Ce remake de Psychose est au mieux une erreur, au pire un blasphème.
Que Gus Van Sant se soit lancé dans ce projet absurde par admiration pour Hitchcock ou pour payer ses impôts importe finalement assez peu. Qu’il soit le fruit du désir sincère de « recréation » d’un film de chevet ou l’entreprise cynique d’Universal qui se paie un « auteur » pour la production d’une pâle photocopie couleur, ce remake de Psychose est au mieux une erreur, au pire un blasphème.
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C’est en tout cas une épreuve qui ne satisfera personne : ni le jeune ignorant l’original qui trouvera le film lent et vieillot (« Ce fameux Psychose, ce n’était donc que ça ? Je préfère Scream ! », deux baffes !), ni son vieil admirateur qui ne pourra que se lamenter devant tant de bêtise prétentieuse, ni même le postmoderne plein de bonne volonté qui ne demandait qu’à délirer sur un objet qui aurait pu être étrange. Mais pour être seulement intéressant, au moins d’un point de vue théorique, il aurait fallu que le film soit une lecture (pour ça, mieux vaut retourner à la case De Palma ou aux programmations expérimentales du Jeu de Paume), ou bien un vrai décalque couleurs de l’original (comme alternative commerciale lourde de significations à l’affreuse colorisation, puisqu’il paraît que plus personne ne peut souffrir le noir et blanc).
Le cul entre les deux options, Van Sant a opté pour la copie trafiquée à l’explicite, insistant lourdement là où Hitchcock se contentait de suggérer, « améliorant » les visions hitchcockiennes par l’emploi de nouveaux procédés techniques et introduisant quelques touches « personnelles » qui ne font qu’épaissir et affadir la violence sèche de Psychose, le seul, le vrai. C’est ainsi qu’on entendra des râles amoureux lors de la scène d’ouverture, qu’on apercevra les fesses de Viggo Mortensen et celles d’Anne Heche, que Norman Bates se branlera en matant Marion Crane et que quelques images mentales (genre vie-qui-défile-sur-un-mode-aléatoire, vachement moderne) viendront s’ajouter au meurtre d’Arbogast.
Aussi peu inspiré quand il ose refaire à l’identique (mais pour beaucoup plus cher et avec des acteurs beaucoup moins bons) que quand il ose modifier des détails, Van Sant parvient même à massacrer la scène de la douche et le final avec la momie, changeant insidieusement leur rythme, rallongeant la bagarre entre Loomis et Bates, et rajoutant des inserts superflus sur des accessoires « gothisés » à la Freddy. Tout ça est complètement con.
Frédéric Bonnaud
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