Dans ce film diffusé sur BrutX et en salles, l’ex-rappeuse se livre dans un touchant témoignage, malheureusement restitué dans un documentaire de bien mauvaise facture.
C’est dans une petite salle du Palais des festivals chauffée à blanc par les fans que s’est déroulée la projection cannoise de Salam, film de Mélanie Georgiades alias Diam’s, coréalisé avec Houda Benyamina et Anne Cissé et prochainement diffusé en salles et sur la plateforme BrutX. L’ex-rappeuse avait promis d’y délivrer, avec ses mots et ses images, sa vérité.
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Si elle innerve tout le documentaire, la vie qu’elle menait avant sa conversion à l’Islam et son retrait du monde de la musique est compressée dans les premières minutes du film. On ne verra même aucune image de la chanteuse (pas plus qu’on y entendra un de ses titres) avant qu’elle ne décide de porter le jilbab. Mélanie Georgiades a choisi de garder comme principale trace de cette période la grave dépression qu’elle traversait au faîte de sa gloire et surtout le remède qui lui a permis d’en sortir : la rencontre avec la foi musulmane.
Mais la bifurcation que donne la religion au film est inattendue. Loin de plonger dans les principes du Coran ou d’oser un commentaire sur la France d’aujourd’hui, Salam se déploie plutôt comme une sorte de long clip pour la chaîne National Geographic, avec l’ex-rappeuse marchant au milieu des dauphins et des girafes, avant de se conclure sur un spot publicitaire pour l’association d’aide aux orphelin·es qu’elle a créée. Ces plans célébrant une vie faite d’harmonie enfin trouvée et d’œuvres de charité sont entrecoupés d’entretiens avec elle et ses proches, qui sont plus intéressants. Ces dernier·ères sont filmé·es de façon à ce qu’on ne voie que leur visage, le reste du corps plongé dans l’ombre, comme s’iels portaient tous le même habit que Mélanie Georgiades.
Ode à la paix
Cependant, le film échappe au prosélytisme. Il raconte avant tout le bonheur actuel de Diam’s et la cicatrice encore ouverte que représente sa rupture avec ses fans. Si, sur le mode du slam, l’interprète de La Boulette et Marine montre aussi qu’elle n’a rien perdu de son talent pour toucher le cœur des gens et partager son vécu, on attendait plus de Salam, notamment sur la question de la montée de l’extrême droite en France et dans le monde. A ce sujet, Mélanie n’a rien à dire, si ce n’est prôner une ode à la paix façon clip pour l’Unicef. Au final, Salam n’a pas la prétention d’être autre chose qu’un feel-good documentaire d’assez mauvaise facture.
Salam réalisé par Diam’s, Houda Benyamina & Anne Cissé. Avec Diam’s. Sortie au cinéma les 1er et 2 juillet 2022, puis disponible sur BrutX à la rentrée.
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