Ce très beau film franco-russe d’Igor Minaiev, sorti en 1994, revient en salle dans une version restaurée.
Cette adaptation franco-russe du roman du grand écrivain Evgueni Zamiatine (1884-1937) est d’abord un beau film et un film beau : la photo de Vladimir Pankov est splendide, les cadres très composés d’Igor Minaiev, le réalisateur, sont somptueux, la musique déchirante d’Anatoli Dergatchev est majestueuse.
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Petrograd (Saint Pétersbourg) dans les années 20. Sophia (Isabelle Huppert) est très éprise de Trofim, son mari, ouvrier d’usine baraqué. Mais le couple ne parvient pas à avoir un enfant. Elle n’en dort pas la nuit, torturée par la culpabilité. Les fumées, au dehors, les rideaux, dans leur petit appartement en rez-de-chaussée, dessinent des ombres chinoises sur les murs et sur le visage triste de Sophia.
Le menuisier du quartier meurt et laisse une adolescente seule, Ganka. Sophia se dit qu’elle pourrait être un peu leur fille. Trofim accepte. Seulement, un jour, Sophia les surprend en train de faire l’amour. Elle s’écroule. Bientôt, une tempête s’abat sur Petrograd et la ville est inondée. Sophia va elle aussi être inondée de haine, et deviendra mère au prix du sang.
Rendre expressives les lumières et les ombres
L’Inondation est un film romanesque, cruel, avec des tonalités parfois fantastiques. Isabelle Huppert y trouve l’un des ses plus beaux rôles (et dieu sait qu’il y en a dans sa filmographie). Ah, ce dernier plan sur elle !
Tout le travail de cinéaste de Minaiev semble consister à rendre expressives les lumières et les ombres, à les transformer en reflets des âmes des humains, qui eux ne sont pas très doués pour la parole et s’expriment très peu (L’Inondation pourrait être un film muet). C’est en cela que ce film de 1994, un peu oublié, mérite amplement d’être redécouvert.
L’Inondation, d’Igor Minaiev, nouvelle version restaurée, en salle le 28 février
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