La date est connue: 28 décembre 1895, première séance publique – et payante, donc – de dix films réalisés par Louis et Auguste Lumière. Si l’on parle de “films”, on devrait plutôt employer le terme de “vues”. Car ce qui semble aujourd’hui admis comme naturel dans la production d’un film (le scénario, le montage, le […]
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La date est connue: 28 décembre 1895, première séance publique – et payante, donc – de dix films réalisés par Louis et Auguste Lumière. Si l’on parle de “films”, on devrait plutôt employer le terme de « vues ». Car ce qui semble aujourd’hui admis comme naturel dans la production d’un film (le scénario, le montage, le placement de la caméra et même juste le choix de quand la démarrer) ne l’est pas en cette fin de XIXe siècle. En tournant, les frères Lumière, et les opérateurs suivant leurs directives à travers le monde, inventent le médium cinématographique et ce qui deviendra des habitudes de tournage, et explorent les possibilités du cinéma, comme celle de déconstruire le temps: dans « Démolition d’un mur », Louis Lumière en directeur des travaux dirige un ouvrier, dont le mouvement de manivelle évoque celui de la caméra qui tourne en même temps, dans l’abattage d’un mur, celui des perspectives temporelles occidentales chronologiques.
Si Thierry Frémaux, réalisateur du film et délégué général du festival de Cannes, accompagne ce montage de vues d’un commentaire didactique, permettant de mieux appréhender l’ampleur de ce qui se joue dans ces captures de temps à plan unique, l’émotion de les voir projetées sur grand écran l’emporte sans doute, bien qu’un train arrivant en gare ne nous fasse presque plus le même effet qu’aux spectateurs d’antan.
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