Casting, réalisateur, titre et pitch : à l’occasion de la sortie de « Dalida », nous avons inventé 4 biopics, sur Michel Berger, Etienne Daho, Céline Dion et bien sûr Johnny Hallyday. Quel réalisateur pour porter à l’écran la vie de la chanteuse d’ »On ne change pas »? Quel acteur pour incarner notre Johnny national ? Quel titre donner à un film sur les débuts de Daho et quelles actrices pour interpréter les multiples femmes gravitant autour de Michel Berger ? Réponses fantaisistes et fantasmées.
Michel Berger
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Le titre : Quelques mots d’amour
Le pitch : La première partie de Quelques mots d’amour condense quelques années pivots dans la vie sentimentale de l’auteur-compositeur : de 1972 à 1978. Le film fait se succéder sa liaison vénéneuse avec la jeune Véronique Sanson (dont il produit les deux premiers albums) ; puis la rupture brutale du jeune couple de musiciens surdoués (Véro plante Michel en lui faisant croire qu’elle est juste sortie acheter des clopes) ; puis la consolation du pianiste dans les bras de sa nouvelle muse, l’ex-yéyé France Gall, à qui il offre une seconde vie artistique. Entre les deux, Michel écrit pour Françoise Hardy un hit propre à exorciser toutes les souffrances amoureuses : Message personnel. Dans la deuxième partie du film, après la mort de l’homme de leur vie (d’un infarctus en 1992 à 45 ans), les deux chanteuses s’affrontent autour de la mémoire du défunt, à coups de petites piques médiatiques et d’albums de reprises concurrents.
Le réalisateur : François Ozon
Il avait déjà utilisé Message personnel dans 8 femmes (interprété par Isabelle Huppert). Puis deux autres chansons écrites par Berger pour Françoise Hardy dans Jeune et jolie (Je suis moi et Première rencontre). Mais jamais à ce jour il n’avait mis au profit d’un de ses films un tube de France Gall ou de Véronique Sanson. Pour camper une histoire alternant le chagrin, l’éblouissement amoureux, le deuil et le ressentiment, le cinéaste de Sous le sable trouvera l’occasion de faire valoir toute la subtilité de sa palette, ironie comprise.
Le cast : Boucles brunes oblige et regard triste et doux de grand romantique, c’est à Louis Garrel qu’échoit le rôle du pianiste sensible. Quant à celui de sa groupie number one, France, c’est, après une âpre compétition, Anaïs Demoustier (blondie pour l’occasion) qui a décroché le rôle. Après un gros travail préparatoire avec un chorégraphe, l’actrice reproduit à la perfection le hochement de tête en saccades et le penché de buste en avant de son modèle. Pour jouer la tempétueuse Véro, Sara Forestier, tout en pattes d’eph’ et permanentée, déploiera son tempérament volcanique et une grande agilité technique à reproduire les frémissants vibratos de l’interprète d’Amoureuse. Dans des rôles secondaires, Àstrid Bergès-Frisbey interprète Françoise Hardy, l’acteur américain Joel Edgerton sera Stephen Stills, le comparse viril et bourru de Neil Young (Crosby, Stills, Nash and Young) pour qui Véro a quitté Michel. Et dans les scènes de préparation de la comédie musicale Starmania (1978), Felix de Givry (découvert dans Eden) interprétera Daniel Balavoine.
Etienne Daho
Le titre : (our) Own Private Daho
Le pitch : A la fin des années 70, le jeune homme est un vague étudiant de Rennes, fan de punk anglais, du groupe local star Marquis de Sade et de pop sixties yéyé. Il monte un concert de ses idoles, Elli et Jacno du groupe punk parisien Stinky Toys, et les fait venir à Rennes. Le concert est un flop, mais le coup de foudre est fulgurant. Etienne suit le petit couple moderne à Paris, tombe amoureux d’Elli, produit son premier album avec Jacno et devient en quelques années le petit prince branché de la pop française eighties.
Le réalisateur : Bertrand Bonello
Alors qu’il pensait ne plus revenir au cinéma pour se consacrer à la musique, Bertrand Bonello a retrouvé l’inspiration avec un biopic sur le chanteur de Week-end à Rome. Après avoir somptueusement évoqué les ors de la nuit parisienne des seventies (Saint Laurent), il s’intéresse à nouveau à la jeunesse (Nocturama), celle du Paris new-wave des années 80, dans une orgie de chignons bananes, de chemises à pois, de pantalons à pince et de grandes boucles créoles. Sur fond d’essor des Rita Misouko, de Taxi Girl et des photos de Pierre et Gilles.
Le cast : Après avoir été Thomas Bangalter des Daft Punk pour Mia Hansen-Love (Eden), Vincent Lacoste campe un Daho nubile et ébouriffé, droit dans son perf et ses docks. Autour de lui, s’agitent quelques papillons de nuits affolants : Marlon et Clémence du groupe La Femme ressuscitent avec lustre le glamour vintage d’Elli et Jacno ; Paul Hamy campe un Daniel Darc dans toute sa splendeur combustive ; le groupe Minuit, composé des enfants de Fred Chichin et Catherine Ringer, auront l’inhibante tâche de figurer leurs parents, les Rita Mitsouko ; Swan Arlaud interprète le charismatique Philippe Pascale, leader de Marquis de Sade ; Guillaume Gouix et Bastien Bouillon composent de charmants Pierre et Gilles ; enfin, le rôle du dandy décavé Alain Pacadis, chroniqueur-clubber en fusion des nuits dures, longues et poudrées, est imparti à Philippe Katerine.
Céline Dion
Le titre : Céline always
Le pitch : La petite Québécoise prodige, supportée par sa maman Thérèse, devient une vedette à 14 ans avec le hit francophone D’amour et d’amitié (1983). Et puis palier par palier, nous suivons Céline accédant à la fois à l’âge adulte, au marché américain, aux numéros 1 mondiaux et au ponton du Titanic. Sans rien ignorer de son grand amour œdipien avec ce cher René, deuil et résilience compris.
Le réalisateur : Xavier Dolan (évidemment !)
Depuis l’anthologique choré domestique sur On ne change pas dans Mommy, le wonderboy du cinéma québecois tournait autour d’un projet conçu entièrement autour de celle qualifiée par un des personnages de Mommy comme “notre monument national”.
Le cast : Ca faisait longtemps que le rôle lui faisait envie. Son compagnon Guillaume Canet avait même fait un petit appel de pied au destin en lui proposant un lip dub très au point sur Pour que tu m’aimes encore dans son dernier long-métrage, Rock’n Roll (sortie prévue le 15 février). Avec ce génie des accents, qui fait d’elle la digne héritière de Meryl Streep et de Michel Leeb, et cette science transformiste qui lui permet d’incarner aussi parfaitement la fillette des débuts que la grande dame pré-quinqua brisée par le veuvage, Marion Cotillard est donc une Céline Dion terrassante de conformité. Un nouvel oscar est d’ores et déjà acquis. A ses côtés, l’acteur fétiche de Denis Arcand (Les Invasions barbares, Le Déclin de l’empire américain…), Rémy Girard arbore un élégant bouc gris pour interpréter René. Vincent Elbaz est le JJ Goldman circa 95 qui lui apporte sur un plateau Pour que tu m’aimes encore. Owen Wilson, flanqué lui aussi d’un bouc postiche et le cheveu grisé, est un surprenant James Cameron (la scène de la visite de Céline sur le plateau de Titanic permet bien sûr à Xavier Dolan de se confronter à la scène originelle et absolue de son cinéma). Laurent Laffitte est inattendu mais parfait en Garou roucoulant Sous le vent. Quant à Anne Dorval, elle truste la performance la plus émouvante du film en jouant Thérèse, la maman de Céline, qui lui offre alors que celle-ci n’a que quatre ans, sa première clarinette. Un grand moment d’émotion.
Johnny Halliday
Le titre : Quoi, sa gueule ?
Le pitch : Ce tout premier biopic sur l’idole des jeunes (on ne comptabilise pas la fantaisie fictionnalisée Jean-Philippe de Laurent Tuel sortie en 2006) balaiera toute l’impressionnante carrière de celui qui a été le premier à faire du rock ‘n’ roll francophone. Passée la déception de ses premiers concerts au mythique Golf-Drouot quand, encouragé par ses amis Jacques Dutronc et Eddie Mitchell, il reprenait Elvis sous les sifflets du public, il va rapidement passer à la célébrité lors sa première tournée. Il assure alors la première partie de Sacha Distel et des phénomènes d’hystérie collective quasi-punk se produisent lorsqu’il se roule par terre et charme le public de ses variations de voix inspirées du King. Le film le voit surfer sur toutes les vagues et les décennies, vampire fardé (puis botoxé) s’abreuvant du sang neuf des compositeurs les plus bankables de chaque époque (Michel Berger, Jean-Jacques Goldman, Pascal Obispo, etc.).
Réalisateur : Laurent Tirard ou Jerome Salle (peu importe)
Pressenti un temps à la réalisation, Jalil Lespert a finalement préféré se consacrer à Karl, un autre biopic avec Christoph Waltz dans le rôle du célèbre créateur allemand aux mitaines et lunettes noires. A l’heure où nous écrivons ces lignes, nous ne savons pas encore si c’est Laurent Tirard (Le Petit Nicolas, Astérix et Obélix : Au service de sa majesté) ou Jérôme Salle (L’Odyssée, Largo Winch) qui réalisera Quoi sa gueule ?. L’un assurerait au film son ambition populaire, l’autre garantirait un biopic avec un Johnny plus brute et minéral.
Casting : “Ah que personne ne peut jouer Johnny”, c’est en ces mots que la star de 73 ans s’est exprimée à l’occasion de son 44e passage à Vivement Dimanche. Pathé a donc dû trouver une solution et c’est du côté des dernières avancées technologiques d’Hollywood que la puissante société de production française a trouvé son bonheur. A la manière de Peter Cushing ramené numériquement à la vie dans Rogue One, c’est un acteur ressemblant à Johnny qui interprétera le chanteur avant que, grâce à des effets spéciaux, son visage ne soit remplacé par celui de la star. Et qui de mieux que David Hallyday pour jouer ce rôle de support numérique. Si Johnny en personne sera présent dans les derniers plans du film, Quoi sa gueule ? deviendra donc le tout premier film français dont l’acteur principal sera composé de CGI (Computer Generated Imagery).
Le reste du casting est séduisant puisqu’y figurent Raphaël Personnaz prêtant ses beaux yeux bleus à Jacques Dutronc, Finnegan Oldfield dans la défroque rock à billy et bananée du jeune Eddie Mitchell, François-Xavier Demaison idéal en Michel Sardou et le frêle Micha Lescot dans le rôle de Jean-Jacques Goldman. Les femmes qui ont gravité autour de la vie de Johnny seront interprétées par Nora Arnezeder – dans le rôle de l’épouse Laetitia –, Laura Smet , qui, après avoir beaucoup hésité, a accepté d’interpréter sa maman, Nathalie Baye, et Louise Bourgoin, multipliant les robes lamées fendues sur le côté en Sylvie Vartan. A noter enfin que Serge Bozon fera une apparition en Jean-Luc Godard, avec lequel Johnny a tourné Détective en 1984.
Et en bonus… Michel Drucker!
Indispensable monsieur Loyal de 50 ans de variété française, inoxydable immortel qui a vu naître et mourir cinq générations de stars du showbiz (« On pense à toi, Dali…« , « Tu nous manques beaucoup, Cloclo… », « Regrets éternels, Barbara« , « Si tu nous regardes de là-haut, Charles Aznavour… » – ah non pardon, lui il est vivant), Michel Drucker sera en toute logique le personnage récurrent de ces quatre biopics. Et l’excellente idée est qu’un seul acteur a été choisi pour l’interpréter dans les quatre films !
L’heureux élu est le très onctueux Guillaume Gallienne, qui aura donc le loisir d’éclater de rire en se tapant sur la cuisse, de tartiner de miel toutes ses questions et demander à tout propos à nos idoles nationales : « Et sinon, vous aimez les chiens ? » Allez maintenant, Céline et les garçons, en scène!
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