L’errance nocturne d’un jeune Parisien. Un premier film à l’énergie toute poétique.
Antoine, 20 ans, a la nuit devant lui pour glaner quelques sous et partir, au petit matin, “voir la mer”. Premier long métrage de Tommy Weber, Quand je ne dors pas est le récit de cette déambulation nocturne, qui suit un programme simple et buissonnier dispersé dans les cafés, les fêtes et les appartements parisiens, autant de lieux auxquels Antoine n’appartient pas, mais dans lesquels il a pris l’habitude se faufiler.
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La modestie du film, son noir et blanc, son somnambulisme et son humour délicatement distillé ont de quoi rappeler le très beau Mutual Appreciation d’Andrew Bujalski (2005), avec lequel il partage une sorte d’éloge de la fuite porté par un personnage central savoureusement élusif et bluffeur.
Les deux films ont également en commun de ne raconter que l’errance, de se laisser guider (ou de faire semblant de se laisser guider) par un aléatoire de rencontres, et de faire planer autour d’eux le soupçon du “film pour rien”, soupçon dont ils se moquent allègrement.
Une énergie poétique insoupçonnée
Car c’est justement cette légèreté de cœur qui soustrait Quand je ne dors pas à la grammaire éculée du portrait de jeunesse nocturne et de “vie parisienne”, qualificatifs qui lui iraient assez mal tant le film évite les excès de sensualisme, filme un Paris très réel et froid, une nuit aux loisirs banals et vulgaires, et déverse une cascade de situations de lose qui gardent cachée sous leur cape la tonalité romantique que Tommy Weber finit tardivement par laisser éclore.
C’est toute la force du projet que cette façon de faire monter une énergie poétique insoupçonnée en ne s’installant jamais dans des postures et en puisant dans une matière très concrète et actuelle, ainsi que dans le bouillonnement parfois désarmant de son comédien Aurélien Gabrielli. Pour lui comme pour Weber, c’est un très convaincant coup d’essai.
Quand je ne dors pas (Fr., 2015, 1 h 22)
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