Kevin Costner s’obstine à vouloir incarner le héros américain modèle. Une telle ambition n’évite pas la grandiloquence, comme en témoigne Postman, apogée de ce volontarisme pompier qui anime Costner de façon maladroite. On en vient même à s’étonner qu’un projet aussi aberrant ait pu voir le jour sans que personne ne soit parvenu à dissuader […]
Kevin Costner s’obstine à vouloir incarner le héros américain modèle. Une telle ambition n’évite pas la grandiloquence, comme en témoigne Postman, apogée de ce volontarisme pompier qui anime Costner de façon maladroite. On en vient même à s’étonner qu’un projet aussi aberrant ait pu voir le jour sans que personne ne soit parvenu à dissuader star et producteur. Par son sujet et son esthétisme, Postman ressemble à s’y méprendre à un monstrueux croisement entre les précédentes superproductions de Costner, Danse avec les loups et Waterworld, premier indice d’un sérieux problème de renouvellement et d’imagination. Après une guerre mondiale apocalyptique qui a ravagé nos structures sociales et politiques, les rares survivants se terrent dans des hameaux isolés les uns des autres, tandis qu’une secte de militaires fanatiques fait régner la terreur et prêche l’obscurantisme. Un vagabond vole une nuit la défroque d’un squelette de facteur pour ne pas mourir de froid, et parvient grâce à cette imposture improvisée à se faire passer pour un employé des postes distribuant le courrier avec quinze ans de retard. Ses nouvelles fonctions ne vont pas tarder à le transformer en symbole d’une renaissance probable de l’unité perdue de l’Amérique. Si Costner aime son pays, il le sert bien mal. Postman est un terrible ratage et on a rarement vu comédien-réalisateur se couvrir de ridicule avec autant de conviction. Le spectateur écrasé d’ennui par trois heures de molles cavalcades et de dialogues enflés ne sort de sa torpeur qu’à l’occasion de scènes involontairement drôles : Costner chevauchant au ralenti pour saisir une lettre (!). La même scène reproduite en statue (!!) à la fin du film, lorsque trente ans plus tard la fille de Costner inaugure un mémorial dédié à son père. Le plus impardonnable dans cette bouillie écolo-sulpicienne concerne l’héritage autoproclamé de John Ford, déjà abusivement évoqué à la sortie du surestimé Danse avec les loups. Le trip du retour à la nature et le goût du postier pour les discours à la gloire des Etats-Unis, sans parler de la laideur de la mise en scène et des acteurs qui jouent tous comme des patates n’ont définitivement rien à voir avec le cinéaste de Seven women, un vrai grand film sur la communauté et la barbarie.
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