Passable passage au grand écran d’un classique du jeu d’aventure, qui s’essouffle bien vite.
Difficile aujourd’hui d’aller voir une adaptation de jeu vidéo sans un fond de méfiance. A moins d’occulter les nombreux ratés issus de franchises jetées en pâture aux studios, lesquels ne savent généralement trop comment transmuter le joujou racheté en synopsis exploitable.
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Souffrent en particulier, les jeux tirant leur succès d’un gameplay conceptuel plutôt que d’une dramaturgie bien ficelée: la plupart des scénaristes s’entêtent à importer un génie purement vidéoludique au sein d’intrigues cinématographiques bricolées vaille que vaille « dans l’esprit du jeu ». Prince of Persia est sans doute de ceux-là.
Ainsi, dans une Perse médiévale barbouillée de teintes brunes ou sépias, où l’on ponctue ses montées à cheval d’un salto avant et où le moindre sujet armé est un maître ninja qui s’ignore, un prince tête brulée combat les renégats qui ont assassiné son père. Parmi eux, son propre Oncle, le Vizir, qui cherche à s’emparer d’une dague permettant à qui l’utilise de modifier le cours du temps.
Ce principe laborieux de voyage temporel, hérité de la troisième aventure qui reboosta la série en 2003, est traité avec peu de relief et beaucoup de lourdeur. Le fantastique est non seulement très explicatif, mais il est sursignifié par des effets spéciaux criards et franchement paresseux. Les pistes induites par les aller et retours dans le passé deviennent vite glissantes, et évitent soigneusement les brouillements et les tours de force narratifs qui font généralement la saveur des récits de voyage dans le temps.
Le moteur même de l’intrigue achève donc de noyer une narration déjà mal soutenue par des acrobaties kitschs et des mouvements de cadre putassiers, touts en zooms et en ralentis navrants. Un sacré barouf efficace à tiers-temps, que ni Ben Kingsley ni Alfred Molina (pourtant amusant en brigand des dunes et ami des autruches) ne parviennent à sublimer.
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