Les angoisses d’un trentenaire à la veile de son mariage dans une comédie fantasque emportée par un Benjamin Biolay charmeur.
C ’est un film où on entre par la petite fenêtre de côté plutôt que par la grande porte centrale. Un film où on est d’abord un peu perdu, privé des repères habituels et confortables d’une narration classique.
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Sensation d’égarement plutôt agréable. On s’accroche comme on peut, à Benjamin Biolay par exemple, son côté trentenaire branleur fêtard mal réveillé, sa dégaine mal peignée juste comme il faut, sa cinégénie évidente.
Mais on est aussi paumé que lui quand il part accueillir à l’aéroport une bande de bonshommes qui parlent un dialecte inconnu. Oncles ? Amis d’amis ? Relations d’affaires plus ou moins chelou ? Tout ce beau monde débarque chez sa mère (ou est-ce sa future belle-mère ?), où règne un beau bordel, où ça va et vient dans tous les sens, où ça s’agite et parle toutes les langues sauf celles qu’on connaît…
Petit à petit, les situations prennent forme, on comprend que Biolay va se marier, que sa belle-famille diasporique atterrit du monde entier, et que notre adulte-enfant-glandeur est quelque peu indécis à quelques encablures de ce qui est censé être le plus beau jour de sa vie.
Alors, il tente de se rassurer auprès de sa sœur (épatante Emmanuelle Devos en énervée drolatique), de sa mère (excellente Nicole Garcia avec sa voix enfumée), de ses potes (très bons aussi, Eric Lartigau en tête) et même d’une amante occasionelle.
Pourquoi tu pleures ? sonde l’indécision face aux grandes étapes d’une vie, la difficulté de grandir, le chaos des relations familiales. Filmant le désordre comme principe vital, Katia Lewkowicz en fait aussi un principe d’écriture et de mise en scène, misant avant tout sur la puissance de ses acteurs et la dimension physique d’une réalisation leur collant au corps, progressant par une suite de situations implosives ou explosives plutôt que par un récit bien déplié.
Intentions qui sont peut-être parfois un poil trop calculées, évidentes, visibles dans la trame du film, comme un désordre que l’on sentirait trop bien ordonné.
Malgré cette réserve, on est embarqué par l’énergie du film, conquis par son humour à rebrousse-poil (on rit parfois beaucoup), séduit par son esprit fantasque et babélien. Comédienne d’origine, Katia Lewkowicz réussit son passage de l’autre côté du miroir.
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