Le double périple d’un enfant né sous X et d’une mère candidate à l’adoption. Une odyssée intimiste sans être larmoyante.
“Pupille” est le nom donné aux enfants confiésà leur naissance aux services d’adoption.Se met alors en place une procédure compliquée, au terme de laquelle le nourrisson trouverasa nouvelle famille. De l’autre côté de ce périple administratif, il y a les parents adoptifs qui attendent longtemps, souvent plusieurs années, avant de pouvoir accueillir le petit orphelin qui deviendra leur enfant.
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Le point fort de Pupille – second film après Elle l’adore en 2014 d’une réalisatrice née de parents connus (Miou-Miou et Julien Clerc) –, c’est sa construction, qui suit en parallèle les deux temporalités, celles de la future mère et du nourrisson. A l’attente angoissée de la première répond ainsi l’intranquillité du nouveau-né, soit une aphasie anormale, au point qu’un suspense réel se noue autour de ces deux solitudes en manque d’affection. Bien avant que ces deux-là se trouvent, il faut compter avec une série d’étapes qui auraient pu s’échouer en une litanie de séquences modèles et fastidieuses, mais donnent vie au contraire, à ces entretiens entre intéressés et acteurs sociaux, entre sauvetage collectif et limites d’un système.
Car Pupille n’est pas un documentaire, mais bien une fable avec ses miracles et ses retournements, grâce au scénario, jamais fumeux et très écrit, et plus encore à ses comédiens, tous très inspirés : dans le rôle du tuteur provisoire, Gilles Lellouche est formidable en papa poule à rebours des clichés sur la virilité ; Kiberlain surjoue habilement l’assistante pudique et désinvolte ; et Elodie Bouchez, actrice revenante, ne se départ jamais d’une intense fragilité. Jouant avec ces fils entremêlés de la filiation, Jeanne Herry situe son film entre hasard, biologie et élection, sans jamais tomber dans le verrouillage idéologique, ce qui n’est pas le moindre de ses mérites.
Pupille de Jeanne Herry (Fr., 2018, 1 h 47)
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