Jack Nicholson offre son corps marqué par les ans et son jeu de sourcils légendaire à un personnage d’écrivain perclus de phobies. Drôle et émouvant.
Melvin Udall (Nicholson) est handicapé par ses phobies : il utilise plusieurs savons neufs pour se laver les mains, apporte ses propres couverts
en plastique au restaurant, etc. Sa vie serait un enfer total s’il n’avait fait fortune en écrivant des romans à l’eau de rose qui se vendent comme des petits pains et lui permettent d’habiter un appartement très chic de Manhattan, où il vit un peu comme dans un château fort ou un abri anti-atomique. C’est que pour trouver un certain équilibre, son existence a besoin d’être très organisée. Il se rend par exemple tous les jours dans le même restaurant et ne supporte pas d’être servi par une autre serveuse que Carol (Helen Hunt). Pour se protéger du monde extérieur, Melvin a deux armes très efficaces : la misanthropie et surtout la méchanceté, qui l’empêchent
de se laisser glisser sur le parquet de la sentimentalité (ça peut faire mal) et font fuir les plus vaillants. Tout ceci est mis en scène par James L. Brooks qui, peut-être sans grand génie mais avec un sens du détail évident, parvient à faire durer les scènes assez longtemps pour faire monter la pression, pousser les personnages dans leurs retranchements et leur faire dire ce qu’ils cachent. Il y a des choses surprenantes et cruelles dans Pour le pire…, comme cette scène où Carol lit à Melvin de vive voix la lettre de remerciements qu’elle lui a écrite et qu’il refuse de lire. Et Nicholson parvient à renouveler son rôle fétiche de timbré en y apportant de la maturité, cette chose qui engage le corps de l’acteur et le révèle tel qu’il est : marqué par
les ans.
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