Exhumation d’un conte charmant doublé d’une réflexion ludique sur l’acte de raconter.
C’est entre deux de ses plus gros succès, Stand by Me (1986) et Quand Harry rencontre Sally (1989), que Rob Reiner entreprend ce conte à la lisière du film pour enfants et de l’heroic fantasy, dans une économie proche de la série B. Injustement méconnu, Princess Bride est une petite merveille d’ironie et de malice. Les amours d’une princesse et d’un valet de ferme devenu un redouté pirate s’y entrelacent, dans un procédé postmoderne à la Calvino, à la lecture de ce conte par un grand-père facétieux à son petit-fils, qui méprise les livres au profit des jeux vidéo, et passe progressivement de la méfiance à l’enchantement. Sans se la jouer plus théorique qu’il ne le peut, le film réfléchit néanmoins avec adresse sur l’attente d’un spectateur, le jeu de tout récit avec les conventions et la nature chimique de ce plaisir mystérieux, celui de s’entendre raconter une histoire.