Adapté d’un roman graphique culte, un vaudeville politique un peu pataud.
Si ce n’est pas la seule incursion de Tavernier dans les coulisses
du pouvoir, puisque dans Que la fête commence (1975) il a montré les dessous de la cour du Régent, Quai d’Orsay est sans doute son premier essai de comédie pure : l’adaptation d’une BD à succès de Christophe Blain et Antonin Baudry. Ce dernier puisant dans son expérience de conseiller de Dominique de Villepin aux Affaires étrangères – le personnage campé par Thierry Lhermitte s’inspirant clairement du hussard de Chirac.
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Le film narre l’arrivée d’un jeune plumitif chargé des discours du ministre. Du début à la fin, il planche sur la déclaration retentissante de Villepin à l’ONU en février 2003 où la France désavoua les visées guerrières des Etats-Unis sur l’Irak.
Le film ne manque pas d’habileté satirique. Si Lhermitte n’y va pas avec le dos de la cuiller en pétulant comme un diable, Niels Arestrup marque des points en éminence grise mielleuse. Le problème, c’est qu’un film n’est pas une BD. Ce qui se traduit graphiquement ne fonctionne pas toujours au cinéma (comme le gimmick inutile des papiers s’envolant dans le sillage du ministre).
Rivé aux dialogues, Tavernier invente le vaudeville politique ; une sitcom qui ne soutient pas la comparaison avec des films proches comme L’Exercice de l’Etat (2011) de Pierre Schoeller, moins précis sur la vie ministérielle mais bien plus riche cinématographiquement, ou In the Loop (2009), satire au vitriol des mœurs politiques, traitant la même période et le même contexte (la crise irakienne) vus du camp british.
Les quelques efforts de Tavernier pour aérer sa farce plan-plan tombent à plat. Enfin, en matière de comédie sur les ridicules de la diplomatie, on conseillerait plutôt l’adaptation du Front russe, roman croustillant de Jean-Claude Lalumière.
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