Amy Adams parle aux extraterrestres dans une SF rêveuse, par le transfuge québecois en charge de la suite de Blade Runner.
Stephen Hawking nous a prévenus : “Rencontrer une civilisation plus avancée que la nôtre à ce stade pourrait être équivalent à la rencontre entre les Indiens d’Amérique et Christophe Colomb : on ne peut pas dire que les premiers s’en soient mieux portés.”
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Tandis que de belliqueux aliens ont à nouveau tenté d’envahir la Terre cet été dans Independence Day 2, Denis Villeneuve propose ici sa vision (adaptée d’une nouvelle de l’écrivain américain Ted Chiang) d’un “premier contact” avec une civilisation extraterrestre.
Une femme opiniâtre aux prises avec une hiérarchie masculine obtuse
Douze monolithes d’albâtre se tiennent, immobiles, silencieux et en lévitation, en douze points du globe ; dans celui stationné au Montana, sont envoyés une linguiste (Amy Adams) et un physicien (Jeremy Renner), chaperonnés par des militaires (Forrest Whitaker et le toujours excellent Michael Stuhlbarg), afin d’entrer en contact avec les maîtres des lieux, des sortes de Cthulhu bienveillants au design particulièrement réussi, et de décrypter leur langage, exprimé sous la forme de jets d’encre circulaires.
Premier contact présente la même situation dramatique que Sicario, le précédent long métrage de Villeneuve : une femme opiniâtre, aux prises avec une hiérarchie masculine obtuse, tentant d’empêcher un irrésistible déferlement de violence. Mais c’est un film plus doux, moins tonitruant qu’à l’habitude du cinéaste, tout entier suspendu au regard fasciné de son héroïne, qu’il parvient à faire nôtre.
Le cinéaste parvient à donner corps à des réflexions assez abstraites
Amy Adams, dont le jeu parfois compassé avait fini par nous lasser, est ici irréprochable. Entre François Truffaut dans Rencontres du troisième type et Jodie Foster dans Contact, elle trace une ligne d’intelligence à laquelle la mise en scène de Villeneuve, sobre et élégante, répond parfaitement. Le cinéaste, exalté plutôt que bridé par la faiblesse de son budget (50 millions, une peccadille pour un film de SF aussi beau), parvient ainsi à donner corps à des réflexions assez abstraites.
Si Premier contact est d’abord un film sur le langage, que Noam Chomsky ne renierait pas, il se révèle également, dans un dernier acte étourdissant quoiqu’un peu bâclé – pour une fois, une demi-heure supplémentaire n’aurait pas été superflue –, une méditation sur le temps et son irréversibilité. Ce que l’homme, contraint par sa structure de pensée et par son expérience linéaire du temps, ne peut, le cinéma, lui, en est parfaitement capable.
Et bien que ce repli final de la grande fresque politique sur le drame intime ne fonctionne pas complètement, il permet de fonder les plus grands espoirs pour la suite de Blade Runner, confiée à Villeneuve et prévue pour la fin de l’année prochaine.
Premier contact de Denis Villeneuve (E.-U., 2016, 1 h 56)
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