Du coté de la compétition française, Pierre Tonachella livre le témoignage d’une jeunesse rurale prolétaire dans son Gâtinais natal avec Jusqu’à ce que le jour se lève. Grégoire Beil fait, lui, dialoguer des anonymes à partir du chat vidéo Periscope dans Roman national. C’est un dialogue avec son père, le documentariste américain d’origine irlandaise Arthur MacCaig, décédé en 2008, que Donal Foreman renoue dans The Image You Missed, mêlant ses propres images avec celle produite par son père. Le sport est également présent dans la compétition française avec L’Empire de la perfection, où Julien Faraut déconstruit, à l’aide d’archives, la mise en scène créée par le tennisman John McEnroe sur les courts, le tout accompagné par Mathieu Amalric en voix off.
S’ajoute, à cela, une compétition de premiers films et une autre consacré aux courts métrages, avec notamment un nouveau court de Jean-Marie Straub, Gens du lac, qui se déroule sur le lac Léman et témoigne de la mémoire de la résistance.
Le cannibalisme, la Jungle de Calais et Vertigo
Dans la section Ir/réel, on pourra voir Caniba des cinéastes-anthropologues Véréna Paravel et Lucien Castaing-Taylor, qui fait le portrait d’Issei Sagawa, condamné pour meurtre et cannibalisme à Paris en 1981. La Jungle de Calais sera au centre de L’Héroïque Lande (la frontière brûle) d’Elisabeth Perceval et Nicolas Klotz. Eugene Green y présentera son nouveau film, En attendant les barbares, tandis que Guy Maddin et Evan Johnson, proposeront, avec The Gree Fog, une variation autour du Vertigo d’Hitchcock à partir de plans de films et de séries tournés à San Francisco.
Un film inédit de Raoul Ruiz
L’événement en séance spéciale sera la projection de La Telenovela errante, film tourné en 1990 par le Franco-chilien Raoul Ruiz, décédé en 2011, et achevé par sa compagne et collaboratrice Valeria Sarmiento. Le festival se clôturera le dimanche 1er avril avec Un film d’Aquaserge de Guillaume Bordier, où le réalisateur tente de capter la création de la musique par le groupe Aquaserge lors d’une session d’enregistrement.
Festival Cinéma du réel, du 23 mars au 1er avril, au Centre Pompidou, Forum des images, Luminor et hors les murs. Plus d’informations par ici: http://blog.cinemadureel.org/
Livre: Qu’est-ce que le réel ? Des cinéastes prennent position, dirigé par Andréa Picard, post-éditions, 352 pages, 24€
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