Le président de l’exécutif européen, José-Manuel Barroso, frustré par le retrait de l’audiovisuel des négociations de libre-échange, s’est lâché, lundi 17 juin , dans une interview à l’ »International Herald Tribune ». Et a provoqué une déflagration politique.
Il y a eu les noms d’oiseaux. « Un homme cynique, malhonnête et méprisant », selon 500 artistes signataires d’une lettre ouverte, voire même « dangereux » pour le réalisateur Costa Gavras.
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Puis il y a eu la défaite politique. José Manuel Barroso, à la tête de l’Union européenne depuis une décennie, a, ces deniers temps, de quoi être las.
Lundi, après la menace de veto brandie par la France, la décision unanime (condition obligatoire) des vingt-sept de retirer l’audiovisuel de la zone de commerce libre négociée avec Washington, José Manuel Barroso s’est donc mis en tête d’outre-passer sa fonction et de dire le fond sa pensée ultralibérale.
Une gauche française rétrograde
« Je ne veux pas croire que le président de la Commission européenne ait pu tenir des propos sur la France qui seraient ainsi formulés« , a tout d’abord réagit François Hollande avant de prendre son téléphone.
José Manuel Barroso, premier représentant de l’Europe, a provoqué un tollé en critiquant la décision prise vendredi par les Etat membres au nom de l’exception culturelle, dans un entretien publié au International Herald Tribune. Il compare, au passage, la position française à « un programme antimondialisation qu[’il] considère comme totalement réactionnaire ».
« Certains [de ceux qui défendent l’exception culturelle] disent être de gauche mais ils sont en fait extrêmement réactionnaires », a-t-il ajouté.
Des propos qui lui valent d’être contredit jusque dans ses rangs: « Quand on défend la diversité culturelle, on n’est pas réactionnaire, on est dans un combat d’avenir », s’est empressé de répondre Michel Barnier, ancien ministre UMP et commissaire européen chargé du marché intérieur.
Mauvais joueur
Au-delà de cette divergence de point de vue, Barroso et son commissaire au commerce, Karel De Gucht, ne semblent pas prêts à accepter un libre échange au rabais face aux Américains: Ils affirment que le package de l’audiovisuel pourrait, à tout moment, revenir sur la table de négoce, sans consultations et malgré le refus des vingt-sept. Il suffirait, lors des pourparlers, que la commission exerce son droit d’initiative.
La France dément et maintient que seule une décision unanime des vingt-sept est autorisé pour l’ajout de mandat de négociation additionnel.
La question de l’exception culturelle concerne un ensemble de lois chargées de protéger la diversité de la création, comme des quotas de diffusion ou des obligations de financements par les chaînes de télévision. Devenue éminemment politique de part la mobilisation qu’elle a soulevée, ce n’est qu’une petite partie des tractations cruciales qui doivent se dessiner d’ici deux ans entre l’Europe et les États-Unis.
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