Le cinéaste de la Nouvelle Vague s’était initialement vu proposer ce projet de grande ampleur, avant de le présenter à Jean-Luc Godard, qui s’est lui aussi désisté.
Serge Toubiana, président d’UniFrance et ancien directeur de la Cinémathèque ainsi qu’ex-rédacteur en chef des Cahiers du cinéma, publie aujourd’hui L’amie américaine aux éditions Stock. Spécialiste de l’œuvre de Truffaut, l’auteur consacre ce nouveau livre à Helen Scott, une des plus proches collaboratrices du cinéaste – elle l’a rencontré lorsque ce dernier est venu présenter Les 400 coups aux Etats-Unis.
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Ainsi, IndieWire rapporte que dans un des chapitres du livre, on apprend qu’Helen Scott, figure méconnue ayant participé à la diffusion des films de la Nouvelle Vague aux Etats-Unis, a proposé à François Truffaut de réaliser Bonnie and Clyde, puis que ce dernier a soumis le projet à Jean-Luc Godard.
Un scénario “parfait” pour Truffaut
Scott reçoit un jour la première version du scénario, et, trouvant l’histoire captivante, écrit à Truffaut et lui indique “le scénario est parfait pour toi.” Elle continue : “Ma première réaction a été de penser qu’il est trop américain pour être réalisé par toi, mais les nombreuses nuances qui s’y prêtent vont si bien à ton talent que cela m’a fait changer d’avis.”
IndieWire explique également que la scénariste Eleanor Wright-Jones, qui a signé la première version, était emballée à l’idée que Truffaut soit à la réalisation et a souhaité que le cinéaste ait un contrôle artistique total sur le film. Après avoir lu le scénario, traduit en français par sa monteuse Claudine Bouché, Truffaut indique être d’accord pour être le réalisateur du fim, mais décline finalement au profit de l’adaptation de Fahrenheit 451, de Ray Bradbury, qui sortira en 1966.
Mais Truffaut ne laisse pas son amie et collaboratrice repartir bredouille et propose à Eleanor Wright-Jones de collaborer avec Jean-Luc Godard, en lui écrivant : “J’ai pris la liberté de le faire lire à mon ami Jean-Luc Godard et lui aussi a beaucoup aimé le scénario. Il fait beaucoup plus de films que moi car il est très rapide à tous les stades : préparation, tournage, touches finales. Je ne sais pas si vous aimeriez qu’il réalise ce film. Je suis convaincu qu’il serait l’homme parfait pour ce travail. Il parle couramment l’anglais et il pourrait vous faire une sorte d’A bout de souffle américain”.
“Je vous parle de cinéma et vous me parlez de temps”
Godard rencontre alors Robert Benton, le co-scénariste du film, ainsi que l’un des producteurs, mais lorsque l’un de ces derniers lui demande : “Savez-vous que le film doit être tourné cet été ?”, Godard, désirant tourner le film en hiver, se lève et répond : “Je vous parle de cinéma et vous me parlez de temps”. Une réponse cinglante qui mettra un terme à une potentielle collaboration avec le cinéaste français.
C’est donc Arthur Penn qui réalisera Bonnie and Clyde, avec le succès qu’on lui connaît. Road movie sous forme de fugue de deux gangsters amoureux, le film aura un énorme impact sur la culture cinématographique américaine et deviendra un classique du genre. Godard lui-même admettra à Truffaut que, “de tous les scénarios qu'[il] a refusés ces cinq dernières années, ‘Bonnie and Clyde’est de loin le meilleur”.
L’article complet d’Indiewire est à découvrir ici. L’amie américaine, de Serge Toubiana, paraît aujourd’hui en librairie.
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