Après la scène porno des Idiots, Lars von Trier lance Pussy Power, une production de X selon des dogmes très danois. La nouvelle a fait grand bruit il y a quelques semaines : Zentropa, la boîte de production danoise de Lars von Trier, lançait Pussy Power, un département consacré aux films pornos. A Copenhague, on […]
Après la scène porno des Idiots, Lars von Trier lance Pussy Power, une production de X selon des dogmes très danois. La nouvelle a fait grand bruit il y a quelques semaines : Zentropa, la boîte de production danoise de Lars von Trier, lançait Pussy Power, un département consacré aux films pornos. A Copenhague, on confirme : Peter Aalbæk-Jensen, l’associé de Lars, dirige cette filiale avec une femme, Lene Borjlum. La présence de cette dernière est significative puisque, comme son nom l’indique, le principe de Pussy Power est de proposer une autre pornographie : pas seulement le regard masculin, c’est-à-dire souvent machiste, mais aussi le point de vue des femmes.
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La méthode ? Avant le tournage, les scénarios sont soumis à une commission de consultation constituée d’une sexologue, d’une rédactrice en chef de magazine féminin, d’une actrice porno, d’une journaliste de magazine masculin, d’une productrice de films érotiques dans les années 70 et d’une mère de famille ! Elles ont établi une sorte de charte récapitulant ce que les femmes veulent voir et ne pas voir dans les films pornos. Après Dogma 95, c’est la Charte Pussy Power 98.
Les Danoises veulent-elles en voir plus ou moins que les Danois ? Selon Lene Borjlum, « les femmes peuvent tout voir, mais elles veulent surtout que les personnages féminins aiment ce qu’ils font, désirent ce qui leur arrive. Dans les films pornos traditionnels, l’homme est toujours dominateur et la femme soumise. Je crois que les spectatrices en ont marre de voir les hommes décider de ce qui va faire jouir les femmes. C’est une question de point de vue. Si par exemple il y a une scène de viol, il faudra explicitement que ce soit le fantasme du personnage féminin. » Lene Borjlum poursuit : « Nous avons la chance de ne pas subir une censure trop lourde ici au Danemark : profitons-en ! Cela nous permettra peut-être de briser l’un des derniers tabous : montrer que les femmes aiment ça. »
Les réalisateurs seront indifféremment des hommes ou des femmes. Lars von Trier, le père tutélaire du projet, qui a lui-même introduit une scène pornographique dans ses Idiots, a manifesté le désir d’en tourner un. Lene le reconnaît : l’ambition est de faire des films qui tiennent la route artistiquement. Les équipes seront constituées des meilleurs professionnels danois, y compris ceux qui bossent traditionnellement avec Zentropa. Seuls les acteurs principaux seront issus du milieu porno, de toute façon très réduit au Danemark. Les distributions intégreront donc des acteurs classiques dans des rôles secondaires.
Il y aura une version soft et une version hard de chaque film. Selon toute vraisemblance, la version soft sera vendue aux télés et l’autre réservée au circuit vidéo. C’est pourquoi le premier tournage qui démarre cet été aura lieu en Digital Bétacam, le metteur en scène pouvant ensuite éventuellement gonfler le format pour les salles. Mais quel metteur en scène, au fait ? Pour l’instant, Pussy Power garde le secret. Selon Lene, il s’agit « d’un réalisateur danois issu du circuit traditionnel, mais je ne crois pas qu’il soit connu jusqu’en France ». Sûre d’elle artistiquement, elle l’est moins économiquement : « Nous n’avons pas idée de la taille réelle du marché pour ce genre de films, mais depuis que l’existence de Pussy Power a été annoncée officiellement, je sais que les vidéo-clubs danois ont été assaillis de demandes ! »
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