Un film noir oublié qui glisse inexorablement de la sensualité à la violence…
Deux petites frappes suivent une jolie blonde en voiture de sport, puis s’installent dans une maison voisine de la sienne. Ce thriller oublié du créateur de la série Au-delà du réel est un film de série B tendu et sans fioritures. Sorti comme Psychose en 1960, il n’eut pas le même impact malgré son climat trouble et sensuel, mais en partage des thèmes : voyeurisme, obsession du corps féminin, homosexualité latente et/ou impuissance.
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Son propos est également politique : les voyous retournent l’adage de Proudhon “la propriété c’est le vol” en s’emparant de la trophy wife d’un bourgeois borné. En sus de sa satire voyeuriste du spectacle télévisuel (les deux hommes s’installent dans un canapé pour mater la blonde de leur fenêtre), la réussite de ce film au dispositif ultrasimple tient à son irrésistible glissement vers la violence.
Contrairement aux nombreux films d’intrusion qui l’ont suivi, Propriété privée vire lentement à la folie, passant du badinage ligne claire au chaos cauchemardesque. Cette gradation et ce déraillement final font la beauté du film. Comment on passe de l’attirance à la séduction, et de là à la pulsion de mort, exutoire du refoulé.
Propriété privée de Leslie Stevens avec Warren Oates (E.-U., 1960, 1 h 17, reprise)
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